Un plan de relance... et beaucoup d’attentes

Michel Lulek

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Un plan de relance... et beaucoup d’attentes

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Même s’il ne comporte pas de ligne spécifiquement dédiée, le plan de relance gouvernemental pour faire face à la crise comprend plusieurs opportunités pour les associations. Des aides à l’emploi sont également prévues. Pas suffisant cependant pour convaincre le monde associatif qui déplore l’absence de soutien global à la sauvegarde et au développement de la vie associative. 

Le Gouvernement Castex a fait la part plutôt belle aux associations avec deux secrétaires d’État. La première, Sarah El Haïry, bonne connaisseuse du secteur et issue du monde de l’ESS (elle travaillait dans une coopérative et fut déléguée d’une fondation d’entreprise), auteure d’un projet de loi visant à améliorer les trésoreries associatives et d’un rapport sur la philanthropie, est chargée de « la jeunesse et de l’engagement ».

La seconde, Olivia Grégoire, dont le parcours est beaucoup moins associatif et économie sociale (elle vient de la publicité, a fondé un cabinet de conseil en stratégie d’entreprise et s’affiche issue de la « droite libérale et constructive »), est chargée de l’économie sociale, solidaire et... responsable – façon d’élargir le champ d’un secteur dont les frontières deviennent de plus en plus floues.

Soutenir des secteurs du monde associatif

Leur premier exercice s’est appelé plan de relance. Un document de plus de 300 pages. Même s’il n’y a pas de mesure spécifiquement dédiée pour les associations, plusieurs lignes de crédit sont prévues pour soutenir des secteurs où le monde associatif est particulièrement actif.

Ainsi, sur les 2 milliards annoncés pour le secteur culturel (dont 220 millions d’euros pour le spectacle vivant privé et 206 millions d’euros pour le spectacle vivant subventionné) une partie concernera des structures associatives.

De même, sur les 6 milliards annoncés du « Plan massif d’investissement » dans les secteurs sanitaire et médico-social, 30 % concerneront des établissements relevant de l’ESS selon Olivia Grégoire qui applique une simple règle de trois pour faire ce calcul (2 200 Ehpad non lucratifs sur les 6 000 existant selon ses chiffres).

Idem pour le soutien au développement du numérique dans les entreprises, en particulier les très petites et moyennes.

D'autres opportunités pour les associations

D’autres opportunités se glissent dans plusieurs rubriques du plan. Ainsi, en soutien à l’économie circulaire, une aide financière est prévue pour le développement et la modernisation des ressourceries, dont 16 millions d’euros pour le « soutien direct au fonctionnement pour 2020 ». Et afin de lever toute ambiguïté, le plan de relance précise en toutes lettres que « les entreprises de l’économie sociale et solidaire seront éligibles de plein droit aux aides à l’investissement dans le domaine du réemploi ».

Dans le cadre de la « transition agricole », les circuits courts alimentaires, la transformation locale ou les actions de sensibilisation permettant de rapprocher producteurs et consommateurs (via en particulier les projets alimentaires territoriaux), les jardins partagés, l’agriculture urbaine ou l’accès à une alimentation locale solidaire font partie des éléments mis en avant. En témoigne la visite d’Olivia Grégoire à l’épicerie solidaire L’Éclaircie, à Arcueil (Val-de-Marne) à l’occasion de la signature de la charte nationale des épiceries sociales et solidaires qu’elle a effectuée  le 4 septembre avec Olivier Véran.

Notons également « un plan exceptionnel de soutien de 100 millions d’euros » pour permettre aux associations de lutte contre la pauvreté de déployer des actions spécifiques auprès des personnes précaires pour les aider à faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Un plan que les associations de solidarité estiment largement en dessous de l’urgence.

Aides à l’embauche

Plusieurs dispositifs de soutien à l’emploi sont à retenir comme les créations :

  • d’une aide de 4 000 euros pour l’embauche d’une personne en situation de handicap qui concernera les contrats conclus entre le 1er septembre 2020 et le 28 février 2021 ;
  • et d’une aide du même montant pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans.

Par ailleurs, afin d’atteindre l’objectif de création de 100 000 emplois supplémentaires au sein des structures d’insertion par l’activité économique (IAE), le plan mobilise 206 millions d’euros pour soutenir l’entrée de 35 000 jeunes en IAE en 2021.

Deux autres mesures concernent les associations sportives :

  • 3 000 places supplémentaires d’ici à 2022 dans le dispositif Sesame (qui permet d’accompagner les jeunes les plus défavorisés en vue d’un emploi dans les métiers du sport ou de l’animation) ;
  • et 2 500 emplois supplémentaires d’ici à 2022 favorisant la professionnalisation du mouvement sportif et l’encadrement de la pratique (10 000 euros par emploi en provenance du plan de relance fléchés vers les moins de 25 ans).

Retour des emplois aidés mais pas pour le secteur non-lucratif

Le plan annonce également le retour des emplois aidés sous forme de CUI-CIE... mais seulement dans le secteur marchand ! Avec un ciblage de 10 000 bénéficiaires en 2020 et 50 000 en 2021 et une prise en charge de l’État de 47 % du Smic. « Les CUI-CIE ont un effet positif sur l’emploi à court terme et bénéficient d’un taux élevé d’insertion en sortie », est-il précisé dans le plan de relance.

Bref, dans le privé, les emplois aidés ça marche, dans le non-lucratif ça ne marcherait pas... Preuve peut-être de la dimension sociale et insérante qu’avaient les emplois aidés dans les associations, tandis que, dans le secteur marchand, ils n’auraient en réalité qu’un effet d’aubaine en permettant seulement d’anticiper les recrutements...

Pour les associations, le Gouvernement persiste avec les PEC (parcours emploi compétences) en en rajoutant 60 000 pour atteindre 20 000 bénéficiaires en 2020, puis 80 000 en 2021. En faisant la promotion du plan de relance et en soulignant qu’ 1,3 milliard d’euros était ciblé sur l’ESS, Olivia Grégoire a lancé un appel : « Tenez-vous prêt, on va avoir besoin de vos projets. » Chiche ?

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