L'usine ArcelorMittal de Florange le 25 avril 2013 à Hayange

L'usine ArcelorMittal de Florange le 25 avril 2013 à Hayange.

afp.com/JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Le témoignage, recueilli par France Bleu, est accablant. Un chauffeur de camion, ancien sous-traitant de l'entreprise ArcelorMittal Florange, affirme avoir été contraint de déverser durant trois mois de l'acide dans un dépotoir en pleine nature de l'usine sidérurgique.

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Dans un communiqué, la direction d'ArcelorMittal affirme n'être "en aucun cas à l'origine de prétendus déversements irréguliers sur la zone de stockage".

Vidéo à l'appui, l'homme assure que les salariés d'ArcelorMittal lui donnaient accès au crassier de l'usine, alors que l'acide aurait dû être recyclé dans une entreprise spécialisée.

Entre décembre 2016 et février 2017, l'ancien intérimaire chez Suez RV Osis Industrial Cleaning a transporté quotidiennement 24 m3 d'acide usagé, qu'il devait emmener en principe dans un "centre de recyclage. "Mais on me disait de charger l'acide et d'aller au crassier, avec la complicité de salariés d''Arcelor qui me donnaient les bons [de livraison] eux-même, a-t-il confié à France Bleu. Les bons n'indiquaient pas que c'était de l'acide. Ils indiquaient seulement que c'était de la boue de fer ou de la boue d'épuration."

"Les rochers éclataient à cause de l'acidité du produit"

Le sous-traitant déversait alors son "chargement en pleine nature, directement au sol. Les rochers éclataient à cause de l'acidité du produit. Le soir je rentrais avec les yeux rouges." L'homme, qui témoigne sous couvert d'anonymat, assure au Républicain Lorrain qu'il avait pour consigne "de ne pas tout déverser au même endroit pour ne pas défoncer la nature".

L'homme a finalement révélé cette situation à un pompier travaillant pour ArcelorMittal. Selon lui, son entreprise a pris connaissance de cette fuite et l'a licencié pour "rupture de discrétion commerciale". Le chauffeur est depuis au chômage.

Pourquoi verser de l'acide dans ce dépotoir? Une question d'argent, explique l'ancien salarié. ArcelorMittal rétribue le sous-traitant pour le traitement d'une partie de ses déchets, rappelle Le Républicain Lorrain. Mais selon le chauffeur, ce dernier "se met l'argent dans les fouilles et balance au crassier".

Enquête de la Direction régionale de l'environnement

La Direction régionale de l'environnement (Dreal) a ouvert une enquête afin de vérifier la traçabilité des déchets de l'entreprise, après ces révélations.

"Si ces faits étaient avérés, ils seraient le fait de personnes isolées au sein d'ArcelorMittal ou des entreprises sous-traitantes", ajoute le groupe ArcelorMittal dans le communiqué, qui précise qu'"aucun risque sanitaire ni environnemental pour les populations n'est à signaler". La CGT d'ArcelorMittal réclame toutefois une enquête indépendante sur cette affaire, tandis qu'un comité d'entreprise extraordinaire s'est tenu lundi sur le site de Forange.

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