"Elle l’a rejoint…". L’amoureux délaissé envoie une balle à son rival

Il avait glissé une balle à l’intérieur du courrier adressé au nouveau prétendant, où il demandait des explications sur sa relation. Il a été condamné à quinze jours avec sursis.

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Jean-Marie Fiorucci Publié le 26/02/2021 à 09:45, mis à jour le 26/02/2021 à 09:59
"Après des échanges peu aimables sur Facebook, j'ai reçu ce courrier avec une cartouche à l’intérieur reçu sur mon lieu de travail." Photo Jean-François Ottonello

Des menaces de mort pour rivalité relationnelle autour d’une histoire d’amour ont été évoquées au tribunal correctionnel.

La corrélation avec la vision d’un juriste du XVIIe siècle, Thomas Corneille, s’impose pour appréhender cette attitude subversive. Car ce frère de Pierre est aussi l’auteur de tragédies propices à la perversion de l’amour. Une passion qu’il définit souvent contaminée par l’égoïsme, la manipulation, voire le crime!

Nous y voilà. Dans ce dossier, l’amant sincère, loin de s’inquiéter de l’immoralité de sa bien-aimée qui a renoncé à toute relation de couple avec lui, obéit, par vengeance ou dépit.

"J’ai eu très peur"

Il a l’intention de donner la mort quand il apprend qu’entre-temps la jeune fille a eu une relation sentimentale avec la victime.

On s’en doute, la galanterie ne peut guère s’imposer à ce niveau.

Le 2 octobre 2020, cet employé des Travaux Publics joint son rival par téléphone pour se retrouver sur un chemin…

A la demande de la présidente Françoise Barbier-Chassaing, le plaignant témoigne de son désarroi à l’égard de l’invitation. "Enseignant, j’ai eu très peur! Auparavant, on avait juste échangé des mots peu aimables sur Facebook. Puis il y a eu ce courrier avec une cartouche à l’intérieur reçu sur mon lieu de travail. Aujourd’hui, je ne suis plus avec cette femme. Elle l’a rejoint…"

La magistrate estime l’explication tardive de la part de cet habitant de la vallée de l’Estéron. Pourquoi?

"L’attendre au coin d’un bois avec une arme"

"J’ai tout appris au moment de notre séparation. Je me suis senti trahi! Comme les réponses de cette amie n’étaient pas satisfaisantes, j’ai voulu en savoir plus. J’ai adressé cette lettre. Je voulais effrayer ce soupirant. Il était question de l’attendre au coin d’un bois avec une arme de chasse."

La présidente, horrifiée, ne cache pas son indignation.

"C’est terrifiant! Des menaces de mort accompagnée d’une balle, c’est disproportionné. Cela vous aurait rapporté quoi ? Quand c’est fait, c’est fait. Vous vouliez restaurer votre dignité? Pourtant vous avez pardonné à la jeune fille puisque vous êtes à nouveau ensemble. Aucune indulgence, en revanche, pour la victime… Voulez-vous lui présenter des excuses?"

Pas d’excuses de la part du prévenu

L’homme de 23 ans, le visage renfrogné, n’a pas l’intention d’acquiescer. Face au refus, la présidente ajoute: "On ne peut pas faire n’importe quoi dans la société actuelle. L’infraction est grave. Vous risquez d’avoir un casier judiciaire!" Peu importe…

Même la procureure Alexia Brianti est offusquée par ce comportement à l’audience. "On aurait pu espérer une prise de conscience. Mais c’est un constat d’absence de pensée intuitive. On évoque un délit puni de trois à six mois d’emprisonnement et 18.000 euros d’amende. Sans parler du déploiement de police considérable afin de protéger la partie civile, employée dans un établissement scolaire. Cette banalisation de l’absence de remords et de réflexion m’inquiète sur le plan de la personnalité du prévenu. Que fera-t-il s’il était à nouveau confronté à une déception amoureuse?"

Une peine de quinze jours à un mois avec sursis et la liberté d’épreuve sont préconisées. Après en avoir délibéré, le tribunal s’est limité au seul sursis requis.

Mais revenons à Thomas Corneille. Ce dramaturge n’était-il visionnaire en faisant à l’époque une large place au triomphe des dames dans ses pièces?

* Assesseurs : MM. Jérôme Fougeras Lavergnolle et Adrien Candau.

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Nice-Matin

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