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Gavin Grindon : "L'objet désobéissant aide les protestataires à se faire entendre"

La rencontre. Enseignant à l'université britannique de Kingston et chercheur invité au Victoria and Albert Museum, à Londres, il analyse depuis dix ans les mouvements contestataires sous l'angle des objets qu'ils produisent.

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Publié le 22 août 2014 à 12h33, modifié le 22 août 2014 à 12h48

Temps de Lecture 2 min.

Gavin Grindon, commissaire de l'exposition

Gavin Grindon étudie les « objets désobéissants ». Cet enseignant à l'université britannique de Kingston et chercheur invité au Victoria and Albert Museum (V&A), à Londres, analyse depuis dix ans les mouvements contestataires sous l'angle peu commun des objets qu'ils produisent. Des affiches et des badges, des vélos, des ballons, des boucliers... pas comme les autres. D'où l'idée de leur consacrer – pour la première fois – une exposition qui décode leur design, leur conception, leur impact culturel, social et politique. Baptisée « Disobedient Objects », elle est présentée au V&A jusqu'en février 2015. Gavin Grindon en est l'un des commissaires.

Qu'est-ce qu'un « objet désobéissant » ?

C'est l'outil de la contestation. Une pancarte brandie pendant un piquet de grève, par exemple. Prenez les ballons gonflables en forme de pavés géants envoyés par les manifestants sur les forces de police lors de la grève générale de Barcelone en 2012 : ils ont été inventés pour ridiculiser les autorités. En recevant ces ballons, les policiers n'ont pas d'autre choix que de tenter de s'en débarrasser – ils donnent alors l'impression de jouer au beach-volley ! – ou de les détruire, ce qui les met dans une position tout aussi absurde.

Pavé géant gonflable brandi face à la police à  Barcelone, en 2012 : exemple d'objet ayant vocation à contester l'ordre établi que présente l'exposition du Victoria  and Albert Museum, conçue notamment par Gavin Grindon.

Comment expliquez-vous le succès croissant de ces objets ?

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Ils sont fonctionnels, créatifs et s'inscrivent dans l'ère de la communication. C'est le cas des Book Blocks, inventés dès 2010 par des étudiants à Rome, puis à Londres, Oakland, Berkeley, Madrid… Ces boucliers, utilisés pour se protéger, reprennent les titres de couverture de livres défendant la liberté, comme Rights of Man, de Thomas Paine. Si la police attaque, les médias diffuseront l'image des autorités combattant les idées fondatrices de la civilisation.

Qui conçoit ces outils ?

C'est une conception collective, participative, on oublie souvent qui a mis l'idée en place. C'est un design populaire assez brut, avec des objets réalisés sur le moment, dans l'action, par des non-professionnels, avec les moyens du bord. Parfois, certains collectifs d'architectes, de designers, de graphistes, d'artistes prêtent main-forte : 123 Occupy a imaginé la construction du campement protestataire d'Occupy Wall Street en 2012 ; The Laboratory of Insurrectionary Imagination a lancé en 2009, lors du sommet de Copenhague sur le climat, le concept des Bike Blocks – des vélos détournés dans le but de diffuser des bruits gênants pour la police notamment. Ensuite, le mode d'emploi pour fabriquer l'objet est diffusé sur le Net afin que chacun se l'approprie.

Vélo customisé par un collectif artistique pour produire du vacarme (le Bike Block).

Ces objets sont-ils en mesure de changer le monde ?

Oui, ils aident les protestataires à se faire entendre. Ils montrent aussi, dans certains cas, à quoi ce monde pourrait ressembler : le campement de 123 Occupy était organisé de manière à bannir les notions de hiérarchie. Enfin, parfois, ils influencent directement notre quotidien : en 2004, au moment de la convention nationale républicaine à New York, un projet de média contestataire baptisé TXTmob a permis aux militants de contourner les médias traditionnels en faisant passer leurs messages et informations directement par smartphone… Twitter s'en est inspiré. 

« Disobedient Objects » au Victoria and Albert Museum, à Londres. Jusqu'au 1er février 2015. www.vam.ac.uk

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