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Retraites : la situation financière se dégrade, Macron sous pression

EXCLUSIF + VIDEO - Le besoin de financement du système de retraites va perdurer jusqu’en 2040 dans le scénario le plus optimiste, du fait de la révision des prévisions démographiques et économiques. Cela complique la réforme annoncée par le nouveau président.

Par Solveig Godeluck

Publié le 19 juin 2017 à 15:25

Réformer les retraites sans subir la pression des déficits ? Ca ne sera finalement pas possible, vu la dégradation des perspectives financières que prévoit le Conseil d’orientation des retraites (COR), dans son rapport annuel qui doit être publié mardi et auquel ont eu accès « Les Echos ». Emmanuel Macron tablait au contraire sur l’embellie en cours pour mener sereinement  : fondre tous les régimes de retraite dans un système universel par points sans toucher ni à l’âge minimum ni au niveau des pensions.

Retour à l’équilibre en 2050 au lieu de 2025

Patatras. Alors que la cuvée du COR de juin 2016 prévoyait un retour à l’équilibre du système de retraite aux alentours de 2025 dans le scénario central – c’est-à-dire une croissance des revenus d’activité (et donc de la productivité) de 1,5 % par an – cet horizon s’éloigne considérablement. A 1,5 %, il faut attendre le début de la décennie 2050 pour sortir du rouge (après un déficit de 0,8 % de PIB entre 2027 et 2034). Ce n’est d’ailleurs plus tout à fait le scénario central, puisque l’hypothèse d’une productivité de 1,3 % est tout aussi bien positionnée. Et dans ce cas, aucun retour à l’équilibre n’est en vue, le besoin de financement atteignant 0,9 % du PIB entre 2028 et 2039.

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Dans le meilleur des cas, c’est-à-dire avec une croissance des revenus d’activité de 1,8 % par an (l’hypothèse optimiste de 2 % a été abandonnée en 2017), il faut quand même attendre 2040 pour retrouver le point zéro des déficits (après des besoins de financement de 0,7 % de PIB entre 2026 et 2030). Dans le pire des cas, avec seulement 1 % de croissance des revenus d’activité, la courbe plonge de façon irrémédiable, à 1,4 % de PIB de déficit en 2035.

EN VIDEO. Les Dessous de l’éco : Emmanuel Macron et le casse-tête budgétaire

9 milliards d’euros de besoin de financement dès 2021

Entre temps, les gouvernements successifs seront sur le gril. A commencer par celui d’Edouard Philippe : pour 2021, le besoin de financement du système de retraite est évalué à 0,4 % du PIB, soit près de 9 milliards d’euros, près du double du déficit constaté l’an dernier. Et la dégradation va s’amplifier à l’horizon de 2025-2030. Selon les hypothèses économiques, les besoins de financement du système de retraite en 2030 sont ainsi accrus de 0,6 à 0,9 point de PIB (selon les scénarios économiques) par rapport à ceux estimés il y a un an !

Cette dégradation des perspectives s’explique avant tout par la révision des prévisions démographiques de l’Insee en janvier. L’immigration devrait être moins importante que prévu, ce qui va peser sur la croissance du PIB et des recettes de cotisations à court terme. A plus long terme, dans la décennie 2060, l’allongement de l’espérance de vie va peser sur le système de retraites. Par ailleurs, la population active augmenterait moins que prévu, car l’effet bénéfique de la réforme des retraites de 2010 a déjà été engrangé.

Révision des hypothèses démographiques et économiques

La révision des hypothèses économiques de court et de moyen terme en 2017, dans le cadre du programme de stabilité, va également dégrader les perspectives financières. Les salaires et l’emploi progressent moins vite que prévu initialement, et les dépenses de retraite rapportées au PIB sont d’autant plus importantes que le dénominateur (le PIB donc) croît moins vite qu’attendu.

Une partie de la dégradation s’explique par un effet structurel  : la masse salariale des fonctionnaires croîtra moins que la masse salariale totale, or le taux de cotisation des fonctionnaires pour leur retraite est plus élevée que la moyenne. Le système bénéficiera donc de moindres ressources.

A l’inverse, la liquidation unique des régimes alignés (régime général, régime social des indépendants, mutualité sociale agricole) va se traduire par une réduction des dépenses plus significative qu’anticipé en 2016.

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