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Grand Angle

Droits de l’Homme au Maroc : «La dégradation se poursuit» et «les restrictions persistent»

Alors que le monde célèbre ce mardi la Journée internationale des droits de l’Homme, les associatifs sont partagés entre ceux qui reconnaissent des avancées, tout en insistant sur les attentes, et ceux qui dressent un tableau sombre de la situation au Maroc.

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Une manifestation à Rabat. / DR
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Le monde célèbre ce mardi la Journée internationale des droits de l'homme. Une célébration, coïncidant avec le 71ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, qui est marquée par plusieurs constats tant au niveau national qu’international.

Au Maroc, la société civile reste divisée entre ceux qui dressent un bilan mi-figue mi-raisin de l’évolution de la situation des droits de l’homme dans le pays, et d’autres qui pointent du doigt ce qu’ils considèrent comme une dégradation. En somme, aucun des deux camps n’évoque une avancée majeure.

«Il faut reconnaître plusieurs acquis enregistrés au Maroc pour les droits de l’homme», nous déclare ce mardi Boubker Largo, président de l’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH). Rappelant la mise en place de plusieurs mécanismes, dont le mécanisme national de prévention de la torture au Maroc du Conseil national des droits de l’Homme, il estime toutefois que les attentes des associatifs restent grandes.

L’occasion pour lui de passer en revue plusieurs dossiers en attente, comme la révision du code pénal, qui a «de nombreux problèmes en ce qui concerne les libertés individuelles et l'avortement, avec des articles qui ne sont plus conformes à ce que nous avons réalisé dans le domaine», confie-t-il.

Pour Boubker Largo, le code pénal n’a pas connu de réel changement pour être conforme à la Constitution de 2011 et aux engagements du Maroc sur l’échelle internationale. «Le Royaume doit modifier ses lois pour se conformer aux conventions internationales qu’il a déjà ratifiées et qui ont été publiées au Bulletin Officiel», ajoute-t-il.

Des choses qui s’accomplissent mais une dégradation qui se poursuit

Il rappelle aussi que la société civile attend du Maroc qu'il abroge la peine de mort et aborde les «problématiques réelles» de la santé, l’éducation, l’accès à l’habitat et la culture, dans le cadre des droits économiques et sociaux.

«Il y a des choses qui ont été accomplies, et il y a des choses qui ne l'ont pas été. Bien sûr il faut tenir compte des contraintes internes et internationales, d'autant que l'agenda international ne considère pas les droits de l'homme comme une priorité.»

Boubker Largo

De son côté, le président de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme (LMCDH), Driss Sedraoui insiste sur la «dégradation des droits économiques et sociaux». «Il y a de la spoliation des terres des citoyennes et des citoyens, sur les terres des Soulaliyates; et une dégradation de l'éducation, de la santé et de l'emploi, ainsi que de la situation sociale et économique», dénonce-t-il.

«C'est un jour qui démasque la situation des droits de l'homme au Maroc, qui se dégrade jour après jour, et nous considérons que cette étape est plus régressive, avec une atmosphère de répression et de restrictions qui règne actuellement.»

Driss Sedraoui

En cette journée de commémoration, le président de la LMCDH appelle l’Etat à «revoir sa politique dans le domaine des droits de l'homme». Il invite aussi le gouvernement à «retirer de nombreux décrets et lois qui touchent les droits de l'homme, tels que l'article 9 de la Loi de finances et les lois des terres collectives».

Des restrictions qui «empêchent les Marocains de jouir de leurs droits»

Pour sa part, le président de l’Association marocaine des droits de l’Homme, Aziz Ghali déplore l’absence de toute avancée en matière de droits humains.

«Nous continuons à vivre avec une Constitution loin de la démocratie et des droits de l'homme, avec la promulgation d'un ensemble de lois portant atteinte à ces droits, telles que les lois relatives au droit à la terre et la Loi-cadre relative à l'éducation», ajoute-t-il.

Evoquant les droits politiques et civils, le président de l’AMDH pointe plusieurs «restrictions touchant la liberté d'expression, et un retour aux procès évoquant les sacralités». Il cite d’ailleurs l’exemple de Moul Kaskita et Moul L7anout avant d’affirmer l’existence de «prisonniers politiques au Maroc».

«La torture persiste au Maroc alors qu’il y a de plus en plus de restrictions imposées aux journalistes. Le droit à la vie tout comme les droits économiques, sociaux et culturels, continuent d’être violés.»

Aziz Ghali

«Nous avions l'habitude de dire dans le passé que la situation était fragile, maintenant nous disons que la situation est très mauvaise et qu'il y a un revers juridique», déplore le président de l’AMDH. Pour lui, «le citoyen marocain n'a pas atteint le point de la jouissance de ses droits malheureusement».

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