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Clovis Razafimalala : « A Madagascar, tous les défenseurs de l’environnement sont menacés »

Le militant écologiste a passé dix mois en détention préventive. Il vient d’être condamné à cinq ans de prison avec sursis.

Propos recueillis par Laurence Caramel

Publié le 25 juillet 2017 à 18h03, modifié le 25 juillet 2017 à 18h03

Temps de Lecture 2 min.

Clovis Razafimalala, coordonnateur de l’alliance écologiste Lampogno.

Le défenseur de l’environnement Clovis Razafimalala a été libéré, lundi 24 juillet, après dix mois de détention préventive. Il a été condamné à cinq années de prison avec sursis par le tribunal ordinaire de Tamatave, où se déroulait son procès.

Connu pour son engagement dans la lutte contre le trafic de bois de rose, le coordonnateur de l’alliance Lampogno, âgé de 47 ans, avait été arrêté le 16 septembre 2016 à Maroantsetra, une petite ville du nord-est de l’île dans laquelle il tient un cybercafé. Il était poursuivi pour « incitation à la rébellion » et « destruction de bâtiments administratifs ». Des faits qu’il a toujours niés. En mars, Amnesty International avait lancé une campagne pour dénoncer cette détention « illégale » décidée « sur la base d’accusations forgées de toutes pièces en raison de ses activités militantes écologistes ». Clovis Razafimalala fera appel de ce verdict.

Vous dénoncez un procès politique, pourquoi ?

Clovis Razafimalala Je n’ai jamais participé à la manifestation à laquelle on m’accuse d’avoir pris part. Un dossier a été monté contre moi mais il n’y a aucune preuve. J’avais des témoins qui auraient pu me disculper mais le procès a été organisé à 400 km de chez moi. C’était trop loin pour les faire venir. Ces mois d’emprisonnement puis cette condamnation sont un avertissement pour me dire de fermer ma bouche afin que les trafiquants de bois de rose puissent continuer à faire leur sale boulot. Les trafiquants sont protégés. Aucun d’entre eux n’a été jugé ni condamné. Pourtant, nous connaissons leurs noms, mais si je les prononce, je retournerai en prison. Seuls les petits sont inquiétés : les coupeurs de bois, les transporteurs, pas ceux qui, en haut, organisent le trafic.

Etait-ce votre première incarcération ?

Oui, mais depuis que je me suis engagé dans la défense de l’environnement en 2009, j’ai reçu de nombreux avertissements pour me dissuader de continuer. Ils ont essayé de brûler ma maison. J’ai reçu des menaces de mort. Je ne suis pas le seul. A Madagascar, tous les écologistes ou presque sont menacés. Ceux qui s’intéressent de près au trafic de bois de rose, de tortue, à l’exploitation illégale de saphir dans les parcs nationaux… Certains ont été envoyés en prison. D’autres, comme Augustin Sarovy, ont dû quitter le pays. La population nous soutient, mais elle a peur de nous suivre.

Le commerce de bois de rose fait l’objet d’un embargo international et Madagascar reste sous le coup de sanctions plus larges si un terme n’est pas mis au trafic. Quel bilan faites-vous de la situation ?

Le trafic a ralenti mais il existe toujours. Au moment de mon arrestation, d’importants chargements continuaient d’être observés au large d’Antalaha [nord de la péninsule de Masoala]. L’embargo international n’est pas efficace. Il faut trouver d’autres moyens de faire pression sur le gouvernement. La société civile doit être associée à la gestion des stocks de bois de rose qui ont été saisis et sur laquelle il n’existe aucune transparence dans un pays où la corruption est généralisée.

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