INTERVIEW. Sylvie Tellier: "Moi qui pensais que Miss France n’était qu’un passage..."

Directrice générale de Miss France Organisation, cette maman épanouie de trois enfants dirige une collection de livres à leur intention et œuvre au sein de l’association Les Bonnes Fées, tout en conjuguant encore charme et élégance. Elle est à la une du magazine Week-End ce vendredi.

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Alexandre Carini Publié le 23/08/2019 à 09:00, mis à jour le 23/08/2019 à 09:00
" C’est vrai que je suis un peu contre la reproduction sociale et le conformisme." Photo Benjamin Decoin

C’est toujours une très belle femme, évidemment. Sur une ancienne Miss France de quarante et un ans, le temps semble prendre prise différemment. Sans altérer la prestance et l’élégance qui lui sied naturellement.

D’autant plus que Sylvie Tellier est à la tête (même sans couronne ni chapeau) du plus grand concours de beauté, depuis quatorze ans maintenant. Mais pour être femme et directrice, Sylvie n’en est pas moins maman attentionnée pour ses trois enfants.

Équation pas toujours évidente, mais l’ex-élève avocate ne manque pas de détermination pour mener tout de front. Et la sympathie n’est pas en option! Lors de l’élection de Miss Côte d’Azur à Mandelieu, nous l’avons rencontrée, quasiment comme on prend un verre avec une bonne copine.

Sur cette terre du Sud qu’elle affectionne tant, elle qui passait des vacances au Lavandou et s’est mariée à Porquerolles.

Hors défilés et podiums, Sylvie Tellier s’est livrée au jeu de la confession. Sans être dans la représentation.

Couronnée en 2002, directrice depuis 2007, Miss France, c’est toute votre vie!
Bah c’est ça! Moi qui pensais que Miss France n’était qu’un passage...

Je préparais mon concours d’avocat à Lyon, je pensais retrouver une vie normale, mais en 2003, je reçois un coup de fil de Xavier Couture [alors président de la Société Miss France, ndlr]: "On cherche un profil comme le tien." Et c’est reparti!

Miss France, c’était le rêve d’être projetée dans une vie de Cendrillon!

Miss France, qu’est-ce que ça représentait pour Sylvie, jeune fille de vingt-trois ans?
Je suis issue d’une famille modeste, où maman élevait seule ses trois filles, mais ma mère était assez coquette quand même. Miss France, c’était le rêve d’être projetée dans une vie de Cendrillon! Je me suis présentée par envie d’être traitée comme une princesse.

Élue, avec un profil déjà atypique.
Je mesure 1,72 mètre, j’étais la plus petite, et la plus âgée. J’étais aussi pragmatique, j’ambitionnais d’être avocate. Jean-Pierre Foucault m’a d’ailleurs dit: "Qu’est-ce que vous faites là?" Je lui ai répondu: "Et pourquoi pas!"

À la direction de l’Organisation, c’est devenu ma patte: tous les profils sont bienvenus, et je me bats un peu contre le conformisme. Les candidates sont toutes jolies, mais c’est ce qu’on va dégager qui compte: le charme, "le chien"!

C’est le profil actuel de vos Miss?
Quand je suis arrivée à l’organisation, Geneviève de Fontenay était une icône, "la Dame au chapeau".

Moi, j’avais envie que ce soit la personnalité de la Miss qui prédomine, avec un vrai caractère, et non plus standardisée.

Aujourd’hui, dès qu’elles sont élues, je leur demande: "Mais qui es-tu?" J’ai envie de gratter un peu derrière le mascara, et des gens parfaits, on n’en veut pas!

Elles ont le droit d’être sexy, mais pas vulgaires.

Les dix commandements d’une Miss?
Déjà, elles ont le droit d’être sexy, mais pas vulgaires. Elles doivent être également accessibles, sympas, élégantes, curieuses, épicuriennes, généreuses, altruistes.

Mais aussi terre à terre car Miss France, ce n’est pas un métier, c’est juste un coup de baguette magique et il ne faut pas oublier d’où l’on vient.

Le cas Valérie Bègue et ses photos dénudée. Punie pour l’exemple?
Ah! C’était une jeune femme qui venait des îles, où il n’y a pas le même rapport à la nudité.

Elle s’est fait piéger dans un shooting photos avec quelqu’un de mal intentionné, mais Geneviève de Fontenay voulait vraiment la destituer, alors que Valérie avait été légitimée par le vote 100 % téléspectateurs.

On a trouvé une espèce de faux compromis (1), mais à partir de là, j’ai commencé à poser aussi mon autorité sur l’organisation.

Vous-même, vous êtes une Vendéenne donc un peu rebelle?
Je ne suis pas vraiment rebelle, mais un peu speed. C’est vrai que je suis un peu contre la reproduction sociale et le conformisme, mais sans faire de révolution pour autant. En réalité, je suis une rebelle pacifiste!

En réalité, Miss France est une très bonne opération financière pour la ville accueillante.

À peine élue Miss France, vous avez quand même refusé de participer au concours Miss Monde!
Il devait se dérouler au Nigeria, où l’on applique la charia. Autant j’adore les concours de beauté, mais pas question d’y participer dans ce pays, où l’on ne respecte pas la femme, et où l’une d’entre elles avait été condamnée à la lapidation pour adultère.

