Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Christian Cabrol : « Les greffes d’organes ne sont plus un problème médical mais social »

Le professeur, pionnier de la transplantation cardiaque, mort vendredi à 91 ans, déplorait, dans un entretien au « Monde » réalisé en 1992, que la question des greffes d’organes ne soit pas une priorité.

Le Monde

Publié le 16 juin 2017 à 16h47, modifié le 16 juin 2017 à 17h21

Temps de Lecture 11 min.

Article réservé aux abonnés

Le professeur Christian Cabrol, en 1968.

A l’occasion de la mort du professeur Christian Cabrol, vendredi 16 juin à Paris, à l’âge de 91 ans, nous republions cet article paru dans Le Monde le 21 janvier 1992.

Agé de soixante-six ans, le professeur Christian Cabrol (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, à Paris) est l’un des pionniers français des transplantations cardiaques et l’un des meilleurs spécialistes internationaux de la chirurgie du cœur. Il préside l’association France-Transplant. Cet organisme, créé en 1969 par le professeur Jean Dausset, groupe l’ensemble des équipes de transplantations et de prélèvements d’organes, ainsi que les laboratoires spécialisés et les coordonnateurs de transplantations répartis sur le territoire national reliés entre eux par un réseau télématique.

Il y a quelques jours, après le décès d’un jeune garçon atteint de mucoviscidose et pour lequel on n’avait pu trouver de poumons transplantables, vous avez déclaré que c’était « la société qui avait tué cet enfant », stigmatisant à cette occasion « l’avarice de ceux qui se font enterrer avec leurs organes ». Vos propos ont été sévèrement commentés. Pourquoi les avoir tenus ?

Peut-être ai-je été un peu dur, mais il faut me comprendre. Le contraste était trop grand entre les neuf mois d’attente vécus par cet enfant, sans parler des autres, et puis brutalement, ce que j’appelle des larmes de crocodile, l’émotion publique des huit derniers jours, alors même que trouver des poumons dans une période aussi brève est une tâche quasi impossible. Tout cela m’a paru disproportionné.

Notre société n’a pas fait des greffes d’organes l’une de ses priorités. On parle de l’emploi, du déficit de la Sécurité sociale, mais pas assez de la question des greffes, et le problème de fond n’est jamais véritablement et publiquement posé.

Quel problème de fond ?

Depuis deux ans, les refus de dons d’organes augmentent en France. Parallèlement, le nombre de greffons disponibles et de greffes réalisables diminue et ce, alors même que le nombre de malades souhaitant se faire greffer ne cesse d’augmenter.

A quoi, selon vous, tient un tel phénomène ?

D’abord à l’absence ou à l’échec d’éducation de l’opinion publique. Les personnes à qui l’on demande l’autorisation de prélever un ou plusieurs organes sur l’un de leurs proches vivent un drame épouvantable, en particulier les parents d’enfants décédés. Ils apprennent généralement la mort de leur enfant après quelques heures d’angoisse et de solitude. C’est pour eux un choc terrible durant lequel il est fort délicat de venir leur demander une autorisation de prélèvement.

Il vous reste 82.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.