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Une démonstration de force du Ku Klux Klan tourne court en Virginie

Des centaines de militants antiracistes se sont mobilisés pour condamner l’organisation suprémaciste américaine, qui avait prévu de manifester à Charlottesville.

Le Monde avec AFP

Publié le 09 juillet 2017 à 01h27, modifié le 09 juillet 2017 à 08h19

Temps de Lecture 3 min.

Manifestation avortée du Ku Klux Klan en Virginie, le 8 juillet.

Des centaines de militants antiracistes américains ont réussi, samedi 8 juillet, dans une ambiance à la fois tendue et festive, à éclipser un rassemblement du Ku Klux Klan dans l’Etat de Virginie.

Les membres du « Klan » comptaient manifester contre le projet de retirer d’un jardin public de Charlottesville une statue équestre du général sudiste Robert Lee (1807-1870), qui a commandé les troupes confédérées durant la Guerre de Sécession. Mais leur démonstration de force – ils avaient prévenu qu’ils viendraient armés – a tourné court dans cette ville universitaire très majoritairement démocrate.

Accueillis par des cris hostiles, « Pas de KKK, pas d’Amérique raciste ! », les protestataires ont vu leurs prises de parole étouffées, n’étant eux-mêmes que quelques dizaines. Les nombreux policiers déployés ont dû former des haies de boucliers et isoler derrière des barrières les militants des Loyal White Knights of the Ku Klux Klan (« Les fidèles chevaliers blancs du Ku Klux Klan »), pour éviter des débordements.

Certains membres de ce groupuscule originaire de Caroline du Nord avaient revêtu la robe traditionnelle du Klan, évoquant le temps révolu des lynchages de Noirs et des croix enflammées.

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Chapeaux pointus

S’étant vu interdire de porter la cagoule complétant la panoplie, ils se sont néanmoins coiffés d’un chapeau pointu et ont brandi des drapeaux confédérés et des pancartes affichant des messages antisémites. « Voici notre message : arrêtez de maltraiter notre Histoire, sinon vous aurez affaire à nous », a lancé l’une des rares femmes du groupe. Ils sont repartis en rejoignant leurs pick-ups sous les injures et les huées.

Des centaines de contre-manifestants ont choisi eux de montrer leur condamnation du KKK par des actions pacifiques, allant de prières silencieuses à des farandoles enjouées porteuses de messages de tolérance. « Nous sommes ici une population très diverse. Ces gens tentent de s’incruster dans notre ville mais ils n’ont rien à y faire », a expliqué Nina Dowell, une animatrice de radio locale. « Nous ne pouvons accepter une organisation prônant un sectarisme fondé sur la couleur de la peau », a insisté la femme de 37 ans.

Au final, l’événement n’a fait que confirmer le profond déclin du Ku Klux Klan en Amérique, à une époque où les mouvements d’extrême droite les plus radicaux se sentent pourtant pousser des ailes depuis la campagne présidentielle victorieuse de Donald Trump.

Général esclavagiste

Qu’ils s’appellent Alt-Right ou White Supremacists, ils ont trouvé un nouveau motif de mobilisation dans la défense du drapeau et des monuments confédérés. Des symboles considérés comme racistes par une bonne partie des Américains, qui multiplient les procédures pour les déboulonner ou les faire disparaître des façades officielles.

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Ce débat agite le pays, de la Louisiane aux Carolines, du Maryland à la Géorgie et jusqu’à Washington, dont un vitrail de la cathédrale fait l’objet d’une campagne car il représente des soldats de la Confédération.

A Charlottesville, où ne s’est déroulée aucune grande bataille de la guerre civile (1861-1865), la décision de retirer la statue du général Lee avait été votée en février, au terme d’un débat de plusieurs années qui a laissé des meurtrissures.

« D’autres façons d’apprendre l’Histoire »

La mesure avait depuis été suspendue par un juge pour une durée de six mois, en attendant qu’un tribunal examine le dossier. « Robert Lee a beaucoup d’admirateurs dans tout le Sud, notamment car on y enseigne qu’il était un homme noble, un gentleman qui a durement œuvré pour la réconciliation », a expliqué Kristin Szakos, l’élue à l’origine de la proposition du retrait du monument. Selon elle, « il existe de nombreux autres moyens d’apprendre l’Histoire que des statues géantes dominant nos centres-villes ».

Un avis que ne partage pas Mason Pickett, un retraité sexagénaire rencontré au cœur de la ville aux splendides bâtiments de brique rouge : « Les statues représentent l’Histoire sous sa face belle et sa face sombre, on peut le déplorer ou s’en féliciter, mais c’est l’Histoire », disait-il.

Tina Young, une avocate de 49 ans, regrette, elle, que la Virginie et de nombreux autres Etats sudistes continuent à célébrer comme des héros les responsables confédérés alors que, dans la capitale fédérale Washington, « ils ont érigé une statue de Martin Luther King, ils ont un musée afro-américain, un musée juif, ils ont rééquilibré l’espace public ».

Robert Lee, rappelle-t-elle, « représentait l’esclavage » : « Il a combattu dans une guerre contre notre gouvernement qui a tué des milliers et des milliers de soldats ».

Le Monde avec AFP

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