Israël s’interroge sur la fiabilité de l’ami américain face à l’Iran

Les officiels israéliens avaient déjà sonné l’alarme après la décision américaine de s’abstenir de riposter à la destruction par l’Iran d’un drone américain dans le golfe Persique.

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Correspondant à Jérusalem

La politique erratique de Donald Trump au Moyen-Orient sème le désarroi en Israël. Les responsables politiques et militaires de l’État hébreu sont profondément préoccupés par les volte-face de celui qu’ils considéraient encore voici quelques semaines comme leur meilleur allié. Ils se disent inquiets du lâchage des Kurdes syriens, qui aurait pour conséquence un accroissement de l’empreinte iranienne en Syrie.
«Si les Kurdes ressentent une détresse croissante, ils s’approcheront de Damas. Cela signifie qu’il y aura plus d’influence iranienne dans ce triangle qui revêt une importance stratégique énorme pour nous», estime Eran Lerman, vice-président du Jerusalem Institute for Strategic Studies (JISS).

Les officiels israéliens avaient déjà sonné l’alarme après la décision américaine de s’abstenir de riposter à la destruction par l’Iran d’un drone américain dans le golfe Persique et aux frappes contre deux installations pétrolières saoudiennes. Selon eux, Donald Trump pourrait être de plus en plus enclin à céder à ses tendances isolationnistes et à la passivité, à mesure que les échéances électorales s’approchent aux États-Unis.

En permanence sur le qui-vive, ils ont été marqués par l’attaque des champs pétroliers saoudiens le 14 septembre. Dimanche, à l’issue d’une réunion du cabinet de sécurité, la modernisation du système de défense aérienne d’Israël afin qu’il puisse mieux combattre un tel raid a été annoncée.

«Situation d’urgence»

L’Iran pourrait utiliser une combinaison de missiles de croisière et de drones pour passer à l’offensive sur le petit territoire israélien, de la même manière qu’il a attaqué le mois dernier l’Arabie saoudite, un pays cent fois plus étendu, redoutent les experts militaires. Téhéran «peut tirer dans une direction à des centaines de kilomètres de distance», il pourrait aussi «tirer dans une autre direction à des centaines de kilomètres de distance» a expliqué mardi Yoav Galant, un membre du cabinet de défense.

Benyamin Nétanyahou a, pour sa part, évoqué une «situation d’urgence» à la veille de Yom Kippour, une fête marquée par une guerre surprise en 1973 qui a traumatisé plusieurs générations. Après s’être targué de ses liens avec Donald Trump, il a vu son étoile pâlir auprès de son «ami». Le président américain avait servi la reconnaissance de l’annexion du Golan sur un plateau au premier ministre avant les législatives d’avril. Pour celles de septembre, il ne l’a soutenu que du bout des lèvres. Puis après l’annonce des résultats sans vainqueurs, ni vaincus, Donald Trump, qui n’apprécie que les gagnants, avait lâché quelques remarques désobligeantes.

«Un jour, nous aussi, nous nous retrouverons décrits par Trump (lorsqu’il tweete sur le Proche-Orient NDLR) comme menant une guerre tribale» écrit le quotidien Yedioth Ahronoth. «Trump est devenu peu fiable pour Israël. On ne peut plus lui faire confiance. On craint vraiment que si l’Iran continue à nous provoquer, nous serons forcés de traiter avec le régime des ayatollahs sans un parapluie américain. La réalité stratégique, qui nous est maintenant dévoilée, exige que Nétanyahou, qui a placé tous ses œufs dans le panier de Donald Trump, rende des comptes