J’ai lancé une pétition, et douze autres Miss de pays européens ont également boycotté le concours Miss Monde, qui a fini par être annulé. Aujourd’hui encore, je suis assez fière de ça.

L’élection 2020 à Marseille fait déjà polémique avec les 150 000 euros de subvention octroyés par la Ville.
Ah! Ça, c’est tous les ans! Mais il y a un amalgame: il ne s’agit pas de versements à Miss France, mais d’une mise à disposition gratuite des infrastructures et de l’hébergement des quarante candidates.

Nous logeons à nos frais les trois cents techniciens du show, sans compter les retombées pour les commerces et la notoriété de la ville. En réalité, Miss France est une très bonne opération financière pour la ville accueillante.

L’élection à Marseille: pour couronner enfin une fille du Sud?
J’adore le Nord-Pas-de-Calais, mais bon! En principe, l’élection se fait dans la région de la Miss sortante, mais comme il n’était pas possible de l’organiser à Tahiti, nous avons eu l’opportunité de l’organiser à Marseille, grâce à Jean-Pierre Foucault, et je suis sûre que les Marseillais, comme les Ch’tis, seront au rendez-vous !

J’ai trois enfants de neuf, cinq et un an. Cela demande une vraie organisation de vie.

Cette fois, pas de caméra indiscrète sur des candidates seins nus dans les coulisses?
C’est un gros couac, et je suis la première à m’en excuser auprès du public.

Cet incident, c’est du passé, mais il va falloir être encore plus strict sur la réalisation de cette émission, car les parents nous confient ces jeunes filles, dont beaucoup sont encore mineures.

Vous êtes vous-même maman de trois enfants...
J’ai trois enfants de neuf, cinq et un an. Cela demande une vraie organisation de vie: merci les grands-parents, merci tout le monde!

Cela dit, ce n’est pas plus compliqué pour moi que pour une autre femme qui travaille, mais je suis une mère louve, j’ai vraiment besoin de faire plein de choses avec mes enfants, et quand je suis trop occupée professionnellement, je ressens forcément un peu de culpabilité.

C’est aussi pour eux que vous dirigez une collection de livres pour enfants, Oscar et Margaux aux éditions Calligram, qui racontent l’histoire et les traditions des régions?
C’est une collection tirée de ma propre expérience, à partir de mes absences et des questions posées par mes propres enfants.

L’histoire d’une maman qui part souvent du domicile familial, mais dès qu’elle claque la porte, ses enfants utilisent une tablette magique qui les téléporte dans la région où elle travaille.

À la fin de la journée, la tablette magique n’a plus de batterie et au retour de leur mère, les enfants font semblant de ne pas connaître tout ce qu’elle leur rapporte de son séjour.

On oublie trop souvent la chance que l’on a de vivre en France parmi tous ces coins fantastiques.

Une façon ludique de leur apprendre la géographie?
Tout à fait. L’histoire de chaque tome peut se raconter en une quinzaine de minutes, mais cela donne un vrai coup de boost à leur culture personnelle.

Mes enfants sont déjà incollables sur de nombreuses régions, et ça fait réviser toute la famille.

Ça peut aussi donner des idées de vacances, car on oublie trop souvent la chance que l’on a de vivre en France parmi tous ces coins fantastiques.

Le treizième tome sur la Côte d’Azur est paru en juin...
Oui, il nous emmène à Porquerolles pour une chasse au trésor, à Grasse sur les traces d’un parfum, et plein d’autres choses encore. À chaque fois, un dico-images donne une seconde vie au livre.

Par le passé, vous avez aussi été chroniqueuse à la télé et à la radio, et même"comédienne" dans un épisode de Nos chers voisins. Une vocation à venir?
(Sourire) Je suis avant tout une fille très curieuse, alors j’ai voulu essayer plein de choses, mais comédienne, c’est un vrai métier.

Et puis ce n’est pas un exercice où je me sens très à l’aise. Je me verrais plus à la radio, mais de là à présenter de grands shows comme Jean-Pierre Foucault, qui a cinquante ans de métier, ce n’est pas sûr!

On ne vous verra donc pas au cinéma?
Pour tourner dans un film, il faudrait que je prenne des cours de comédie. Apparaître dans Nos chers voisins, c’était rigolo, mais ce n’est pas moi qui vais taper aux portes pour le refaire.

Je me vois plutôt réaliser un jour mon rêve d’être avocate. Actrice, ce n’est vraiment pas prévu au programme.

1. Valérie Bègue a conservé son titre, elle a continué à représenter la France à l’étranger mais n’a pas pu participer aux concours internationaux de beauté (Miss Monde, Miss Univers) ni aux élections de Miss régionales à travers la France.


Miss France 2020. Samedi 14 décembre. Dôme à Marseille. Diffusé sur TF1.

Oscar et Margaux sur la Côte d’Azur. Alpes-Maritimes - Var.
Éditions Calligram. À partir de 6 ans. 36 pages. 8,90 euros.

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