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L’évolution psychiatrique xxx (2017) xxx–xxx
Article original
Crime et Psychiatrie. Antoine Léger, le lycanthrope :
une étape dans la généalogie des perversions sexuelles
(1824–1903)!
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Crime and psychiatry. Antoine Léger, the werewolf: A stage in the
genealogy of sexual perversions (1824–1903)
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Laurence Guignard (Maître de conférences) ∗
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Université de Lorraine, CRULH, Lorraine, France
Reçu le 19 novembre 2016
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Résumé
Objectifs. – Cet article présente mes travaux de recherche qui se consacrent depuis une vingtaine
d’années aux rapports qu’entretiennent la psychiatrie et la justice au XIXe siècle, ainsi que leur
dernier avatar : le cas Antoine Léger, assassin, violeur et anthropophage, jugé en 1824. L’analyse
de ce crime, exceptionnel par sa monstruosité mais aussi par la pérennité du cas dont les échos
se prolongent jusqu’au début du XXe siècle, permet de tracer le cheminement du crime puis
du cas médical, alors qu’on scrute avec une acuité croissante les ressorts intérieurs des actions
humaines.
Méthode. – Cette étude de cas est menée dans l’esprit de la démarche micro-historique, à partir d’un large
corpus de sources : le dossier judiciaire, l’ensemble des ouvrages médicaux qui ont utilisé ce cas clinique
ainsi que des sources de presse générale.
Résultats. – La série des textes qui ont mobilisé le cas Léger et qui montrent combien l’étiologie de la
perversité puis des perversions a constitué un axe fécond dans l’histoire de la psychiatrie. Le cas Léger
y fait l’objet d’une série de diagnostics, dans un premier temps autour de la question de la responsabilité
pénale — Étienne Georget et Étienne Esquirol, contemporains de l’affaire, défendent ainsi l’idée d’un acte
fou (monomanie) en dépit de la condamnation de Léger. À partir du milieu du siècle, la question s’infléchit
et c’est davantage la nature de l’acte qui retient l’attention des médecins, en une psychopathologie de la
!
Toute référence à cet article doit porter mention : Guignard L. Crime et Psychiatrie. Antoine Léger, le lycanthrope :
une étape dans la généalogie des perversions sexuelles (1824–1903) ? Evol Psychiatr 2017;82(3):pages (pour la version
papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Guignard-l@orange.fr
http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2017.03.002
0014-3855/© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
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cruauté qui mène à l’hypothèse des perversions sexuelles de Krafft-Ebing. Au cours de cette élaboration,
la figure du loup-garou, sous-jacente en 1824 et formalisée dans la seconde moitié du siècle, ainsi que sa
forme savante, la lycanthropie, paraissent jouer le rôle d’intermédiaires conceptuels capables de fournir la
piste d’une interprétation globale du crime.
Discussion. – Cette étude a permis de reconsidérer une affaire déjà travaillée par l’équipe qui travaillait
aux côtés de Michel Foucault dans les années 1970 sur un vaste chantier d’histoire de la justice et de la
psychiatrie, et de la soumettre à des méthodes neuves du travail par cas telle que Jacques Revel et JeanClaude Passeron l’ont définie dans le collectif Penser par cas (Paris 2005) : cas porteur de questionnements
« susceptibles de redéfinir avec lui une autre formulation de la normalité et de ses exceptions ». Elle a
également tiré profit de l’apport fondamental de l’anthropologie, notamment du travail de Daniel Fabre, pour
tenter de mettre à distance les discours dominants et d’appréhender, suivant leurs propres sens, les gestes
accomplis.
Conclusion. – Antoine Léger, le loup-garou, apporte ainsi sa contribution silencieuse à la réflexion sur les
actes pervers et permet de relier deux étapes dans les lectures des gestes cruels : la cruauté/immoralité et la
cruauté/perversion sexuelle.
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Mots clés : Histoire ; Histoire de la psychiatrie ; Lycanthropie ; Perversions sexuelles ; Perversité ; Cruauté ; Anthropophagie ; XIXe siècle
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Objective. – This article is the result of twenty years of research on the relationships between psychiatry, crime
and justice in the 19th century. This paper focuses in particular on the case of Antoine Léger, found guilty of
murder, rape and cannibalism in 1824. The analysis of this particularly horrific case, also characterised by its
many repercussions extending into the 20th century, enables the elaboration of the crime and subsequently
of the medical case to be followed, as well as the increasing scrutiny of the triggers underpinning human
actions.
