Louis Derrac

Éducation et culture numérique

  • Dé-surveiller : peut-on contrer l’accélération technologique ? | InternetActu.net
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    La phrase puissante de la fin, je la mets au début :

    Il n’y a pas vraiment d’antonyme à la surveillance. Sans mots pour s’y opposer, on comprend qu’il soit donc difficile de nous en défaire.

    À l’espoir d’un « Green New Deal » a succédé le risque d’une bascule numérique, un « Screen New Deal », constatait dès mai 2020 la journaliste et essayiste altermondialiste Naomi Klein (@NaomiAKlein) : c’est-à-dire un avenir sans contact et sans humain, un changement de nature de nos relations, instrumentées et armées par les technologies numériques

    Nous ne reviendrons pas aux guichets ou aux agences, notamment du fait des investissements réalisés. Les interfaces sont là pour durer. Qu’est-ce qui reviendra en présentiel et qu’est-ce qui n’y reviendra pas ? Nous voilà un peu plus enfermés Derrière les grilles des calculs, dans les retz d’une surveillance toujours plus étendue

    Couverture du livre d’Olivier TesquetLe risque, c’est que le numérique soit désormais orienté vers une « économie de la distanciation sociale », explique le journaliste à Télérama, spécialiste de l’analyse de la société de surveillance, Olivier Tesquet (@oliviertesquet), dans son dernier livre, court et tonique, État d’urgence technologique (Premier Parallèle, 2021). Il y rappelle avec force que la sécurité n’a rien à proposer à la société, hormis sa seule logique : toujours plus de sécurité, de surveillance et de répression au détriment de toutes autres réponses à nos difficultés. À l’heure où la santé devient la première des sécurités, le risque est qu’avec elle, toutes nos constructions sociales (école, travail, déplacements..) basculent à leur tour dans l’idéologie mortifère de la seule sécurité.

    Reste que là où on le rejoindra, bien sûr, c’est que la surveillance a beau diffuser son virus, elle n’est un remède contre rien. StopAntiCovid ne soigne personne, pas plus que le passeport vaccinal qu’on nous annonce. Dans cette accoutumance sécuritaire, ce « continuum carcéral », la seule chose qu’on perd, c’est nos libertés ! La montée de la réponse sécuritaire, 12 mois plus tard, n’a fait bouger aucune ligne tant et si bien qu’on se retrouve à la même situation que l’année dernière face au virus, avec 100 000 morts de plus et une crise économique qui couve. Les pare-feu de la sécurité ne nous ont protégé de rien, surtout pas de la dépression généralisée que produit une télé-société. Le philosophe Jean-François Lyotard, qui en 1981 annonçait l’informatisation de la société, avait raison, rappelle Tesquet : la techno est en train de sauver le néolibéralisme de sa propre crise, mais pour nous mener nulle part !

    Constatons deux choses. Malgré une production pléthorique de lois, les béances de l’État de droit restent entières. Comme si la production de plus de droit ne produisait finalement pas de réponse effective. Voire, pire, comme si finalement ses béances étaient son mode de développement. Même constat quant à la production pléthorique de surveillance… Là encore, cette obsession ne produit rien d’autre qu’elle-même. La loi comme la surveillance ressemblent finalement beaucoup au technosolutionnisme, c’est-à-dire qu’elles produisent essentiellement leur propre solution : toujours plus de loi, de surveillance ou de technologie, sans motiver cette production de résultats effectifs. Comme si ces réponses ne cherchaient à produire finalement que leur propre accélération.

    #surveillance