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Les promesses de la blockchain : des applications concrètes dès 2018 pour la gestion

Les projets associant les acteurs de la gestion se multiplient. Les asset managers espèrent, à terme, se passer des intermédiaires et réaliser des économies substantielles. La blockchain devrait également leur permettre de reprendre la main sur la connaissance client. 

Par Sophie Rolland

Publié le 11 sept. 2017 à 14:53

Test réussi pour la plate-forme FundsDLT. En juin dernier, celle-ci a annoncé que pour la première fois, des investisseurs avaient pu souscrire des parts de fonds de Natixis Asset Management (NAM) grâce à la blockchain. Connue jusqu’à maintenant pour être la technologie utilisée par les monnaies virtuelles comme le bitcoin, la « chaîne de blocs » (en français) devrait bientôt révolutionner la gestion d’actifs . Le Trésor, qui prépare une ordonnance sur ce sujet pour l’automne, ne s’y est pas trompé. Et les projets visant à mettre ce registre virtuel immense au service des gestionnaires d’actifs se multiplient. 

-1- Pourquoi la blockchain est particulièrement adaptée à la gestion d’actifs

Parmi tous les métiers de la finance, la gestion d’actifs reste l’un des plus intermédiés, avec une chaîne d’opérations particulièrement longue et complexe. Ainsi, les asset managers gèrent des fonds dont le passif est en général tenu par des dépositaires (SG Securities Services, BNP Paribas Securities Services, Caceis...). Les dépositaires se chargent de la tenue de comptes et de la conservation des titres des organismes de placement collectif (OPC). Ils enregistrent les opérations et en assurent le règlement et la livraison en relation avec le dépositaire central (Euroclear), tiennent à jour les positions et gèrent les opérations sur titres. Le problème de cette externalisation est que non seulement les opérations de souscriptions/rachats sont peu fluides, mais surtout les gestionnaires d’actifs n’ont qu’une connaissance très imparfaite de leurs clients finaux. Et accessoirement elle génère des coûts qui se répercutent dans les frais de gestion.

-2- Test réussi sur les transactions

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FundsDLT - une collaboration entre Fundsquare et KPMG Luxembourg - a déjà réussi à prendre en charge une transaction réelle. Concrètement, la blockchain a permis à l’investisseur de lire le prospectus, de voir la valeur liquidative et de prendre la décision de souscrire des parts de fonds. Côté administration de l’ordre, ce dernier a été pris en charge par la plateforme, et la société de gestion et le régulateur ont été informés. Il a également été valorisé et exécuté, avec un virement du compte de l’investisseur vers celui du fonds et l’inscription du transfert de propriété dans le registre blockchain. 

L’initiative Funds DLT rassemble « quelques dizaines de sociétés de gestion europénnes et américaines », explique Said Sihri, chez KPMG Luxembourg. « Nous espérons un développement commercial totalement sécurisé avant fin 2018 », indique, quant à lui, Olivier Taille, responsable du projet blockchain chez NAM. De quoi accélérer significativement les transactions. Aujourd’hui, il faut compter plusieurs jours entre la décision d’investir et l’exécution de l’ordre. « La blockchain offrira aux sociétés de gestion une véritable alternative au dispositif actuel de règlement livraison et de tenue du registre des parts de fonds et permettra de réaliser des économies importantes qui bénéficieront in fine aux investisseurs. » 

-3- La blockchain dédiée à la tenue de passif

Le problème est que pour l’instant le projet de FundsDLT ne permet pas à la société de gestion d’avoir une vision complète de son passif (c’est à dire de ses clients). Lui échappent les transactions qui ne transitent pas par la blockchain puisqu’elles n’y sont pas enregistrées. « Cela fait partie des prochaines étapes de développement, avec la gestion des opérations sur titres. L’objectif est que les sociétés de gestion puissent tenir l’intégralité de leur passif via la blockchain », poursuit Olivier Taille. 

Pierre Davoust, responsable du bureau parisien de la fintech londonienne SETL - avant cela il était adjoint au chef du bureau des marchés financiers à la Direction générale du Trésor - explique, lui, travailler à « la mise en place, en collaboration avec plusieurs sociétés de gestion, d’une plateforme qui sera dédiée à la tenue de passif, c’est à dire qui gèrera aussi bien les flux (i.e. les transactions, ndlr) que les stocks (i.e. la propriété de l’ensemble des parts de fonds) ». Des annonces plus précises sont attendues dans les prochains jours mais Pierre Davoust affirme déjà que « la phase de test est dépassée et un lancement opérationnel devrait intervenir ces prochains mois ». 

-4- Les acteurs menacés cherchent leur place

Prendre le virage avant qu’il ne soit trop tard... C’est la priorité pour un certain nombre d’acteurs dont le modèle d’activité promet d’être totalement bouleversé par la blockchain. Le projet BNP Paribas Fund Links par exemple permettra à BP2S, avec l’aide d’Axa IM, de créer une plateforme de distribution dont le but sera de faciliter la circulation des informations entre acheteurs et vendeurs de fonds. Les acheteurs de fonds n'auront par exemple à renseigner leur profil et les documents nécessaires à un nouvel investissement qu'une seule fois. Ces informations seront ensuite partagées avec les sociétés de gestion d'actifs présentes sur la plateforme. « Ce travail de KYC (know your client) est essentiel pour connaitre les origines des fonds et la nature de nos clients et nous sommes prêts à aider BP2S à le faire », indique Joseph Pinto, chez Axa IM. «Nous regardons aussi avec BP2S comment diminuer le temps de transaction grâce à la blockchain. Une annonce pourrait être faite début 2018 ». 

Euroclear s’intéresse également de très près au sujet et estime que « la blockchain pourrait aider les dépositaires centraux à automatiser certaines de leurs fonctions ». Sans surprise, le spécialiste du règlement livraison met l’accent sur les questions de sécurité, de robustesse et de confidentialité de la technologie. « Ces questions ne sont pas impossibles à résoudre mais il faut que la responsabilité soit portée par un acteur et les dépositaires centraux ont typiquement un rôle à jouer. » 

SOPHIE ROLLAND

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