Method. – The analysis of this case via a micro-historic approach is based on a large corpus of judicial
archives, medical writings that made use of the case, and press coverage.
Results. – The series of writings that made use of the Léger case show the extent to which the aetiology of
perversity and perversion fuelled reflexion through the history of psychiatry. The Léger affair was the subject
of numerous diagnoses, initially focusing on Léger’s penal responsibility. Etienne Georget and Etienne
Esquirol, contemporaries of the affair, thus supported the idea of an act of madness (monomania) despite the
fact that Léger was convicted. From the mid-19th century the questioning changed, and it was the nature of the
act that focused the attention of physicians, seen as demonstrating a psychopathology of cruelty, and leading
on to the hypothesis of sexual perversion proposed by Krafft-Ebing. According to this elaboration, the figure
of the werewolf, latent in 1824 and formalised in the second half of the 19th century, and its scholarly form
of lycanthropy, appear to serve as conceptual intermediaries able to provide lines of approach to interpret
the crime.
Discussion. – This exploration has enabled a reappraisal of this case, already examined earlier by the team
working with Michel Foucault in the 1970s on a wide-reaching history of the judicial system and psychiatry.
It also enables consideration of new research methods for case studies as defined by Jacques Revel and JeanClaude Passeron in their Penser par cas (Paris, 2005), where cases are seen as liable to redefine normality and
its exceptions. The study also brought to light the contributions of anthropology, and in particular the work by
Daniel Fabre, with an attempt to distance dominant discourse and apprehend acts and gestures in their own
meaning.
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Conclusion. – Léger the werewolf has thus made a silent contribution to reflection on perverse acts, and this
links two stages in the interpretation of cruel acts: cruelty as a form of immorality, and cruelty as sexual
perversion.
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Keywords: History; History of psychiatry; Lycanthropy; Sexual perversions; Perversity; Cruelty; Cannibalism; 19th
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C’est par le crime que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire de la psychiatrie, fortement intéressée il faut bien le constater par la face sombre de l’histoire des sociétés. D’abord
avec un mémoire de maîtrise consacré au spectacle des supplices publics à Paris et probablement aussi avec un professeur, Alain Corbin, qui avait suggéré le sujet et la démarche — une
branche de l’histoire des représentations qu’est l’histoire des sensibilités. Ce travail m’a amenée
à lire les travaux de Michel Foucault, particulièrement Surveiller et Punir [1], qui avaient permis
de voir dans ces scènes macabres un rite social de réintégration symbolique des condamnés
par une peine qui conservait son caractère expiatoire. C’était l’érosion de ce socle signifiant qui avait laissé entrevoir la violence de l’exécution capitale et ouvert la voie de sa
disparition.
Là avait surgi la question troublante du libre arbitre et de la responsabilité des actes, et surtout, en revers, celle des atténuations possibles de la culpabilité, jusqu’à l’irresponsabilité des
aliénés « en état de démence au temps de l’action » (art. 64 du Code pénal). Une notion à la
fois très ancienne, qui renvoyait à l’antique irresponsabilité des furieux et des idiots — conçue
comme une disparition de la subjectivité — dont on perçoit progressivement l’inadéquation aux
formes subjectives nouvelles bien plus graduées, mais aussi une notion moderne en ce qu’elle
permettait, par l’intermédiaire des experts, l’introduction en justice des conceptions neuves
du sujet et de la maladie mentale dont la psychiatrie est porteuse. J’y ai vu, intuitivement
d’abord, le lieu d’émergence d’une aporie de notre temps qui a constitué le cœur des travaux
ultérieurs.
