Bases de données SQL en mode cloud : qui affiche le meilleur tarif ?

Bases de données SQL en mode cloud : qui affiche le meilleur tarif ? AWS, Google, Microsoft mais aussi les français OVH et Scaleway proposent des services de serveur SQL managé. Comment appréhender la complexité de leurs grilles tarifaires ?

Sur le front des bases de données relationnelles en mode cloud, Amazon Web Services (AWS) a été le premier à se positionner en lançant dès 2009 son service RDS (pour Relational Database Service). Depuis, AWS a été suivi par ses rivaux américains Microsoft et Google et, plus récemment, par les français OVH et Scaleway. Tous commercialisent désormais des bases de données managées. Reposant sur des machines virtuelles optimisées pour ce type de traitement, ces offres sont tarifées en fonction de la ressource informatique consommée.

Comparatif des bases de données SQL en mode cloud
  Moteurs de base de données Structures de coûts Tarification de base d'une instance Configuration haute performance
Amazon RDS PostgreSQL, MySQL, MariaDB, Oracle Database, SQL Server et Amazon Aurora Combinaisons de capacités de CPU, de mémoire, de stockage et de mise en réseau selon un usage générale ou en version à mémoire optimisée. Instance PostgreSQL (zone de disponibilité Paris) : à partir de 0,021 dollars par heure pour 1 cœur, 2 vCPU, 1 Go de Ram. Version à mémoire optimisée : 13,4400 dollars pour 24 cœurs, 48 vCPU, 384 Go de mémoire
Azure Cloud SQL Database SQL Server Base de données unique, "instance managée", "pool élastique" pour la gestion et la mise à l'échelle de plusieurs bases de données  Instance unique à usage général (zone France Centre) : à partir de 0,86 euros par heure pour 4vCore, 20,4 Go de mémoire (les 32 premiers Go de stockage inclus).  Version à mémoire optimisée : 19,3136 euros par heure pour 80 vCore et 396 Go de mémoire
Google Cloud SQL PostgreSQL, MySQL et SQL Server Facturation à l'utilisation ou au forfait pour une instance MySQL de première génération  Instance PostgreSQL (zone Belgique) : à partir de 0,015 dollars pour une machine à processeur partagé avec 0,6 Go de Ram, et une capacité maximale de stockage de plus de 3 To. Version à mémoire optimisée : NC
OVH Cloud Databases MariaDB, MySQL, PostgreSQL et Redis. Start SQL et SQL Privé (bases de données privatives) Ticket d'entrée à 5,99 euros HT par mois pour une instance à 512 Mo de RAM et 8 Go de SSD. Version à mémoire optimisée : 39,99 euros HT par mois pour 4 Go de mémoire et 64 Go de stockage.
Scaleway Database PostgreSQL Mode basique (un node) et un mode haute disponibilité (node + standby node). A partir de 8 euros par mois pour une instance à 2 vCPU, 2 Go de RAM et 5 Go de SSD en mode standalone, 15 euros en haute disponibilité. Version à mémoire optimisée : 400 euros par mois pour 16 vCPU, 64 Go de RAM et 585 Go de stockage.

(*) Ne tenant pas compte des frais de stockage, de sauvegarde et de transfert des données

La concurrence entre fournisseurs de cloud a entraîné une baisse continue des prix mais aussi une complexification de la grille tarifaire rendant plus difficile encore toute comparaison possible. Sur quels facteurs discriminants se baser pour départager les providers ? Solutions architect au sein du cabinet de conseil français Ippon Technologies, Samuel Bally se propose de partir du besoin des entreprises utilisatrices.

Un grand compte sera, par exemple, sensible à la flopée de certifications de qualité et de sécurité de type ISO 27001, SSAE 16, PCI DSS ou HIPAA qu'affichent les ténors américains. La performance est un autre point de vigilance. "Les grands providers affichent à peu près tous le même taux de disponibilité, jusqu'à 99,995%", note l'expert. "Dans les faits, on constate en fin d'année que certains fournisseurs ne tiennent pas cet engagement de service."

"S'il s'agit d'une base de données massive et distribuée sur plusieurs régions à travers le monde, on devra alors s'orienter vers les providers américains"

"Pour héberger la base de données d'un site web institutionnel non critique, on pourra opter pour l'offre la moins chère", poursuit Samuel Bally. "Mais s'il s'agit d'une base de données massive et distribuée sur plusieurs régions à travers le monde, on devra alors s'orienter vers les providers américains, seuls à jouer dans cette catégorie." De même, une entreprise adepte des approches DevOps et CI/CD (intégration et développement continus) fera appel à des infrastructures intégrant Terraform.

En ce qui concerne la reprise d'activité et la continuité d'activité informatique, les grands prestataires sont, à ses yeux, mieux à même, de répliquer les données sur des sites vraiment distants, basés sur des géographies différentes. Pour se conformer au RGPD et à la certification d'hébergeur de données de santé (HDS), Azure puis AWS (ce n'est pas le cas de Google) ont ouvert des data centers en France avec des prix toutefois plus élevés que sur d'autres latitudes.

Samuel Bally note, par ailleurs, qu'une base de données est de plus en plus souvent associée à d'autres services cloud, en matière d'analytics ou de machine learning par exemple, permettant de travailler sur la donnée. Il observe que, là encore, la couverture fonctionnelle des géants américains est plus riche.

Paiement à l'usage vs approche forfaitaire

En termes de modèle de tarification, AWS a imposé, outre-Atlantique, le paiement à l'usage tandis que les prestataires français ont plutôt opté pour une approche forfaitaire.

Le mode américain du "pay as you go" suppose d'intégrer au prix du stockage proprement dit le coût des instances associées et les frais liés au transfert de données et à la sauvegarde. "La norme consiste à ajouter 20% de plus au montant affiché par les calculateurs de prix des providers", prévient Samuel Bally. "Il ne s'agit pas de coûts cachés puisqu'ils sont mentionnés au catalogue. Pour autant, il est difficile de tout prévoir comme par exemple les coûts liés aux tests de sauvegarde." Pour faire diminuer la facture, il reste possible de faire appel aux instances réservées. Grâce à ce dispositif dont il est le précurseur, AWS parvient tirer la facture vers le bas, et être moins cher que ses concurrents directs.

"Les besoins en capacités informatiques des instances sont plus faciles à anticiper pour une base de données, à la différence de celles liées à la puissance de calcul qui varient plus rapidement à la hausse ou à la baisse en fonction de la fluctuation de l'activité numérique." Par ailleurs, les grands comptes disposent de marges de négociation même si officiellement AWS, Microsoft ou Google affirment que leurs tarifs sont identiques qu'il s'agisse d'une multinationale ou d'une PME.

"En dépit des engagements de réversibilité affichés par les fournisseurs, le choix d'un provider reste engageant en termes de coûts", rappelle Samuel Bally. "Si techniquement, il est possible de rapatrier une base de données managée chez soi sur une infrastructure on-premise ou la transférer vers une autre plateforme cloud, le tarif appliqué au transit des données sortantes peut vite se révéler rédhibitoire dès que l'on dépasse le téraoctet", prévient l'expert qui évoque une forme de "vendor locking" cachée.