Par SudOuest.fr avec AFP
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Le tribunal administratif de Nîmes doit se prononcer sur la décision de Julien Sanchez, maire RN (ex-FN) de Beaucaire, de supprimer les menus sans porc des cantines de sa ville.

Le rapporteur public a demandé mardi devant le tribunal administratif de Nîmes l'annulation de la décision du maire RN de Beaucaire de supprimer les menus de substitution au porc des cantines de sa ville, au motif qu'elle n'avait pas été prise dans les règles.

C'est par un simple encart publié dans le journal municipal en décembre 2017 que Julien Sanchez avait annoncé la suppression dans les cantines scolaires des repas de substitution au porc qualifiés "d'anti-républicains" et sa volonté d'imposer un menu avec du porc une fois par semaine. Cinq associations - la Maison des potes, le Rassemblement citoyen de Beaucaire, la FCPE, la Licra et la LDH - et le préfet du Gard ont attaqué cette décision devant la justice administrative.

"Le maire a décidé seul"

En audience publique mardi, le rapporteur public a contesté "la légalité de cette décision, justement parce qu'il n'y a pas de décision formalisée , mais juste une inscription annonçant la nouvelle dans le journal municipal". "Le maire a décidé seul, de manière isolée, sans tenir compte de la compétence du conseil municipal en la matière", a dénoncé le rapporteur public, dont l'avis est généralement suivi par le tribunal.

"Cette suppression des repas de substitution s'inscrit dans une visée dogmatique et idéologique, avec un principe restreint de la laïcité, mais pas avec une vision centrée sur les enfants. À Beaucaire, on ne prend pas en compte l'intérêt supérieur de l'enfant", a dénoncé un avocat des requérants, Jérôme Privat.

"Notre avocate a rappelé l'existence de plusieurs circulaires ministérielles qui indiquent que le repas de substitution n'est pas une obligation ou un dû", a réagi Julien Sanchez après l'audience, fustigeant "l'intrusion d'un interdit religieux dans un espace public". "Ceux qui prennent en otage les enfants, ce sont les parents", a-t-il ajouté.

Le cas de Chalon-sur-Saône

Lors de l'audience, l'avocate du maire Sylvia Josserand a soutenu que "les parents étaient avisés depuis septembre 2017 de cette décision de supprimer les repas de substitution". "Sur le fond du dossier, il est totalement faux d'invoquer - comme le font les associations et rassemblements qui ont saisi la justice aujourd'hui - la décision du tribunal administratif de Dijon pour prétendre au droit des usagers à un repas de substitution et à l'illégalité de cette suppression des repas", a aussi souligné l'avocate nîmoise.

En 2015, le maire LR de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) Gilles Platret avait déjà créé la polémique en supprimant le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de la commune. Le tribunal administratif de Dijon avait censuré cette décision fin août 2017 , une décision dont Gilles Platret a fait appel.

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Le tribunal administratif de Nîmes a mis sa décision en délibéré, sans date fixe.