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Un nouvel indice de climat thermique

Le monde vit de plus en plus de périodes de canicule.

Le monde vit de plus en plus de périodes de canicule.

Photo : iStock

Radio-Canada

On a déjà deux indices de confort thermiques et ils ne font pas l'unanimité dans la population. A-t-on vraiment besoin d'un autre indice?

Un texte d'Ève Christian

L’indice universel du climat thermique (IUCT) remplacera un jour avantageusement les deux indices qui font déjà partie des prévisions météorologiques, soit le facteur de refroidissement éolien (FRE), l’hiver, et l’humidex, l’été.

Cet indice est un indicateur qui permet d’avoir une idée de la température qui est ressentie par l’être humain en tous lieux, pour toutes conditions climatiques et à longueur d’année.

Il est plus complet que les indices déjà connus parce qu’il n'utilise pas que la température combinée avec un autre facteur comme le vent (pour le FRE) ou l'humidité (pour l’humidex), mais il en intègre quatre : la température, l’humidité de l'air, la vitesse du vent et l’ensoleillement ou, plus précisément, la quantité de radiation solaire qu'on reçoit.

Toujours à la recherche d’une meilleure quantification

Depuis le début du 20e siècle, des études tentent de quantifier le confort humain en fonction de la température. Au fil du temps, plusieurs indices ont été développés, les plus populaires, puisque faciles à calculer, étant le FRE et l’humidex. Cependant, aucun ne tient compte de tous les paramètres climatiques qui entrent en jeu dans les échanges de chaleur.

Après 10 ans de recherche, des experts mandatés par l’Association internationale de biométéorologie (International Society of Biometeorology) aboutissent en 2009 à cet indice universel du climat thermique.

Afin de s’assurer que la théorie rejoint la pratique, une étude est menée en collaboration avec l’Université Laval, à Québec, une ville au sein de laquelle les variations saisonnières sont importantes. Pour évaluer la justesse de l’IUCT, des données météorologiques de trois secteurs aux caractéristiques climatiques différentes ont été prélevées entre mars 2013 et février 2014 :

  1. Saint-Sauveur : une zone urbaine dense à proximité du centre-ville, où se trouvent des édifices de faible hauteur et des surfaces asphaltées dans une proportion de 70 %;
  2. Sainte-Foy : une zone ouverte entourée de bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels, où les surfaces asphaltées et naturelles sont en proportion comparables;
  3. L’aéroport Jean-Lesage : une zone éloignée du centre-ville où seulement 20 % des surfaces sont asphaltées.

On a calculé l’indice universel pour chacun des quartiers et en le comparant avec l’humidex et le FRE, on constate qu’il est plus polyvalent et qu’il définit mieux les conditions de stress thermique des différents milieux.

Tour de contrôle de l'Aéroport Jean-Lesage en hiver.

Un centre de prédédouanement pourrait voir le jour à l’Aéroport Jean-Lesage, à Québec.

Photo : Radio-Canada / Maxime Corneau

Le stress thermique

Le stress thermique, c’est l’expression des efforts que doit fournir le corps pour maintenir sa température à 37 °C; plus il doit compenser, plus il se trouve en situation de stress.

Un exemple concret? Par une belle journée ensoleillée d’été, avec un thermomètre indiquant 20 ºC, un vent léger et un haut taux d’humidité, l’IUCT serait au-delà de 30 ºC, ce qui correspondant à un stress thermique important.

L’échelle de l’indice universel de climat thermique est divisée en plusieurs niveaux correspondants à différents intervalles de températures.

  • Les conditions idéales où il n’y a aucun stress thermique se situent entre 9 °C et 26 °C;
  • Entre 26 °C et 46 ºC et plus : quatre niveaux de stress de chaleur (modéré, fort, très fort et extrême);
  • Entre 9 °C et -40 ºC et moins : cinq niveaux de stress de froid (léger, modéré, fort, très fort et extrême).

Ces différentes plages de températures offrent donc une information juste sur la façon la plus adéquate de s’habiller et sur le choix d’une activité physique plus appropriée au climat.

Par exemple, un indice universel de climat thermique au-delà de 32 ºC indique un fort stress de chaleur; s’il est sous -27 ºC, il correspond un très fort stress de froid.

Vous avez remarqué que l’indice universel s’exprime en degrés Celsius contrairement à l’humidex et au FRE qu’on donne sans unité? C’est normal, car ces derniers représentent une température ressentie et non réelle, comme ce qu’indique l’IUCT. Puisqu’il tient compte de l’ensemble des variables environnementales affectant l’équilibre thermique du corps plutôt qu’une seule variable, il quantifie précisément le confort thermique d’une personne dans le milieu dans lequel elle vit.

Un thermomètre dans la neige.

Un thermomètre indiquant le froid qui sévit parfois sur nos régions.

Photo : Radio-Canada / Kevin O'Connor

Si précis, mais non utilisé dans les prévisions

Il y a une raison simple pour laquelle cet indice universel de climat thermique ne fait pas partie des prévisions météorologiques malgré sa précision : il reste encore des défis à relever quant à la meilleure façon de le communiquer au public.

Rappelez-vous à quel point les indices d’humidex et de FRE sont galvaudés dans les prévisions météo commentées par des non-scientifiques; les météorologues ne veulent pas répéter l’histoire avec l’IUCT.

Pour l’instant, il sert principalement dans le milieu de la recherche, entre autres dans les domaines de la biométéorologie, pour l’aménagement du territoire et en design urbain, où il est d’une grande utilité. Il permet de connaître les effets de différents éléments sur le confort thermique de la population, comme la dimension des rues et des bâtiments et la présence des végétaux.

Les valeurs de l’IUCT sont différentes pour le centre-ville ou pour la campagne. En ville, on retrouve des îlots de chaleur en raison des bâtiments qui absorbent la radiation solaire le jour et qui la réémettent le soir venu. Cet élément est important; et on n’en tient pas compte dans l’humidex ou dans le FRE.

Et puisque les changements climatiques semblent vouloir occasionner plus de vagues de chaleur et qu’elles seront plus intenses, il est primordial d’avoir un indice qui donne une meilleure représentation des conditions qui règnent en ville; c’est un avantage au niveau de la santé publique.

D’où l’importance de faire le bon choix de mots pour que la signification de l’indice soit claire. C’est à suivre, bientôt je l’espère!

* Merci à Onil Bergeron, analyste en climatologie au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour l’explication de cet indice passe-partout

Ève Christian 

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