Pionnier de la recherche spatiale européenne, réputé pour ses recherches sur le système solaire, le rayonnement cosmique et la physique des plasmas, l’astrophysicien allemand Reimar Lüst est mort le 31 mars à Hambourg, à l’âge de 97 ans.
Né le 25 mars 1923, à Barmen – devenue Wuppertal –, fils d’un pasteur luthérien, il étudie au lycée de Cassel puis fait son service militaire dans la marine pendant la seconde guerre mondiale, comme ingénieur mécanicien. En mai 1943, au large de l’Irlande, après que le sous-marin U-528 dans lequel il se trouve a été bombardé par des avions anglo-américains, Reimar Lüst réussit, grâce à une force physique et une chance peu communes, à en sortir vivant, nageant plusieurs kilomètres. Il est fait prisonnier de guerre au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis où il se fait remarquer comme ingénieur et scientifique.
Une tâche délicate
En 1946, de retour en Allemagne, il suit des études de physique et, en 1951, devient assistant à l’Institut de physique Max-Planck de Göttingen où il obtient son doctorat. En 1961, il dirige un groupe de travail chargé d’établir les prémices du programme spatial allemand. Deux ans plus tard naît le Max-Planck Institute de physique extraterrestre, dont la mission est alors l’étude par fusées-sondes de l’environnement terrestre et son interaction avec le vent solaire. Une tâche délicate en raison des restrictions de désarmement imposées par les Alliés.
A la recherche de possibles coopérations scientifiques, il rencontre plusieurs pionniers de la recherche spatiale européenne dont le Français Jacques Blamont, alors à la tête du service d’aéronomie du CNRS. Les deux hommes établissent une relation amicale qui sera déterminante pour le futur développement du programme spatial européen.
Au début des années 1960, depuis les champs de tir de l’île du Levant (Var) et d’Hammaguir au Sahara algérien, Lüst et Blamont conduiront leurs expériences, avec entre autres la fusée Véronique, qui pouvait atteindre 200 km d’altitude. Ces expériences leur ont permis de sonder la haute atmosphère et de mesurer le déplacement du champ magnétique terrestre aux hautes altitudes. Dans le contexte de l’après-guerre, ces expériences n’auraient pu se faire sans l’hospitalité française et la force de conviction que le chercheur allemand exerçait sur ses collègues.
Ami de la France
Cette camaraderie ouvre la porte de la coopération scientifique européenne et Lüst devient en 1962 le directeur technique du Conseil européen de recherches spatiales, ancêtre de l’Agence spatiale européenne (ESA). Après avoir été nommé, en 1972, président de la Société Max-Planck, il est élu directeur général de l’ESA en 1984, un poste qu’il occupera jusqu’en 1990.
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