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La mort de l’archéologue Yvette Taborin

Professeure d’archéologie préhistorique, spécialiste de l’étude des parures paléolithiques, elle fut responsable pendant près de trente ans des fouilles de l’important site d’Etiolles (Essonne). Elle est morte le 8 septembre, à l’âge de 91 ans.

Par Boris Valentin (professeur à l’université Paris-I)

Publié le 23 septembre 2020 à 13h11

Temps de Lecture 3 min.

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Yvette Taborin.

Professeure d’archéologie préhistorique à l’université Paris-I, où elle commença à enseigner en 1970, Yvette Taborin est morte le 8 septembre à Paris, à l’âge de 91 ans.

Ayant débuté ses études universitaires par le droit, elle s’orienta ensuite vers l’ethnologie à une époque où les parcours n’étaient pas tous balisés. Ce fut alors la rencontre en 1965 avec André Leroi-Gourhan, qui tentait d’élargir cette discipline à la préhistoire, exerçant son magistère à la Sorbonne puis au Collège de France. L’école qu’il fonda – l’équipe de recherche d’ethnologie préhistorique notamment – trouva en Yvette Taborin une militante charismatique.

Après des décennies de fouilles approximatives et d’études classificatoires inspirées des sciences naturelles, Leroi-Gourhan avait dessiné les contours d’un programme neuf, suffisamment général et rigoureux pour qu’il demeure d’actualité. Les chasseurs-cueilleurs du paléolithique y sont au centre, avec leurs habitats, leurs activités quotidiennes et leurs rites, ce qui paraît tomber sous le sens désormais, mais ce qui supposait au préalable que l’on s’en donne les moyens (par des fouilles et analyses méthodiques comme celles que Leroi-Gourhan amorça en 1964 sur le site magdalénien de Pincevent, en Seine-et-Marne).

Connaissances encyclopédiques

Yvette Taborin prit sa part active dans cette révolution méthodologique que l’on peut considérer, avec le recul, comme l’avènement d’une « nouvelle préhistoire » en parallèle du renouveau général des sciences historiques, désormais irriguées d’anthropologie. Dans le champ de recherche spécifique qu’Yvette Taborin explora dans ses moindres recoins, la parure corporelle et vestimentaire, elle cherchait les divers modes de codification culturelle et sociale depuis l’arrivée en Europe, vers − 40 000, de notre espèce, Homo sapiens, jusqu’aux premières sociétés paysannes.

En observant le transfert des coquillages ornementaux de proche en proche et parfois sur des centaines de kilomètres depuis les plages et les gîtes fossilifères, elle révéla aussi des échanges réguliers entre communautés et des parcours coutumiers réitérés durant des millénaires. En 2004, les lecteurs non spécialistes purent découvrir ses connaissances encyclopédiques à ce propos et goûter son art de conteuse dans Langages sans paroles. La parure aux temps préhistoriques (éd. La Maison des Roches).

Cette passion pour les plus vieilles expressions symboliques et la syntaxe qui, seule en subsiste, s’incarnait dans ses cours à Paris-I, en particulier ceux sur les arts du paléolithique, qui marquèrent des générations d’étudiants. Plusieurs qui devinrent des cadres de l’archéologie disent avoir choisi leur voie en suivant son cours de première année.

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