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Les sanctions sont-elles vraiment efficaces ?

Rémy Mallet
22 mai 2018

Les Etats-Unis ont indiqué lundi qu’ils allaient imposer à l’Iran  les sanctions "les plus fortes de l'Histoire". Au Venezuela, Washington a également durci ses sanctions au lendemain de l’élection du président Maduro.

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Symbolbild Kündigung Atomabkommen mit Iran durch USA
Image : Imago/Ralph Peters

L’utilisation de sanctions contre un pays est une pratique courante dans les relations internationales. Mais elles ne permettent pas toujours de contraindre les pays visés à changer d’attitude. C’est ce qui ressort d’une étude menée par des chercheurs américains de la Peterson Institute for International Economics, après avoir étudié 200 cas de sanctions de la première guerre mondiale jusqu’au début de l'année 2000.  
"Dans l’étude qu’ils ont mené, ils ont démontré que seulement un tiers des sanctions a abouti à un changement en terme de comportement des pays ciblés. Ces chiffres sont même remis en cause par d’autres chercheurs qui estiment à 5 % l’effectivité des sanctions", explique Christian von Soest, directeur du département Paix et Sécurité de l’Institut leibniz pour les études globales et régionales. 

C’est dire que les sanctions ne conduisent pas nécessairement au changement d’une ligne politique. Mais elles sont en revanche plus ou moins efficaces quand elles ciblent l'économie. La Corée du Nord et Cuba en sont les exemples les plus illustratifs. Ces pays souffrent de sanctions économiques, certes. Mais ils ne fléchissent pas pour autant leur ligne politique. 

Mike Pompeo US Außenminister
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo qui a menacé Téhéran de très importantes sanctions pour qu'il se plie à une liste de 12 exigences draconiennes en vue d'un "nouvel accord" beaucoup plus vaste. Image : picture-alliance/AP Photo/J. S. Applewhite

En Iran, après les sanctions américaines de 2010 et celles de l’Union européenne en 2012, les exportations de pétrole ont chuté. Il est toutefois difficile de dire si c'est le contexte des sanctions économiques qui avait conduit Téhéran à signer l’accord de 2015, car aucun pays n’avouera avoir été forcé par les sanctions pour agir d’une manière ou d’une autre explique Christopher Daase, politologue à l’université de Frankfort. Concernant les nouvelles mesures prises par Washington contre l'Iran après son retrait de l'accord, Christopher Daase estime cependant qu'on ne peut pas parler de sanctions dans ce cas. 

"En principe, les sanctions sont des coûts imposés à un acteur qui a violé une norme globale. L’Iran est puni or il a adhéré à l’accord nucléaire. Mais ce qui se cache derrière ces mesures, c’est la crédibilité de Trump, son électorat à l'interne, l’application de sa volonté et son désir d'agir en homme fort", analyse-t-il. 

En Iran comme au Venezuela, plusieurs observateurs doutent de l’efficacité des sanctions américaines. Des sanctions qui risquent d’affecter plus la population que les hommes à la tête de ces États.