Éoliennes : le livre choc qui dénonce un scandale international

Dans une synthèse particulièrement documentée, le militant Fabien Bouglé démonte un à un les arguments en faveur de l’éolien. Imposture écologique, dangers pour la santé, gaspillage d’argent public, corruption: les faits qu’il rapporte sont préoccupants.

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Fabien Bouglé est un militant associatif français. Depuis dix ans, il dénonce le désastre écologique et financier des éoliennes. Entre 2011 et 2016, il est en lien avec le service central de prévention de la corruption du ministère de la Justice français. En 2019, il est auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables de l’Assemblée nationale. Chef d’entreprise dans le secteur financier et culturel, il est également élu municipal (sans étiquette) à Versailles. Son dernier livre, Éoliennes, la face noire de la transition écologique, est publié le 2 octobre aux éditions du Rocher.

LE FIGARO.- Pourquoi un tel livre aujourd’hui, alors que la filière éolienne est déjà bien implantée en France, et que l’éolien maritime s’apprête à décoller?

Fabien BOUGLÉ. - Ce livre est le résultat de dix ans d’enquête sur l’éolien, réalisée localement, nationalement et internationalement. Face aux désinformations et contrevérités diffusées par les promoteurs éoliens, il y avait un besoin urgent de synthétiser l’ensemble des informations et études mondiales sérieuses publiées sur la question. Écrire m’a permis de reconstituer un puzzle qui, une fois terminé, donne un visage inquiétant du système industriel éolien, entre pollution et mafia, et très éloigné de l’image vertueuse de cette source d’électricité. C’est la particularité de mon ouvrage de ne pas aborder la question sous le seul angle franco-français, pour comprendre l’émergence de ce scandale à l’échelle internationale. J’espère amener les pouvoirs publics à reconsidérer une politique qui fonce, à tous les niveaux, droit dans le mur.

Dans votre livre, vous détaillez l’imposture écologique des éoliennes. En quoi consiste le «paradoxe» éolien que vous évoquez?

Même si l’image des éoliennes commence à se craqueler, elles restent officiellement un symbole de transition écologique et d’électricité verte. Partout sur les sites internet ou dans les publicités, les communicants utilisent des champs d’éoliennes pour incarner l’avenir. Dans les écoles, les professeurs n’hésitent pas à faire de la propagande auprès de leurs élèves, sans recul et sans mise en perspective. La vérité selon laquelle les éoliennes allaient sauver la planète s’est imposée comme un dogme, religieusement, pourrait-on dire… Et pourtant la réalité est très différente! D’abord, les matières premières nécessaires aux éoliennes sont de véritables fléaux écologiques: les terres ou métaux rares nécessaires pour leur fabrication (entre 200 kilos et une tonne par éolienne) génèrent des déchets radioactifs et conduisent en Chine à des leucémies. Les fibres de carbone nécessaires pour les pales sont non recyclables et cancérigènes si elles sont incinérées. Les milliers de tonnes de béton des socles sont enfouies pour très longtemps. Bref, pour fabriquer les éoliennes, toutes les matières premières utilisées sont polluantes et non recyclables. Même le directeur de l’Ademe [Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, NDLR] a lancé l’alerte sur ce paradoxe.

« Le paradoxe éolien, c’est que l’augmentation du nombre d’éoliennes s’accompagne d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre ! »

Concernant les gains en termes d’émissions de gaz à effet de serre, l’intermittence des éoliennes entraîne l’utilisation d’énergie fossile (pétrole, gaz ou charbon) lorsqu’elles ne fonctionnent pas. Or, ces centrales sont particulièrement polluantes et très émettrices de carbone dans l’atmosphère. En Allemagne, malgré un effort financier considérable pour installer des éoliennes [plus de 500 milliards d’euros, NDLR], la Cour fédérale des comptes vient d’annoncer que la politique de baisse des émissions de gaz à effet de serre se soldait par un échec. Le paradoxe, c’est tout simplement que l’augmentation du nombre d’éoliennes s’accompagne d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre! Nous le constatons aussi en France.

A-t-on suffisamment de recul à propos des dégâts sur la santé? Si la question fait consensus, pourquoi les pouvoirs publics ne réagissent-ils pas?

