Un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans: c’est la peine infligée à un Toulonnais de 26 ans par le tribunal correctionnel de Toulon, mercredi.
Cet étudiant comparaissait détenu pour "appels téléphoniques malveillants, rencontre malgré interdiction et menace de mort par écrit ou image".
216 coups de fil près de chez elle!
De toute évidence, il n’avait pas supporté que son ancienne compagne mette fin à leur relation et, en un mois seulement cet été, le prévenu lui a passé 503 appels téléphoniques dont 216 à proximité du domicile de son ex!
"La victime avait déposé plainte et les policiers ont analysé les fadettes indiquant les communications passées. Pourquoi tant d’appels autour de chez elle?", lui avaient demandé les enquêteurs. "Parce que j’avais un meilleur réseau...", avait répondu le prévenu en garde à vue. Mercredi, à la barre, il a reconnu les faits: "Je m’excuse de ce que j’ai fait mais nous avons eu une fille ensemble et je voulais voir ma fille".
Pour la plaignante, c’est un mensonge: "Nous sommes séparés depuis deux ans et il m’a fait vivre l’enfer. Depuis juillet, il appelait sans arrêt, sonnait à ma porte, tambourinait. Il me guettait et me suivait quand je sortais promener mon chien. Je n’en pouvais plus. C’est simple: quand je ne décrochais pas, il venait chez moi".
"Prise de possession"
Pour cet étudiant titulaire d’une maîtrise et se destinant à être journaliste, l’affaire passe mal. Le président de la juridiction, Jean Rebuffet, a rappelé qu’un témoin avait assuré que la jeune femme était harcelée et que le mis en cause "se cachait parfois dans des bosquets pour la surveiller".
"Elle a surtout la haine parce que je ne paye pas la pension!", s’est défendu l’étudiant... rapidement repris par Me Michel Mas, conseil de la partie civile: "Le tribunal doit savoir que ce monsieur a déjà été condamné pour des appels malveillants: 416 en trois jours! Et malgré ça, il ne s’est pas remis en cause. Aujourd’hui, il doit comprendre que s’il veut revoir sa fille, il doit mettre un terme définitif à cette relation. Ma cliente ne veut qu’une chose: qu’il respecte l’interdiction formelle d’entrer en contact avec elle! Faites lui passer ce message", a-t-il ajouté en s’adressant avec éloquence au tribunal.
Le représentant du parquet lui a emboîté le pas en requérant un an de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve, une obligation de se soigner et l’interdiction de tout contact avec la victime: "Car cette volonté de prise de possession de l’autre révèle une personnalité très inquiétante".
"Qui manipule qui?"
En défense, Me Aïckel Hachfi avait fort à faire et a d’abord démontré que les menaces de mort retenues contre son client ne "tenaient pas: aucun élément ne les accréditent. Quant aux appels malveillants, il arrivait que la plaignante décroche et discute 10 minutes avec lui. Reste-t-on dix minutes en ligne lorsqu’on est harcelé? Il y a eu une relation forte entre eux. Aujourd’hui, on fait passer cet étudiant pour un psychopathe mais notez que, depuis le 15 août, date à laquelle la jeune femme a décidé vraiment de tout arrêter, les appels ont tous cessé. Celui-là a compris. Alors, qui manipule qui, au fond?", a-t-il plaidé avant de demander une peine complète de sursis avec mise à l’épreuve.
L’avocat a été partiellement entendu puisque le prévenu a été relaxé du chef de menace de mort mais condamné pour le reste. Il lui est fait obligation de se soigner et interdiction totale d’entrer en contact avec son ex compagne. Pour le bien de tous.
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