Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Rennes. Tué par la police : l’arme sous scellés détruite « par erreur »
Article réservé aux abonnés
Par
Julien Joly/Le Mensuel de Rennes
INFO LE MENSUEL DE RENNES. Un nouveau rapport vient éclairer l’affaire Babacar Gueye, un jeune Sénégalais tué par la police à Rennes, en décembre 2015. Problème : l’arme placée sous scellés a été détruite.
C’est la première évolution majeure depuis quatre ans dans l’affaire Babacar Gueye, ce jeune Sénégalais tué lors d’une intervention de la police, le 3 décembre 2015, dans un immeuble du quartier de Maurepas, à Rennes.
Ce soir-là, Babacar Gueye était muni d’un couteau et, d’après les témoins, se trouvait dans un état psychologique altéré. Un des policiers présents sur les lieux a tiré cinq balles sur le jeune homme, qui a ensuite été menotté à terre. Il est décédé malgré l’arrivée des secours. Une première enquête, diligentée par le parquet, avait conclu à la légitime défense du policier. L’affaire avait été classée sans suite.
En début de semaine, les proches de la victime, qui se sont constitués partie civile, ont eu connaissance d’extraits des résultats d’une contre-expertise qui précise les événements de cette nuit-là. De quoi, espèrent-ils, remettre en cause la thèse de la légitime défense.
Arme détruite
Ce nouveau rapport associe expertises balistique et médico-légale. Selon ce document, aucune des cinq balles n’a été tirée de face. Leurs trajectoires indiquent qu’elles ont été tirées de côté, de la droite vers la gauche et du haut vers le bas. Toutes ont pénétré le corps, sauf une qui a frôlé la cuisse. Ce qui corrobore certains témoignages recueillis par Le Mensuel de Rennes à l’époque.
« Le policier a toujours affirmé que les balles avaient été tirées de face à la même hauteur », accuse la sœur de Babacar Gueye. De son côté, l’avocate de la famille Gueye, Me Gwendoline Tenier, souhaite qu’une reconstitution soit effectuée sur les lieux.
Point intrigant : lorsque les experts mandatés par la famille ont voulu examiner l’arme utilisée, ainsi que les deux chargeurs, ils ont découvert que ceux-ci avaient été détruits.
« Lors d’une opération de tri des scellés du tribunal opérée en 2018, les scellés, considérés par erreur comme étant relatifs à une affaire classée sans suite, ont été détruits ». - Le parquet de Rennes
Le parquet confirme que « quatre scellés, dont celui contenant l’arme, ont été détruits par erreur en 2018 ». Il rappelle que la procédure « a, dans un premier temps, fait l’objet d’un classement sans suite par le parquet avant qu’une information judiciaire ne soit ouverte à la demande de la sœur de la victime ».
Or, « lors d’une opération de tri des scellés du tribunal opérée en 2018, les scellés, considérés par erreur comme étant relatifs à une affaire classée sans suite, ont été détruits. Cette information a été portée à la connaissance du magistrat instructeur en octobre 2018 ».
« Pas de conséquences significatives »
Le parquet reconnaît une « erreur » « regrettable » mais estime qu’elle « ne devrait pas avoir de conséquences significatives sur la manifestation de la vérité. En effet, il n’est contesté par personne que le décès de Babacar Gueye fait suite à l’utilisation à plusieurs reprises de cette arme. Ce qui est en discussion concerne non pas l’arme en tant que telle mais les circonstances qui ont conduit, en état de légitime défense ou pas, aux tirs mortels du policier ».
Ce dernier a été entendu ce mardi en qualité de témoin assisté par le magistrat instructeur. Contacté, son avocat, Me Frédéric Birrien n’a pas souhaité faire de commentaire.
Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de
lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.