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Une chercheuse franco-iranienne arrêtée en Iran

Les autorités françaises réclament de pouvoir rencontrer sans délai Fariba Adelkhah, anthropologue à Sciences Po Paris, dont elles sont sans nouvelles depuis plusieurs jours.

Par  (Téhéran, correspondance) (avec AFP)

Publié le 15 juillet 2019 à 16h27, modifié le 16 juillet 2019 à 06h24

Temps de Lecture 3 min.

La chercheuse Fariba Adelkhah.

Jusqu’à présent, les citoyens français semblaient être à l’abri de la lutte engagée entre l’Iran, d’un côté, l’Europe et les Etats-Unis, de l’autre, depuis que Donald Trump a décidé de se retirer unilatéralement de l’accord sur le nucléaire, signé avec Téhéran, en mai 2018. Cependant, dimanche 14 juillet, les médias persophones à l’étranger ont annoncé l’arrestation de la Franco-Iranienne Fariba Adelkhah, chercheuse au Centre de recherches internationales de Sciences Po, à Paris.

La nouvelle de l’arrestation a été confirmée le même jour par le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei, sans qu’il donne aucune explication. « J’ai entendu la nouvelle. Or, je ne connais pas les détails, ni ne sais qui en est à l’origine ni la raison », a-t-il expliqué lors d’un point presse à Téhéran, laissant entendre que l’arrestation ne relevait pas du ministère du renseignement, placé sous l’autorité du président iranien.

« J’ai demandé des clarifications au président Rohani », a affirmé Emmanuel Macron.

Selon les médias persophones, l’anthropologue, âgée de 60 ans, aurait été arrêtée le 7 juin par le service de renseignement des gardiens de la révolution, la principale force armée du pays, sous l’autorité directe du Guide suprême Ali Khamenei et échappant à l’autorité du président, Hassan Rohani. De son côté, la France réclame de pouvoir rencontrer sans délai la chercheuse dont elle est sans nouvelles.

Son arrestation constitue un vrai choc pour ses collègues en Iran et en France. « Je ne vois aucune raison à son arrestation, car elle voyageait assez souvent en Iran et participait à des colloques ainsi qu’à des conférences. Ses écrits n’étaient guère hostiles à la République islamique, mais plutôt analytiques de la situation religieuse iranienne », écrit, depuis Téhéran, une sociologue souhaitant conserver l’anonymat.

Emmanuel Macron a déploré lundi n’avoir eu « aucune explication » sur cette arrestation, ce qui le « préoccupe beaucoup ». « J’ai exprimé mon désaccord et demandé des clarifications au président Rohani. J’attends des retours et des clarifications », a déclaré le président.

Onze binationaux emprisonnés en Iran

La République islamique d’Iran ne reconnaît pas la double nationalité de ses citoyens. Selon les derniers chiffres avancés par les organisations des droits de l’homme, onze binationaux seraient en ce moment emprisonnés en Iran. Par le passé, Téhéran a utilisé ces citoyens comme monnaie d’échange dans ses négociations avec l’Occident. Cela a été notamment le cas du journaliste irano-américain Jason Rezaian, arrêté pour « espionnage » et relâché au moment où une partie des sanctions internationales ont été levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire, en janvier 2016, sous la présidence de Barack Obama.

Mais, depuis l’arrivée au pouvoir de son successeur, Donald Trump, le ton ne cesse de monter entre Téhéran et Washington. L’accord, lui, a été déchiré par le nouveau pensionnaire de la Maison Blanche, qui a entrepris une politique de « pression maximale » pour forcer l’Iran à revenir à la table des négociations. Ainsi, il souhaite obtenir des Iraniens un nouvel accord visant à limiter leur programme balistique et leur rôle « déstabilisateur » dans la région. Pour le moment, Téhéran a répliqué en reprenant certaines de ses activités nucléaires, suspendues dans le cadre de l’accord.

Dans ce contexte tendu, l’arrestation de Fariba Adelkhah, la première touchant une citoyenne française depuis dix ans, ne peut que compliquer les efforts de Paris cherchant à jouer le rôle de médiateur pour faire baisser les tensions entre Téhéran et Washington dans la région. Ainsi, début juin, Emmanuel Macron a dépêché, pour la deuxième fois, en Iran son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, afin de rechercher les moyens d’une désescalade et une façon de sauver l’accord.

Les médias locaux évoquent une accusation « d’espionnage »

Fariba Adelkhah avait arrêté d’étudier l’Iran en 2009, lorsque la contestation contre la réélection jugée frauduleuse de l’ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) avait été réprimée. A l’époque, l’anthropologue avait fustigé, dans une lettre publique, l’arrestation, en Iran, et le jugement de la chercheuse française Clotilde Reiss pour espionnage. Elle y annonçait mettre un terme à ses études iraniennes face au « climat de peur ».

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A la faveur de l’élection du président Hassan Rohani, en 2013, la Franco-Iranienne a ensuite repris ses déplacements en Iran. Ces derniers mois, elle se consacrait à l’étude de l’institution cléricale chiite, notamment dans la ville religieuse de Qom. Les médias iraniens évoquent « l’espionnage » comme chef d’accusation retenu contre la Franco-Iranienne.

Cette arrestation s’ajoute à d’autres interpellations de journalistes et de militants politiques iraniens. Selon nos informations, ces derniers mois, les convocations des acteurs de la société civile par les services de renseignement ont sensiblement augmenté. Dernière arrestation en date, lundi 15 juillet, celle de la journaliste féministe Moloud Hajizadeh, à Téhéran.

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