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Le Conseil d’Etat suspend les nouvelles règles de calcul de l’assurance-chômage, qui devaient entrer en vigueur le 1er juillet

Dans un communiqué, l’institution justifie sa décision par les « incertitudes sur la situation économique », alors que les nouvelles règles de calcul « pénaliseront de manière significative les salariés » en contrats courts.

Le Monde

Publié le 22 juin 2021 à 13h44, modifié le 23 juin 2021 à 08h52

Temps de Lecture 3 min.

Saisie par plusieurs syndicats qui contestent la rĂ©forme de l’assurance-chĂ´mage, la juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du Conseil d’Etat a suspendu les règles de calcul du montant de l’allocation chĂ´mage qui devaient entrer en vigueur le 1er juillet, selon une ordonnance rendue publique mardi 22 juin.

D’abord prĂ©vue pour 2019 dans un marchĂ© de l’emploi jugĂ© alors dynamique, la rĂ©forme de l’assurance-chĂ´mage, qui Ă©tait un des engagements du prĂ©sident Emmanuel Macron, a Ă©tĂ© reportĂ©e en raison de la crise sanitaire. PrĂ©sentĂ©e en juin 2019 par le gouvernement, elle avait pour objectif de rĂ©aliser des Ă©conomies et de lutter contre la prĂ©caritĂ©, en limitant le recours aux contrats courts et en ouvrant le droit au chĂ´mage aux salariĂ©s dĂ©missionnaires souhaitant monter un projet ainsi qu’aux indĂ©pendants.

La rĂ©forme a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© suspendue Ă  plusieurs reprises par le gouvernement Ă  l’aune de la crise du Covid-19 et elle a Ă©tĂ© amendĂ©e au vu du contexte. Le dĂ©cret du 30 mars 2021 prĂ©voyait l’application d’un nouveau mode de calcul du salaire journalier de rĂ©fĂ©rence Ă  compter du 1er juillet.

Mais pour le Conseil d’Etat, « les incertitudes sur la situation Ă©conomique ne permettent pas de mettre en place Â» au 1er juillet les nouvelles règles, « qui sont censĂ©es favoriser la stabilitĂ© de l’emploi en rendant moins favorable l’indemnisation du chĂ´mage des salariĂ©s ayant alternĂ© contrats courts et inactivitĂ© Â».

« De nombreuses incertitudes subsistent quant Ă  l’évolution de la crise sanitaire et ses consĂ©quences Ă©conomiques sur la situation des entreprises qui recourent largement aux contrats courts pour rĂ©pondre Ă  des besoins temporaires Â», a justifiĂ© la plus haute juridiction de l’ordre administratif. « Or ces nouvelles règles de calcul des allocations chĂ´mage pĂ©naliseront de manière significative les salariĂ©s de ces secteurs, qui subissent plus qu’ils ne choisissent l’alternance entre pĂ©riodes de travail et pĂ©riodes d’inactivitĂ© Â», ajoute-t-il.

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Les recours « au fond Â» jugĂ©s d’ici Ă  quelques mois

« En revanche, la juge ne remet pas en cause le principe de la rĂ©forme elle-mĂŞme Â», prĂ©cise le communiquĂ©. « Après cette ordonnance rendue en urgence, les recours “au fond” des syndicats contre le dĂ©cret rĂ©formant l’assurance-chĂ´mage seront jugĂ©s par le Conseil d’Etat d’ici Ă  quelques mois Â», peut-on encore lire.

Pour la ministre du travail, Elisabeth Borne, « le Conseil d’Etat nous demande d’attendre encore un peu Â» et « censure uniquement la date d’entrĂ©e en vigueur Â». « On va examiner les rĂ©ponses qu’on peut apporter pour rassurer sur la reprise Ă©conomique et la dynamique de l’emploi Â» afin de permettre « une application rapide de la rĂ©forme Â», a-t-elle rĂ©agi auprès de l’Agence France-Presse.

Les syndicats s’opposent frontalement depuis le dĂ©part Ă  cette rĂ©forme, qu’ils jugent pĂ©nalisante pour les demandeurs d’emploi, notamment les plus prĂ©caires. Le Conseil d’Etat avait Ă©tĂ© saisi par toutes les grandes centrales, Ă  l’exception de la CFTC, qui, tout en Ă©tant opposĂ©e Ă  la rĂ©forme, avait estimĂ© qu’il n’y avait pas de « fondement juridique Â».

« C’est une victoire pour les demandeurs d’emploi, qui auraient Ă©tĂ© durement sanctionnĂ©s par cette rĂ©forme Â», a aussitĂ´t tweetĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CFDT, Laurent Berger. Pour la centrale, « cette suspension sonne comme un dĂ©saveu pour une rĂ©forme mal calibrĂ©e Â». « C’est un camouflet pour le gouvernement et pour Emmanuel Macron, qui n’ont eu de cesse de saccager les droits des chĂ´meurs Â», a estimĂ©, de son cĂ´tĂ©, la CGT dans un communiquĂ©, tandis que Michel Beaugas (FO) y voit « un nouveau revers pour le gouvernement ». Laurent Escure (UNSA) a saluĂ© « une bonne nouvelle », et Solidaires a pointĂ© « une dĂ©faite pour [un] gouvernement antisocial ».

L’exécutif défend un « enjeu d’équité »

MĂŞme tonalitĂ© dans les rangs de la gauche oĂą le Parti socialiste ainsi que plusieurs Ă©lus de La France insoumise ont Ă©galement Ă©voquĂ© « une victoire Â», tandis que Fabien Roussel, secrĂ©taire national du Parti communiste français, a appelĂ© Ă  mettre la rĂ©forme « dĂ©finitivement Ă  la poubelle Â».

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Les syndicats attaquent principalement la mesure-phare de la rĂ©forme : le nouveau mode de calcul du salaire journalier de rĂ©fĂ©rence, base de l’allocation. Il va pĂ©naliser les demandeurs d’emploi alternant chĂ´mage et activitĂ©, les « permittents Â». L’exĂ©cutif dĂ©fend de son cĂ´tĂ© un « enjeu d’équitĂ© Â», le système actuel Ă©tant plus favorable Ă  ceux qui alternent contrats courts et inactivitĂ© qu’à ceux qui travaillent en continu.

Selon une Ă©valuation de l’UnĂ©dic rĂ©alisĂ©e au printemps, jusqu’à 1,15 million de personnes ouvrant des droits dans l’annĂ©e suivant le 1er juillet auraient touchĂ© une allocation mensuelle plus faible (de 17 % en moyenne), avec, dans le mĂŞme temps, une « durĂ©e thĂ©orique d’indemnisation Â» allongĂ©e (quatorze mois en moyenne, contre onze mois avant la rĂ©forme).

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