L’industrie cimentière veut réduire de 80% ses émissions de carbone à l’horizon 2050
Alors que l'activité continue de croître, le sujet du développement durable s'impose de plus en plus dans le secteur. La filière, qui a produit 18 millions de tonnes de ciment en 2017, parie sur la formulation de ciment à faible teneur en clinker, la valorisation de déchets minéraux et une forte incorporation de combustibles de substitution pour réussir son ambitieux défi.
Augustin Flepp
L’industrie cimentière qui représente 2,9% des émissions de gaz à effet de serre en France a réaffirmé ses engagements en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Le secteur entend poursuivre ses efforts pour limiter l’empreinte carbone de son activité, très gourmande en énergie et en ressource.
A l’occasion d’une conférence de presse organisée le mercredi 14 novembre, Bénédicte de Bonnechose, la présidente du Syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic) a présenté la trajectoire bas-carbone fixée par le secteur pour atteindre une réduction de 80% des émissions de CO2 à l’horizon 2050, par rapport à 2016.
Taux de substitution
La filière qui dispose de 40 sites industriels en France a rappelé ses efforts initiés dans les années 70 pour une gestion plus raisonnée de ses ressources, une amélioration de ses process industriels et une valorisation des déchets. En 30 ans, le secteur affirme avoir réduit de 40% ses émissions de CO2. Les industriels ont remplacé progressivement les combustibles fossiles comme le coke de pétrole, le charbon ou le fioul lourd par des combustibles de substitution (huiles usées, bois broyé, boue de station d’épuration…). En 2017, le secteur a réussi à atteindre un taux de substitution de 44%.
Pour atteindre l’ambitieux cap fixé pour 2050, l’industrie cimentière compte sur le développement de nouveaux ciments bas-carbone, l’arrivée de nouvelles technologies de rupture (stockage du carbone) et la massification de combustibles dits « écologiques ». La filière travaille sur la formulation de nouveaux ciments composés d’une faible teneur en clinker - le produit issu de la cuisson à haute température de l’argile et du calcaire – tout en conservant leur résistance mécanique.
Cette nouvelle génération de ciments (CEM II/C-M, CEM VI) composés de clinker, de composés cimentaires (laitiers, cendres) et de calcaire est en cours de normalisation d’ici à 18 mois. La teneur en clinker varie de 50 à 60% pour les CEM II/C-M et de 35 à 50% pour les CEM VI, précise le Sfic.
Basse température
La recherche se porte aussi vers les produit LC3 (Limestone calcined clay cement) constitués de clinker, de calcaire et métakaolin (argile calcinée). Ces ciments présentent une résistance physique supérieure à celle des ciments actuels et une empreinte environnementale en dessous de 35 à 40% par rapport au ciment Portland (CEM 1). Leur mise sur le marché français pourrait intervenir d’ici deux ans.
Un projet européen de recherche « EcoBinder » qui réunit 14 partenaires, cimentiers, laboratoires et bureaux de contrôles a pour mission de produire de nouveaux clinkers à basse température, avec une baisse à la clé de 30% de la consommation d’énergie.
La fabrication de ces nouveaux ciments pourrait permettre d’économiser 127 kg de CO2 d’ici 30 ans, soit 20% des émissions générés en 2016 (656 kg de CO2).
Incorporation de déchets minéraux
La filière compte également incorporer davantage de déchets minéraux (terres polluées, briques, béton concassé) pour apporter les quantités de calcium, silice, fer et alumine ainsi que les calories nécessaires à l’obtention de la bonne température. Lancé en 2012, le projet national Recybéton poursuit ses études expérimentales afin de réutiliser les matériaux issus des bétons de déconstruction comme matière première dans la production des liants hydrauliques.
Les laboratoires de l’industrie cimentière tentent aussi de valider les technologies encore embryonnaires et peu matures du stockage du CO2. Plusieurs programmes sont en cours : Fastcarb (stockage du CO2 dans les granulats de béton recyclés), Oxyfuel (concentration du CO2 via une combustion de l’oxygène), Leilac (séparation du CO2 dans l’étape de précalcination).
►Le marché du ciment en hausse de 3% en 2018
L’industrie cimentière qui représente 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires anticipe une croissance d’activité de 3% pour 2018. « 2018 est la deuxième année de reprise de la croissance de nos marchés, en lien avec les indicateurs avancés très positifs du marché du bâtiment », a déclaré Bénédicte de Bonnechose, la présidente du Sfic. « Nous envisageaons une croissance du marché du ciment de l’ordre de 3% pour cette année, qui fait suite à une croissance de 4% pour 2017 », a-t-elle ajouté en rappelant que le secteur avait attaint un niveau bas fin 2016, avec une production de 17 millions de tonnes de ciment.
Si la filière a enregistré une croissance soutenue au début de l’année, elle observe depuis l’été les premiers effets d’essoufflements sur le marché de la maison individuelle et dans le collectif. Dans ce contexte, le secteur table sur une croissance atone, voire négative pour 2019. Le marché des travaux publics demeurent « plus dynamique », a relevé Bénédicte de Bonnechose.
L’industrie cimentière veut réduire de 80% ses émissions de carbone à l’horizon 2050
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