L’esprit de la « résistance » s’est-il mis à souffler sur Washington ? En quelques jours, Donald Trump a essuyé une série de rebuffades qui montrent que la nervosité commence à monter dans le camp même du président. De l’armée au Congrès, les désaccords s’étalent au grand jour, de même que la rébellion contre la brutalité de ses manières. « La présidence n’est pas un éléphant, et ce pays n’est pas un magasin de porcelaine », s’est insurgé le sénateur républicain du Nebraska Ben Sasse.
Assiégé – et obsédé – par les fuites dans sa propre administration, le président américain a connu une semaine difficile. Son gendre, Jared Kushner, a comparu les 21 et 22 juillet devant les commissions du renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants. Son fils Donald Trump Junior n’a dû qu’à la mansuétude de la commission des lois du Sénat d’échapper aux caméras : les sénateurs se sont contentés d’un témoignage écrit.
M. Trump a répondu en faisant pleuvoir les coups et les reproches : sur son ministre de la justice, Jeff Sessions, vilipendé pour ne pas l’avoir protégé de l’enquête russe ; sur le procureur spécial Robert Mueller et sa « chasse aux sorcières » ; et sur les sénateurs républicains, accusés de lui manquer de « loyauté ».
Valse des démissions
Les développements dans l’enquête russe ont été éclipsés par les annonces surprises – l’interdiction des transgenres dans l’armée – et la valse des démissions de piliers du Grand Old Party : celle du porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, le 21 juillet, et celle, annoncée vendredi 28 juillet, du secrétaire général, Reince Priebus, implicitement accusé d’être à l’origine des révélations dans la presse et remplacé par John Kelly, le secrétaire à la sécurité intérieure. « Trump s’éloigne de plus en plus du Parti républicain », analyse David Brooks, du New York Times. Les populistes, en guerre permanente contre les partisans du statu quo, en sortent confortés. « Il y a des gens dans l’administration qui pensent que c’est leur travail de sauver l’Amérique de ce président, disait le 26 juillet le nouveau directeur de la communication de la Maison Blanche, Anthony Scaramucci. Le marigot ne l’abattra pas. » A l’œuvre depuis moins d’une semaine, M. Scaramucci a fait le ménage. La presse le qualifie désormais de « hit man », l’homme de main du président.
Même la très respectée sénatrice de l’Alaska, Lisa Murkowski, a été la cible de Tweet accusateurs de la part de M. Trump pour avoir persisté à s’opposer à l’abrogation de la réforme de l’assurance-santé de Barack Obama. Présidente de la commission de l’énergie et des ressources naturelles, elle a répliqué en annulant une série d’auditions de confirmation de hauts fonctionnaires nommés par le président. Et elle a fait partie des trois républicains qui, dans la nuit de jeudi à vendredi, ont fait échouer le « repeal » : l’abrogation de l’Obamacare, le Graal qui était promis depuis sept ans aux conservateurs.
Il vous reste 51.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.