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Le secret du «made in Germany» qui embauche à tour de bras

«Nous fabriquons ce que les autres ne fabriquent pas et nous vendons dans le monde entier», explique Mathis Menzel, le patron de Menzel Elektromotoren.

Bâtiments en briques rouges, monte-charge d'après-guerre, petits ateliers du bon vieux temps… Rien ne laisse à penser que derrière ce décor d'usine de révolution industrielle se cache le secret du «made in Germany». Quel est le secret du succès? «Nous fabriquons ce que les autres ne fabriquent pas et nous vendons dans le monde entier», répond Mathis Menzel, le patron de Menzel Elektromotoren, une PME familiale qui fabrique à Berlin des moteurs électriques et compte 150 salariés.

La concurrence asiatique ne lui fait pas peur. «Vous savez, il y a toujours une entreprise chinoise qui vous offrira des prix de 50% inférieurs aux nôtres. Mais elle ne s'intéresse qu'à la production de masse, pas si vous voulez deux ou trois moteurs de bonne qualité. C'est cela notre point fort et celui de nombreuses PME en Allemagne», résume-t-il.

Les PME sont la colonne vertébrale de l'économie allemande: plus de 99% des entreprises d'outre-Rhin comptent moins de 500 salariés et elles emploient deux tiers des salariés du pays. Menzel Elektromotoren en fait partie et réalise plus de 70% de son chiffre d'affaires à l'exportation, dont deux tiers dans l'Union européenne. «Sans les exportations, nous ne serions plus là. Même ce que nous vendons en Allemagne part ensuite à l'étranger», reconnaît-il. Son entreprise compte plus de 1000 clients à travers dans le monde, des cimentiers du Moyen-Orient en passant par les mines d'or d'Afrique du Sud, les usines de plastique d'Europe ou les industriels chinois.

L'Europe pour moteur

Après ses études, Mathis Menzel a repris cette entreprise de moteurs électriques fondée il y a 90 ans par ses aïeuls. Pour lui, les réformes du marché du travail de 2005, initiées par le chancelier social-démocrate, ont été déterminantes pour relancer une économie allemande trop rigide. «Schröder a flexibilisé le système en libéralisant notamment l'intérim. Cela nous a beaucoup servi et tout le monde en profite», insiste-t-il. «Il n'y a pas eu de réduction de salaire. Chez nous, le minimum est à 14 euros de l'heure (ndlr: contre 8,50 euros comme minimum légal)», ajoute-t-il. En dix ans, le nombre d'employés est passé de 30 à 150, le chiffre d'affaires de 3,5 à 25 millions d'euros et la part des exportations de 10 à 70%.

Jamais l'Allemagne n'avait compté autant d'actifs depuis vingt-cinq ans (43,4 millions) avec 450 000 postes créés en un an. «Nous en attendons 300 000 à 400 000 de plus cette année», assure Holger Schäfer, économiste à l'Institut de recherche économique de Cologne (IW), proche du patronat.

Sans l'Europe, l'économie allemande ne serait pas en si bonne santé et les moteurs Menzel n'existeraient plus. Une crise sur le continent serait fatale. «Merkel est la chancelière qui nous garantit la stabilité politique dont nous avons besoin. C'est un facteur très important pour les PME allemandes. Nous profitons énormément de l'Europe. Si un pays comme l'Italie sortait de l'Union européenne, par exemple, ce serait une catastrophe pour nous», explique Mathis Menzel.

Chez Menzel, on préconise aussi le système de formation professionnelle par alternance, unique en Europe, permettant d'assurer la relève dans les ateliers. «C'est la seule façon de trouver de la main-d'œuvre qualifiée», explique Mathis Menzel. Plus de 500 000 contrats d'apprentissage sont signés chaque année en Allemagne. Selon l'Office fédéral des statistiques, ils sont seulement 7% à chercher du travail chez les moins de 25 ans. C'est le plus bas niveau en Europe.

Immigration salutaire

La relève? C'est le plus grand défi de l'économie allemande. Actuellement, plus de 700 000 postes sont vacants en Allemagne contre 300 000 en 2009. «Nous avons eu la chance de puiser de futurs salariés en partie parmi les centaines de milliers de réfugiés qui sont arrivés chez nous en 2015», explique Mathis Menzel. Sans une immigration massive, le «made in Germany» est menacé sur le long terme, préviennent les chefs d'entreprise en Allemagne.

Enfin, dernière clé de la réussite: le dialogue social. Le chef d'entreprise rappelle que dans les années de crise, les syndicats ont joué un rôle essentiel. En 2008, ils avaient accepté une stagnation des salaires dans la métallurgie. «Cela a permis aux PME allemandes de renforcer leur compétitivité et de sauver des emplois», explique Mathis Menzel.