"C’est comme si Gattières et Carros avaient disparu"... Installé près du volcan en éruption aux Canaries, un hôtelier laurentin témoigne

À la tête d’un établissement sur l’île de la Palma, Sébastien Boué a vu son quotidien bouleversé par la colère du Cumbre Vieja, le 19 septembre. Il raconte sa vie actuelle et celle des habitants.

Article réservé aux abonnés
Vivien Seiller Publié le 28/10/2021 à 09:00, mis à jour le 28/10/2021 à 10:13
Mégaphone en main, Sébastien Boué donne ses consignes aux clients tout juste rapatriés à Tenerife. Nice Matin Système

Une île complètement paralysée. Secouée de tous les côtés. Dans l’archipel des Canaries, la Palma vit au rythme du volcan Cumbre Vieja depuis le 19 septembre.

Ce jour-là, le "vieux sommet" espagnol a repris ses droits dans l’Atlantique. Il s’est réveillé. Impitoyable et imprévisible.

Originaire de Saint-Laurent-du-Var, Sébastien Boué fait partie des habitants frappés par cette "tragédie", comme il la définit.

Des touristes sans bagage

À la tête de l’hôtel Sol la Palma depuis janvier 2020, l’Azuréen de 40 ans s’est retrouvé dans l’urgence, le jour où tout a basculé. "Ça faisait dix jours qu’il y avait des tremblements de terre, rembobine l’ancien footballeur du stade laurentin au bout du fil. J’assistais aux réunions avec les autorités, on parlait de risques d’autres tremblements mais pas vraiment volcaniques. Quand le volcan est rentré en éruption, on a reçu l’ordre d’évacuer l’hôtel."

Cinq cents personnes, priées de plier bagage. Fissa. Pour ceux qui ont eu le temps d’embarquer quelques effets personnels. "On avait préparé sept autobus. Certains sont venus avec le strict minimum, sans papier et en maillot de bain. Il n’y avait pas tellement de risque que la lave atteigne l’établissement, mais plutôt qu’elle coupe les routes qui permettent de partir."

Heureusement, il n’y a pas eu de blessés

Les cendres ensevelissent les rues. La lave recouvre certains villages. L’habituelle carte postale s’assombrit. "Si on doit comparer à la région, c’est comme si Gattières et Carros avaient disparu, image Sébastien Boué. Il y a des gaz toxiques, c’est ennuyeux. C’est violent comme situation."

Staff et clients ont pu prendre la direction de l’île de Tenerife, mais il a fallu s’organiser pour trouver suffisamment de lits dans un premier temps. Seconde étape: rapatrier les touristes dans leurs pays respectifs. En France, en Allemagne ou encore en Belgique. "On a pu les loger dans deux hôtels de notre groupe. On les a ensuite aidés à rentrer chez eux, à changer les billets d’avion… Heureusement, il n’y a pas eu de blessés."

Eau de mer dessalée

Le rapatriement est aujourd’hui terminé, mais la situation à la Palma ne s’améliore pas. Le Cumbre Vieja ne semble pas faiblir. "De ce qu’on en sait, il y a un cratère principal mais aussi d’autres ouvertures où coule la lave."

Le gérant de l’hôtel est en sécurité: il dirige les affaires courantes à distance et se rend sur l’île dès que possible. Sur place, les habitants souffrent. "Il n’y a plus de canalisations d’eau, tout a sauté du côté ouest. Le gouvernement des Canaries nous a demandés si on pouvait collaborer, ils se sont branchés sur nos installations pour dessaler l’eau de mer."

Des solutions temporaires pour tenir le coup. Le phénomène, lui, dure désormais depuis près de quarante jours…

Le volcan de l’île de la Palma, aux Canaries, s’est réveillé le 19septembre. (DR).

Préparation de repas et appels aux dons

Après l’urgence, l’entraide

Inoccupé depuis le réveil du volcan, l’hôtel Sol la Palma a été vidé de ses denrées. "On a approvisionné la banque alimentaire", argumente Sébastien Boué. En sécurité, le manager de l’établissement et ses équipes travaillent pour tenter de soutenir les plus démunis. "Notre équipe de cuisine travaille avec une ONG. Chaque jour, 1500 repas sont acheminés vers les personnes dans le besoin".

Aider les villages durement touchés

Une forme de solidarité rendue possible par les dons, qu’ils soient alimentaires ou financiers. "On a lancé un appel pour essayer de verser des fonds aux différents villages touchés"
.
Une vidéo circule en ligne et appel également à la solidarité des Français. Son nom : "Tengo el corazon en la Palma", jeu de mots que l’on pourrait traduire par "J’ai le cœur sur la main".

À l’approche de l’été, les habitants de la Palma devraient quant à eux avoir une priorité sur les logements et les emplois saisonniers. Un coup de pouce envisageable si la situation rentre dans l’ordre d’ici-là…

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Nice-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.