La manière d’alors imposait de se détourner des textes normatifs pour envisager les pratiques
dont la dimension discursive forme l’essentiel de la matière des historiens : la justice des Assises
fournirait un excellent observatoire. Je tenterai de saisir comment on avait pu y répondre à la
question de l’irresponsabilité pénale des inculpés, lorsque celle-ci s’était posée. C’est le caractère processuel de l’activité judiciaire qui m’intéressait, la manière dont les discours avaient pu
s’incarner dans des séries d’acteurs — policiers, témoins, médecins experts, avocats, inculpés
eux-mêmes, magistrats, etc. — pour parvenir à produire un verdict (suffisamment) légitime. Le
poids des logiques sociales est évidemment essentiel dans ce processus collectif d’appréciation
d’un individu, incluant le geste criminel, mais aussi des éléments personnels comme le sexe, le
statut social de l’inculpé, les solidarités qui l’encadrent, sa réputation ou le type de maladie dont
il souffre, sans pour autant masquer des inflexions majeures dans les discours. Finalement, trois
figures de criminel apparaissaient successivement, à un rythme étonnamment court — 25 ans,
une génération : le criminel aliéné s’affirme au milieu des années 1820, avec la monomanie
homicide, et domine les années 1830 rendant l’indulgence judiciaire possible. L’ancien criminel pervers, celui qui, pêcheur et relaps, en est arrivé à aimer le mal comme un bien, retrouve
une place de premier plan sous le Second Empire et enfin, l’homme dangereux émerge après
1860 préfigurant une justice plus attentive à la défense sociale. Trois figures qui en réalité se
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conjuguent et alternent au gré de rapports de force socio-politiques, sans jamais disparaître totalement, qui survivent et organisent, de manière bien peu cohérente, les représentations actuelles
[2].
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Depuis une quinzaine d’années, l’histoire de la médecine, et plus généralement l’histoire des
sciences, s’est profondément renouvelée. Elle s’est ouverte à l’histoire culturelle attentive à la
circulation des objets intellectuels — idées, figures, récits — entre des pratiques et registres
savants plus divers que les disciplines scientifiques constituées, faisant parfois fi de frontières
en apparence étanches. Elle s’est ainsi inscrite dans la perspective plus large d’une histoire des
savoirs, des « porteurs de vérité et de sens » [3].
Mon récent travail sur le cas Léger traduit ces tendances historiographiques. Il propose, à partir
d’une affaire judiciaire de 1824, successivement réappropriée jusqu’au début du XXe siècle, de
saisir l’histoire des différents « systèmes d’appréciation » [4,5] d’un crime et d’en comprendre
le cheminement. En cette matière, plus que la banalité, c’est l’exceptionnel et le paroxystique
qui paraissent le mieux capable de cristalliser les discours, pour les rendre visibles et lisibles.
L’affaire Léger répond à coup sûr à cette première règle car on a là une des plus horribles
affaires du siècle : c’est en effet comme assassin, violeur et anthropophage que Léger émerge
de la masse des anonymes. Ses actes l’inscrivent dans la dynastie sombre des criminels atroces,
des « monstres », dont la « nature contre nature » [5]1 défie les catégories morales d’analyse,
tout autant que les frontières de l’humanité. En 1824, les catégories du mal, et particulièrement le surcroît irrationnel qu’est la cruauté, se transforment : elles échappent à la pensée
pénale issue des Lumières qui fait du crime le fruit d’un calcul rationnel et relègue l’activité
du diable à la littérature, ou à des croyances populaires alors nettement refoulées hors de la
pensée savante [7]. Ces lacunes ouvrent un espace à de nouvelles interprétations dont peuvent
s’emparer l’aliénisme naissant, les sciences de la subjectivité2 , puis la criminologie [9]. Le
régime d’immoralité s’infléchit en un régime d’anormalité3 . Formules fortes et abstraites dont
on cherche actuellement à matérialiser le cheminement intellectuel. Dans ce parcours, le cas
Léger apparaît comme un fil rouge : un point de résistance aux discours qui le constituent
sans parvenir à en épuiser le sens. C’est en ce sens qu’il répond aux critères d’une heuristique des cas élaborée depuis les années 1990 autour de la micro-histoire4 , et née d’un intérêt
renouvelé pour l’histoire des singularités individuelles, pour « l’exceptionnel normal » suivant la belle formule d’Edoardo Grendi. Le cas est ainsi « susceptible de redéfinir avec lui
une autre formulation de la normalité et de ses exceptions » [12]. C’est un catalyseur mais il
est surtout, parce qu’irréductible aux catégories ordinaires, susceptible de faire penser autrement. On propose, dans cette optique, de suivre le cas Léger en une histoire qui mène de la
cour d’assises de Seine-et-Oise sous la Restauration jusqu’au cabinet de Richard von KrafftEbing.
