La grogne monte contre la suppression de 300 arrêts

La grogne monte contre la suppression de 300 arrêts

    LE PROJET de la SNCF de supprimer près de trois cents arrêts pour ses trains de nuit dans les douze mois qui viennent est en passe de provoquer une véritable « levée de boucliers ». Présenté le mois dernier avec un ensemble de mesures destinées à améliorer la sécurité des voyageurs (renforcement des équipes policières et de surveillance, des équipements de sécurité et la création de compartiments pour femmes seules), ce projet provoque la grogne des élus concernés. Arguant de « négociations toujours en cours » avec ces élus, la SNCF ne veut pas dévoiler la liste des arrêts appelés à disparaître. Et notamment la première centaine d'entre eux prévue pour la fin du mois. Pour la direction, il s'agit avant tout d'empêcher les personnes de monter et de descendre de ces trains de nuit à l'insu des contrôleurs. Certains profitent de ces arrêts dans les petites gares, peu fréquentées à ces heures, pour voyager gratuitement. Plus grave, des vols et des agressions ont déjà été commis. La SNCF garde en mémoire certaines mésaventures de voyageurs attaqués et délestés en pleine nuit. Les auteurs avaient pu descendre incognito à l'arrêt suivant sans être inquiétés. Dans un premier temps, elle a décidé de supprimer les arrêts qui, « sur le plan commercial, posent le moins de problèmes ». Pour les autres, elle affirme attendre des « solutions de substitution », par exemple l'acheminement des voyageurs vers une autre gare.

    Caractère de service public

    Tenant à minimiser l'impact qu'une telle mesure peut avoir sur sa clientèle (il n'y a que 67 trains circulant chaque nuit), le directeur général, Guillaume Pépy, reconnaît néanmoins qu'elle peut engendrer « une certaine gêne. Mais, poursuit-il, la sûreté de nos clients passe par cette décision courageuse ». Les élus et les associations d'usagers ne voient pas les choses de la même façon. Car si la SNCF ne veut toujours pas publier la liste des premiers arrêts supprimés, tout laisse à penser que des gares du sud-est de la France sont concernées. A Miramas (Bouches-du-Rhône), par exemple, où « trois ou quatre trains s'arrêtent la nuit, on n'est officiellement pas informé de ce projet, précise-t-on dans l'entourage du maire. Mais il n'est pas question pour nous d'abandonner ces dessertes, souligne-t-on rapidement en rappelant le caractère de service public de la SNCF. Nous demandons même un arrêt du TGV. Et il n'est bien entendu pas question de le monnayer avec ces arrêts de nuit. » A la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), on reste très sceptique sur la pertinence de ce projet. « S'il s'agit de s'arrêter en rase campagne, c'est d'accord, lance Simone Bigorgne, secrétaire générale de la fédération. Mais comment vont faire tous ceux qui veulent rejoindre Paris très tôt le matin ou simplement attraper certaines correspondances. Sans compter qu'il va falloir acheminer ces gens dans d'autres gares. » En fait, à la fédération, on craint que la suppression de ces arrêts n'entraîne « à plus ou moins long terme la disparition des trains de nuit. La SNCF, explique Mme Bigorgne, récupérerait ainsi des sillons (NDLR : des lignes) pour le fret ». Dans les dix ans à venir, le transporteur s'attend en effet à un doublement du trafic fret. Enfin, du côté syndical, on considère qu'une meilleure sécurité passe plutôt par un matériel efficace et davantage de personnel dans les gares.