Supprimer un terme du vocabulaire pour ne pas froisser l'administration Trump. C'est le périlleux exercice auquel semble vouloir se livrer le département d'agriculture américain. Dans des emails adressés à ses employés, les directeurs de cette agence demandent à leurs équipes de ne plus utiliser certains termes comme "changement climatique". L'administration recommande que lui soit préféré le terme de "évènements climatiques extrêmes". Cette série de messages que s'est procuré le journal américain "The Guardian" liste également d'autres recommandations en matière de langage. Ainsi, "l'adaptation au changement climatique" doit désormais être évoquée sous l'appellation de "résilience au évènements climatiques extrêmes". Le terme "réduction des gaz à effet de serre" est également remplacé par "construire de la matière organique solide" ou "augmenter l'efficacité de l'utilisation des nutriments". Quant-à la "séquestration du carbone", il faut désormais préférer le terme de "fabrication de matière organique du sol".
D'après le journal, Bianca Moebius-Clune, directeur du département de la santé des sols, aurait fait passer ce message, en précisant à ses équipes que "nous n'allons pas changer notre manière d'effectuer de la modélisation, mais seulement la manière dont nous en parlons", et qu'"il y a de nombreux avantages à stocker le carbone dans les sols, et l'atténuation des changements climatiques n'est que l'un d'eux" (cf page 25 du document ci-dessous qui rassemble cet échange de courriers).
2017-NRCS-00240-A-3 by The Guardian on Scribd
Le message qui ouvre cette série de documents est celui de Jimmy Bramblett, directeur des service des ressources naturelles et de la conservation au département de l'agriculture. Daté du 24 janvier 2017, celui-ci informe ses équipes que "il est désormais clair que les priorités de la nouvelle administration ne sont pas celles de la précédente, principalement en ce qui concerne le changement climatique. Ajoutant : "Merci donc de discuter avec vos équipes et de les mettre au courant de ce changement de perspective via les branches exécutives".
Pas évident toutefois de savoir, au seul vu de ces échanges, si ce glissement sémantique a été dicté par l'administration Trump elle-même, où s'il s'agit d'une initiative des responsables du département d'agriculture américain visant à la caresser dans le sens du poil. En effet, climatosceptique notoire, le président américain Donald Trump, a rapidement freiné des quatre fers pour mettre un terme aux efforts de l'administration Obama qui s'était fortement engagée en matière de lutte contre le changement climatique. Ainsi, le budget des départements liés à la recherche sur les sciences climatiques ont été considérablement amputés, un climatosceptique a été nommé à la tête de l'agence pour l'environnement, et en juin 2017, le président américain a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, visant à contenir le réchauffement sous les 1,5°C.