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Fort Boyard : la maladie mentale n’est pas un jeu

Dans une tribune au « Monde », des associations de patients et des professionnels de santé estiment que l’épreuve de l’émission « Fort Boyard  » se déroulant dans une cellule capitonnée stigmatise les souffrances psychiatriques. Ils demandent son retrait et des excuses publiques de France Télévisions

Publié le 10 juillet 2017 à 15h39, modifié le 11 juillet 2017 à 12h08 Temps de Lecture 5 min.

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« Comment un service public censé être ­vigilant sur les risques de discriminations, racismes et atteintes à la dignité des personnes peut-il être aussi loin de la société ? » (Photo: Fort Boyard, au large de l’île d’Aix et de La Rochelle, en 2013).

TRIBUNE. Depuis le 24 juin, l’émission « Fort Boyard » diffuse une ­séquence intitulée « L’asile », rebaptisée « La cellule capitonnée » : dans ce jeu, le candidat, d’abord entravé par une camisole de force, est enfermé dans une salle capitonnée sans porte de sortie, sous des caméras de surveillance. Il doit se secouer et se contorsionner, à « en devenir fou », pour ­reprendre les termes de la production.

Pourquoi, alors que cette séquence bouleverse tant de téléspectateurs, de personnes concernées, familles, proches et professionnels de santé, la ­direction de France 2 n’envisage-t-elle pas une seconde sa suppression ?

Pourquoi, alors qu’un colloque, « Handicaps et médias », était organisé dans les locaux de France Télévisions, cinq jours après sa première diffusion, en présence de Delphine Ernotte et de représentants du ministère de la culture, du secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées, du Conseil supérieur de l’audiovisuel, n’avons-nous encore entendu aucune voix s’élever contre cette épreuve qui stigmatise la maladie et le handicap psychique ?

Comment est-il possible que des responsables chargés de programmes de divertissement aient pu, en conscience, valider un tel scénario ? Comment un service public censé être ­vigilant sur les risques de discriminations, racismes et atteintes à la dignité des personnes peut-il être aussi loin de la société ? « Fort Boyard » aurait-il enfermé des candidats ayant eu une autre pathologie ou handicap ?

« Quel est le message adressé aux jeunes
qui n’osent pas consulter
du fait des représentations désastreuses
des troubles psychiques
dans la société ? »

Pourquoi conforter auprès du grand public des fantasmes de « fou ridicule » ? Selon toutes les études, la stigmatisation est la première cause de souffrance, de retard de soins et d’exclusion des personnes touchées par des troubles psychiques. Pourquoi alimenter une nouvelle fois les pires clichés sur les maladies mentales, alors que d’autres émissions ont déjà été signalées ?

Deux millions de personnes sont suivies en France en psychiatrie. Une personne sur quatre, selon l’OMS, est, ou sera, confrontée dans sa vie à un problème de santé mentale : ­dépression, troubles bipolaires, schizophrénie… Les chiffres montrentque ces personnes représentent plus de 90 % des 10 700 morts par suicide annuelles et qu’elles sont très nettement plus victimes de maltraitance que les autres.

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