Le Beethoven prométhéen de Kissin
Le pianiste russe a dominé un vaste programme Beethoven mardi soir au Victoria Hall de Genève. Si quelques-uns ont jugé son jeu trop fort et dur, la plupart ont admiré sa puissance et sa fabuleuse maîtrise de l’architecture musicale
Ovationné, Evgeny Kissin s’est offert un marathon beethovénien mardi soir au Victoria Hall de Genève. Pas de demi-mesure chez le pianiste russe. Son jeu est tendu, musclé, d’une matérialité brute, soulevant par ailleurs des questionnements existentiels, comme dans le cœur de la Waldstein.
D’emblée, le geste est prodigieusement impérieux dans la Sonate «Pathétique». Le premier accord, massif et granitique (lâché comme un «uppercut», diront certains), donne le ton. Tout le premier mouvement est animé d’un nerf musclé, d’un toucher au scalpel, articulation nette, attaques franches, basses corrosives, loin des lectures plus «aimables» qui cherchent à apporter une touche de mélancolie aux épisodes lyriques.