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Déjà un athlète coté en Bourse

Devenez actionnaire... d’un individu

Privatiser des baleines, créer un marché des organes, spéculer sur les cyclones : les folies du libéralisme n’ont de limites que celles de l’imagination. En bonne logique, il fallait que les individus eux-mêmes soient réduits à l’état d’actifs financiers. Il suffit pour cela de considérer une personne comme un « capital humain » divisé en parts échangeables sur un marché. Et susceptible de dégager un retour sur investissement.

Xavier Dorison et Thomas Allart ont conçu leur bande dessinée HSE. Human Stock Exchange (Dargaud, 2014) comme une œuvre d’anticipation. Il faudra peut-être songer à la reclasser dans la catégorie « documentaires ». L’argument ? Alors que l’économie des pays industrialisés est anéantie par une crise sans précédent, un seul actif financier semble résister : l’être humain. Les « gagnants » de la société peuvent en effet se faire coter sur un marché spécifique et toucher le montant de leur capitalisation. Sélectionnés en fonction de critères drastiques — profession, revenus, mais aussi situation conjugale, taux de glucose, coefficient socio-relationnel —, ils versent une partie de leurs revenus sous forme de dividendes à leurs actionnaires.

M. Adam Steege, un individu bien réel, pourrait presque être un personnage de HSE. Pour financer sa start-up de matériel chirurgical, ce diplômé de Columbia a ouvert un profil sur le site Upstart, créé en 2012. Alors que sur les sites de financement participatif classiques, comme Ulule, c’est le projet que l’on vend aux investisseurs, ici, c’est... l’individu. Le curriculum vitae de M. Steege a visiblement convaincu : l’ingénieur de 27 ans a levé 60 000 dollars (45 000 euros) auprès de vingt-six investisseurs, à qui il doit désormais 6 % de ses revenus annuels pendant dix ans.

Plusieurs centaines d’Américains se tournent ainsi vers des compagnies comme Upstart, Pave ou Lumni pour signer des « contrats de capital humain ». L’argent débloqué peut servir à tout : monter une entreprise, payer ses études, rembourser un prêt, mais aussi financer une tournée musicale, la production d’un film, un entraînement sportif... Le fonctionnement varie peu : pour prendre l’exemple d’Upstart, les candidats retenus détaillent leur parcours et leur projet, tandis que la plate-forme établit une projection de leurs revenus futurs. Les investisseurs (dits backers) misent sur ceux qui leur plaisent, en échange d’une part (jusqu’à 7 %) de leurs revenus futurs pour une durée déterminée (entre cinq (...)

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Laura Raim

Journaliste

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Privatiser des baleines, créer un marché des organes, spéculer sur les cyclones : les folies du libéralisme n’ont de limites que celles de l’imagination. En bonne logique, il fallait que les individus eux-mêmes soient un jour réduits à l’état d’actifs financiers.

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