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Venezuela : le plébiscite, nouvelle arme des anti-Maduro

L’opposition appelle les Vénézuéliens à un référendum informel dimanche, pour se prononcer sur le projet de Constituante du président Nicolas Maduro.

Par  (Bogota, correspondante régionale)

Publié le 12 juillet 2017 à 10h51, modifié le 16 juillet 2017 à 06h58

Temps de Lecture 3 min.

Manifestation contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas (Venezuela), le 10 juillet.

La sortie du dirigeant d’opposition Leopoldo Lopez, assigné à résidence depuis le 8 avril, n’aura pas suffi à calmer les manifestants vénézuéliens. Ils sont dans la rue depuis cent jours pour obtenir le départ du président, Nicolas Maduro.

L’éventuelle destitution de la procureure générale, Luisa Ortega, pourrait encore augmenter leur colère. Devenue très critique du pouvoir chaviste (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à 2013), la cheffe du parquet est accusée de « faute grave ». Les magistrats de la Cour suprême devaient se prononcer sur son sort mercredi 12 juillet. La campagne pour l’Assemblée constituante du 30 juillet n’est pas pour faire baisser la tension. Le plébiscite informel lancé par l’opposition pour contrer la Constituante non plus. Il doit avoir lieu dimanche 16 juillet.

Lundi, la coalition d’opposition (MUD) avait appelé à un « grand blocage » pour protester contre la tenue de l’Assemblée constituante. Pendant plusieurs heures, manifestants et barricades ont paralysé les artères de la capitale et des grandes villes, ainsi que plusieurs routes du pays. Un jeune de 16 ans a été tué dans la ville de La Isabelica (nord), portant à 93 victimes le bilan du mouvement de contestation.

Dans la ville de Maracay (centre), c’est un militant du Parti socialiste, candidat à l’Assemblée constituante, José Luis Rivas, qui a été tué par balles. Les autorités n’ont pas donné de détails sur les circonstances de sa mort. A Caracas, un engin a explosé près de la place d’Altamira, blessant sept policiers de la garde nationale.

« Traîtresse »

La réforme des institutions voulue par Nicolas Maduro est décriée par tous ses adversaires, qu’ils soient proches de la MUD ou qu’ils se proclament fidèles à l’héritage d’Hugo Chavez. C’est dire si la Constituante a des ennemis. Selon un sondage de l’institut Datanalisis, 70 % des Vénézuéliens y sont opposés.

L’Eglise catholique dénonce « l’inscription dans la Constitution d’une dictature militaire, socialiste, marxiste et communiste ». Les chavistes critiques, eux, accusent Nicolas Maduro de trahir la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez et de virer au dictateur. Ils voudraient incarner une troisième voie « ni Maduro ni la MUD ». Mais ils ont peu de visibilité et encore moins de poids politique.

Luisa Ortega, elle, accapare l’attention. Chaviste convaincue, elle a pris ses distances avec le gouvernement dès le 1er avril, en critiquant les magistrats de la Cour suprême qui s’arrogeaient le pouvoir législatif. L’Assemblée nationale, où l’opposition est majoritaire, est empêchée de légiférer depuis des mois. Mme Ortega dénonce désormais ouvertement les dérives du gouvernement et les abus de la force publique. Les chavistes la qualifient de « traîtresse ». Les magistrats de la Cour suprême ont d’ores et déjà gelé ses avoirs et ils lui ont interdit de sortir du territoire.

Chef incontesté du parti Voluntad Popular (droite), Leopoldo Lopez n’a pas le droit, lui, de sortir de chez lui. Après trois ans de détention, il a retrouvé sa femme, Lilian Tintori – qui s’est démenée pour obtenir sa libération et est devenue une figure médiatique – et leurs deux jeunes enfants. « Mais il n’est pas libre », ont souligné toutes les organisations de défense des droits de l’homme.

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Arrêté à l’occasion des grandes manifestations du printemps 2014, qui s’étaient soldées par la mort de 43 personnes, M. Lopez a été condamné à quatorze ans de prison pour instigation à la violence. Charismatique et virulent, il est le plus populaire des dirigeants d’opposition selon les sondages.

Marche nocturne pour demander le départ du président Nicolas Maduro, à Caracas (Venezuela), le 13 juillet.

« Valeur symbolique »

Les spéculations vont bon train sur les conditions et les raisons de sa libération. Dimanche, sur Twitter, Lilian Tintori a remercié deux dirigeants chavistes, l’ex-ministre des relations extérieures Delcy Rodriguez et son frère Jorge Rodriguez, pour avoir permis le retour de son mari. Ce faisant, elle s’est attiré les foudres de la base radicale de la MUD, opposée à toute négociation avec le pouvoir.

Le gouvernement a-t-il voulu redorer son image internationale ? Veut-il sincèrement jouer l’ouverture ? Bien peu de Vénézuéliens semblent croire à cette dernière hypothèse. D’aucuns craignent, en revanche, que le retour de Leopoldo Lopez sur la scène politique attise divisions et rivalités, dans une MUD qui peine à maintenir son unité.

« Les Vénézuéliens qui en ont marre de ce gouvernement sont unis dans la rue et c’est ce qui compte », affirme Margarita Trejo, militante de la MUD. Elle travaille à l’organisation du plébiscite du 16 juillet, organisé sans l’aval des autorités électorales. « Le scrutin n’aura qu’une valeur symbolique, évidemment, reconnaît-elle. Ce qui est important, c’est que des millions de Vénézuéliens descendent dans la rue pour faire la queue devant nos bureaux de vote et montrer au gouvernement que nous ne voulons pas de sa Constituante. » Une manifestation de plus va-t-elle changer la donne ? Les militants de la MUD veulent y croire.

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