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Franck Venaille, hommage à un poète meurtri

L’anthropologue Michel Naepels dit son admiration et sa tristesse après la mort du poète, décédé le 23 août, à l’âge de 81 ans.

Publié le 31 août 2018 à 13h00, modifié le 31 août 2018 à 13h59 Temps de Lecture 3 min.

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Franck Venaille, le 5 mai 2017.

Comment dire sa tristesse et son admiration ? Franck Venaille est mort. Eric Loret a rappelĂ© son cheminement biographique et poĂ©tique : « Franck Venaille, Prix Goncourt de la poĂ©sie 2017, est mort Â» (Lemonde.fr du 24 aoĂ»t). Un motif fondateur de son Ĺ“uvre, sur la possibilitĂ© d’un retour Ă  la vie après la guerre, me touche particulièrement parce qu’il rĂ©sonne avec les recherches que je mène sur les suites subjectives et sociales de la violence : « Etait-il possible Ă  un homme revenu de guerre / couvert de blessures de guerre d’apprendre, / de nouveau, Ă  actionner sa pensĂ©e non dans l’espoir de je ne sais / quelle victoire militaire / mais pour la vie rĂ©elle ? Â» (Chaos, Mercure de France, 2007, p. 54-55). Et Venaille n’a pas cessĂ© de ne pas se remettre de la guerre, de sa dĂ©faite, comme aussi de son enfance.

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Le point de dĂ©part de son Ă©criture, c’est l’intimitĂ© de la douleur, de la souffrance. Lentement, car c’est une histoire sans fin, « lentement la blessure s’infecte et cela sent le dĂ©sespoir Â» (La Descente de l’Escaut, Obsidiane, 1995, p. 31). Et l’angoisse, omniprĂ©sente. Venaille Ă©crit du point de vue de l’homme meurtri, « dans la fĂŞlure du monde oĂą les plaies suintent Â» (id., p. 108).

Il inscrit son Ĺ“uvre dans « un univers de guerre civile Â» (id., p. 58), depuis « le camp des rĂ©fractaires au bonheur Â» (id., p. 60). Si la souffrance est « identique pour un comte de Flandre ou un berger niais Â» (id., p. 13), le point de vue de Venaille est celui des gueux, des fuyards, des dĂ©shĂ©ritĂ©s, des modestes, de celles et ceux qui connaissent la honte et l’humiliation. La souffrance est aussi animale, et singulièrement Ă  partir d’un destin partagĂ© avec les chevaux : piaffer, hennir, ruer, en attendant l’abattoir.

« La guerre au plus près Â»

« Soudain c’est la guerre Â» (La Bataille des Ă©perons d’or, Mercure de France, 2014, p. 10). La guerre de Venaille, c’est d’abord celle de ses 20 ans. La violence de la guerre coloniale d’AlgĂ©rie l’a dĂ©fait : le voilĂ  membre du « XIrĂ©giment des fantassins dĂ©semparĂ©s Â» (Hourrah les morts !, Obsidiane, 2003, p. 15), dans son « uniforme d’officier du 54rĂ©giment des Trop Sensibles Â» (Tragique, Obsidiane, 2001, p. 227), « moi Venaille, officier de l’armĂ©e des morts Â» (Chaos, p. 179).

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