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Laura Flessel, à qui profite l'escrime?

L'ex-escrimeuse a été nommée au ministère des Sports dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe.
par Gilles Dhers et Sylvain Mouillard
publié le 17 mai 2017 à 16h08

Une quintuple médaillée olympique. Jamais le ministère des Sports n'avait accueilli un tel palmarès. Le nom de Laura Flessel ne faisait partie d'aucune short-list gouvernementale. Avenue de France, dans le XIIIarrondissement de Paris, la rumeur envoyait plutôt l'ancien judoka Thierry Rey, le gymnaste Yann Cucherat voire une ex-tenniswoman inconnue, Amélie Castera-Oudéa, qui s'était autoproposée dans l'Equipe. «La guêpe», 45 ans, fait son entrée en politique, cinq ans après son dernier assaut, en 2012, au deuxième tour du tournoi individuel d'épée lors des Jeux de Londres. Quelques jours plus tôt, elle était la porte-drapeau de la délégation française à la cérémonie d'ouverture. Juste récompense pour l'un des plus beaux CV du sport français, outre les breloques olympiques, elle affiche cinq médailles d'or, trois d'argent et quatre de bronze aux championnats du monde, en individuel ou par équipes. Toujours à l'épée, cette arme si particulière, longtemps uniquement masculine, où les combats se gagnent autant à la technique qu'à la roublardise, autant au physique qu'au cerveau.

Laura Flessel se révèle au grand public lors des JO d’Atlanta, en 1996, où l’épée féminine fait son apparition. Reine de la touche au pied, dans le replacement de l’adversaire, elle y remporte l’or en individuel et par équipes. Mais cette année-là, la reine française des Jeux est une autre Guadeloupéenne d’origine, Marie-José Pérec, qui réussit le doublé 200-400 m en athlétisme. La suite sera une longue collection d’honneurs et de médailles. Entachée d’un contrôle positif qui lui vaudra trois mois de suspension, en 2002.

JO 2024 et développement du sport amateur

Depuis sa retraite sportive, Laura Flessel-Colovic (du nom de son mari), a alterné les activités. Certaines pour promouvoir le sport qui l’a faite reine, d’autres n’ayant à voir ni avec l’escrime ni avec la politique (participation à Danse avec les stars), d’autres annonçant sa reconversion: nomination au Conseil économique, social et environnemental, au Conseil national du sport, marraine de l’association Paris 2018 pour l’organisation des GayGames.

Il y a deux semaines, Flessel signait, avec une soixantaine d'autres sportifs (en activité ou retraités), un appel à voter Emmanuel Macron au deuxième tour de l'élection présidentielle «pour que le sport demeure un espace de liberté, d'égalité et de fraternité». 

Au ministère des Sports, elle succédera à d’autres champions olympiques (Guy Drut, David Douillet, Jean-François Lamour, sous des gouvernements de droite), et à d’autres femmes, dont Marie-George Buffet (1997-2002) ou Chantal Jouanno. Sa première tâche sera d’accompagner la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux de 2024 (ou 2028). Cette échéance passée, en octobre, elle devra appliquer la feuille de route du candidat Macron : augmenter le nombre de sportifs amateurs de 3 millions, développer le sport à l’école et en entreprise, améliorer la protection des bénévoles, accompagner la reconversion des sportifs professionnels, rapprocher la fiscalité des clubs français de celle de leurs homologues européens pour les rendre plus compétitifs.  
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