VIDEO. Affaire Théo : un policier d'Aulnay-sous-Bois poursuivi pour viol

Trois jours après l'interpellation violente d'un jeune homme lors d'un contrôle à Aulnay-sous-Bois, quatre policiers ont été mis en examen dimanche pour violences volontaires, dont un pour viol.

Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), samedi. Les faits, qui se sont déroulés sur cette dalle jeudi après-midi, ont été filmés par les caméras de surveillance de la ville.
Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), samedi. Les faits, qui se sont déroulés sur cette dalle jeudi après-midi, ont été filmés par les caméras de surveillance de la ville. LP/INFOGRAPHIE / T.H.

    Le juge d'instruction a finalement retenu les charges les plus lourdes. L'un des policiers impliqués dans une intervention violente jeudi à la cité de la Rose-des-Vents, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a été mis en examen dimanche soir pour « viol avec arme en réunion ». Ce qui le rend passible d'un renvoi devant une cour d'assises. Ses trois collègues qui composaient la patrouille, eux, sont, poursuivis pour « violences volontaires avec arme par personnes dépositaires de l'autorité publique ». Tous ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer pour trois d'entre eux. Ils ont aussi tous été suspendus administrativement.

    Tout est parti d'un contrôle, jeudi vers 17 heures. Les policiers auraient entendu une dizaine de jeunes de la cité, qu'ils ont identifiés comme des guetteurs d'un trafic de stupéfiants, donner l'alerte. Une fois sur la dalle, les fonctionnaires auraient été accueillis par des insultes et au moins un coup. Un jeune assure, au contraire, avoir été giflé sans raison. En tout cas, la situation a totalement dérapé lors de l'interpellation de Théo, 22 ans, sans passé judiciaire.

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    Les policiers cherchent à menotter le jeune homme. Dans la mêlée, son pantalon de survêtement glisse. Alors qu'il se débat, un agent saisit sa matraque télescopique et porte un coup de manière horizontale. Théo s'effondre : l'arme a profondément pénétré dans les chairs. Les médecins ont constaté une plaie profonde, longitudinale, avec rupture du muscle sphinctérien. Blessure ayant nécessité une opération en urgence.

    Des images déterminantes

    Le juge d'instruction est allé à l'encontre du parquet qui, lui, considérait que le geste était certes inexcusable car destiné à faire mal, mais sans portée sexuelle. La séquence ayant été filmée par les caméras de la ville, la suite de l'enquête reposera en grande partie sur l'interprétation de ces images, décrites comme de bonne qualité.

    L'avocat du principal mis en cause n'a pas pu être joint. Mais le conseil du gardien de la paix ayant tenté de maîtriser Théo sur le haut du corps a réagi. « Mon client a utilisé la force strictement nécessaire, conformément à ce qui lui a été enseigné, et n'est en rien concerné par quelque accusation de nature sexuelle que ce soit. D'ailleurs, il conteste toute infraction », insiste Me Pascal Rouiller.

    Le malaise est perceptible. D'un côté, des habitants dénonçant ce qu'ils assimilent à des méthodes de « cow-boy » des forces de l'ordre. De l'autre, des policiers exténués et exposés aux agressions, comme à Viry-Châtillon en octobre. Ceux-là ont lancé un mouvement de fronde. Bruno Le Roux, le ministre de l'Intérieur, a proposé de recevoir hier les frères et sœurs de la victime pour faire le point sur l'enquête. Ceux-ci ont refusé.

    Dimanche soir, malgré la mise en examen pour viol de l'un des fonctionnaires, Aulnay s'apprêtait à vivre une nouvelle nuit placée sous haute surveillance.