La question des impacts des éoliennes sur la santé est un véritable tabou et constitue ce que j’appelle le scandale du «vent contaminé». Une omerta, comme on en a déjà connu sur d’autres sujets médicaux, s’est progressivement mise en place. Pourtant, à l’échelle mondiale, de nombreuses études sérieuses ont été publiées sur le syndrome éolien, avec des troubles bien identifiés: maux de tête, tachycardie, vertige, cancers notamment. Au Canada, les médecins ont identifié plusieurs origines des problèmes de santé liées aux éoliennes: électricité sale, bruit, courant tellurique et effet stroboscopique. D’autres études, dont celle de la Nasa, soulignent que ces problèmes de santé proviennent pour une certaine part des infrasons produits par les éoliennes, qui se propagent jusqu’à 20km. Certains pays utilisent d’ailleurs les infrasons comme armes de guerre…

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Malgré une documentation récurrente, les autorités médicales françaises font l’autruche, estimant que ce syndrome n’est que le résultat d’un trouble psychosomatique qu’elles appellent «l’effet nocébo»: ils seraient dus aux informations négatives véhiculées sur le sujet! En Loire Atlantique, 300 vaches sont mortes depuis l’installation d’une centrale éolienne. Il sera bien difficile d’imputer ces décès à des informations anti-éoliennes circulant sur les réseaux sociaux…

Sait-on combien cette énergie coûte réellement aux Français?

Pour les six parcs éoliens en mer prévus sur le littoral français, les subventions aux promoteurs sont de 30 milliards d’euros. Si on ajoute les subventions de l’éolien sur terre, de l’ordre de 50 milliards d’euros, ainsi que les sommes que la France doit à EDF au titre des rachats d’électricité subventionnée, l’éolien représente une dépense située entre 80 et 100 milliards d’euros minimum, pour quelques pourcents de la production. Financée par l’augmentation de la facture d’électricité et par la taxe carbone sur les carburants, cette dépense est d’ailleurs intimement liée à la crise des «gilets jaunes».

« Ce gaspillage d’argent public empêche enfin l’État de réaliser les investissements novateurs réellement écologiques qui s’imposent »

Pour mettre cela en perspective, il faut aussi rappeler que la production électrique française est excédentaire. Nous subventionnons donc de l’électricité qui est ensuite revendue en Allemagne, au prix du marché. C’est donc de l’argent des Français dépensé à fonds perdu et qui sert à fournir des pays limitrophes… Ce gaspillage d’argent public empêche enfin l’État de réaliser les investissements novateurs réellement écologiques qui s’imposent.

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Votre livre donne d’ailleurs l’impression que l’appareil d’État est entièrement verrouillé par les lobbies. Les élus sont-ils encore assez puissants pour amender notre stratégie énergétique?

Pour avoir côtoyé, rencontré nombre d’élus et de hauts fonctionnaires, j’ai conscience que l’urgence du quotidien oblige ces derniers à survoler certaines questions. En outre, la propagande répétée à l’envi par les lobbyistes du vent conduit certains à perdre toute lucidité sur le sujet. Aussi, j’appelle les élus vraiment intéressés par la question à se saisir du sujet au plus vite et à ne pas se laisser dicter leur conduite par des structures d’influence financées par les promoteurs, voire par le ministère de l’écologie lui-même. Savent-ils qu’un lobby franco-allemand de l’industrie éolienne est abrité au sein du ministère? Connaissent-ils la réalité du financement des ONG «environnementales» par les promoteurs éoliens?

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Nos dirigeants doivent tous prendre conscience du danger de continuer dans la voie de l’éolien. Je le dis sans sous-entendu politique, car la question transcende les courants politiques traditionnels. Il y a un an j’avais dénoncé dans les colonnes du Figaro le tarif de rachat d’électricité des éoliennes en mer, et peu après le gouvernement avait rouvert ce dossier et renégocié les prix. Qu’il fasse de même sur le sujet complet des éoliennes en mer et sur terre. Il y a urgence!

Mais les Français comprennent-ils l’ampleur du problème? La politique nationale d’installation d’éoliennes terrestres et maritimes peut-elle vraiment être stoppée?

Il existe une véritable cassure sociologique entre le monde de la ruralité et de la mer et les centre urbains. Les pêcheurs artisanaux du littoral qui voient leur vie bousculée par ces éoliennes sont très inquiets de l’avenir de leur profession. Dans les campagnes, le gigantisme des centrales éoliennes commence même à détruire le corps social, entre ceux qui touchent de l’argent (propriétaires et élus) et ceux qui subissent les nuisances. Mon livre aborde d’ailleurs la question de la corruption et de la mafia dans ce secteur d’activité et qui est au cœur du mécanisme institutionnalisé d’installation des éoliennes.

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Malgré tout, notre stratégie nationale peut être modifiée, puisque d’autres pays le font: après la COP24, la Pologne vient de décider d’arrêter totalement l’éolien avec un plan de désinstallation des éoliennes existante à échéance 2040. L’Allemagne n’a installé que 35 éoliennes au premier semestre 2019 soit une baisse de 82 % des installations par rapport au premier semestre 2018. Partout dans le monde, les États prennent conscience de l’impasse des éoliennes. La France ne doit pas être la cinquième roue du carrosse!