1
Sur le « désenchantement des monstres », voir aussi [6].
Sur cette nomenclature voir ([8], p. 365–381).
3 Voir [5].
4 L’affaire Léger n’est pas inconnue des historiens [5] : notamment le cours du 29 janvier, des 5 et 12 février 1975
[10,11]. En revanche, le dossier que je présente ici a été renouvelé par la collecte de nouvelles sources.
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2. L’affaire judiciaire
C’est d’abord l’enquête judiciaire qui produit un premier récit. Elle met en évidence certaines
« formes émergentes de la production du vrai » ([13], p. 13). L’épais dossier d’instruction s’amorce
par la disparition de Constance Debully, douze ans et demi, fille de vignerons d’Itteville en
Seine-et-Oise (actuelle Essonne). Il décrit les battues qui permettent de retrouver le cadavre
dissimulé dans la « grotte de la Charbonnière ». La collecte des preuves par les méthodes modernes
d’investigation constitutives de la justice occidentale se fonde, au moins depuis la Renaissance, sur
la recherche de preuves objectives. Ici, c’est en premier lieu l’autopsie, véritable « mise en preuve
du corps violenté » [14], qui permet la description des gestes criminels et la qualification du crime :
un assassinat ainsi qu’un viol désigné comme une sodomie. La circonstance est particulièrement
répulsive aux sensibilités du temps et alourdit la gravité d’un crime défini depuis 1791 (art. 29 du
Code pénal). Le coupable est lui rapidement confondu. On décrit son parcours le mois précédent
le crime, le départ de la maison de ses parents, le 24 juin, sa fuite dans les bois où il survit caché
dans la grotte de la Charbonnière jusqu’au jour du crime, le 10 août. Lors de la traditionnelle
confrontation du suspect au cadavre de sa victime, Léger se livre à des aveux circonstanciés qui
dépassent les attentes des magistrats puisqu’il ajoute aux faits établis par l’autopsie des actes
indécelables d’anthropophagie : consommation de sang, du cœur et des organes génitaux.
C’est donc à un inculpé que s’attache le second volet de l’enquête, qui concerne « l’élément
moral du crime » et suscite des investigations bien plus neuves. À partir de la vieille notion
juridique d’« intention », les enquêtes du XIXe siècle tentent une évaluation plus ample de
la « volonté morale », qui s’enracine dans l’intériorité. La notion, puisée dans la psychologie
morale très connue des juristes, permet de répondre au mouvement d’individualisation des peines
et d’évaluation de la personnalité du criminel qui s’amorce. Le dossier recèle pour cela des
investigations particulièrement développées sur la santé mentale d’abord, puis sur les motifs du
crime qui révèlent les centres d’intérêt neufs de l’époque.
La question de la santé mentale surgit très tôt. Le maire de Saint-Martin Bréthencourt où vit
Léger affirme que ce dernier « est reconnu pour avoir la tête un peu faible »5 . Les enquêteurs
se tournent vers l’entourage proche de Léger, d’abord son père, qui atteste la bonne réputation,
mais évoque aussi la dégradation de l’état moral de son fils. Il mentionne une fugue, trois ans
auparavant et ajoute quelques épisodes éclairants :
« Au mois de mars dernier, il s’est jeté dans une petite rivière disant qu’il avait trop chaud,
il était alors très bien habillé. Il a jeté quelques temps après tous les chats de son père à la
rivière après leur avoir attaché des pierres au col ; quinze jours avant la Saint-Jean dernier,
il dit à son père que ce n’était pas la peine d’acheter un porc cette année, et pendant les
15 jours qui ont précédé son départ, il ne voulait plus travailler, il disait qu’il avait la pierre,
il dit ensuite qu’il est poitrinaire »6 .
Déposition hybride sur laquelle il faudra revenir.
Une seconde vague de dépositions qui sollicite une douzaine de témoins, porte « sur le moral
et les actions de Léger avant son départ, les antécédents, les habitudes, la manière de vivre et de
travailler, ses amusements, ses défauts, son caractère, les altérations qu’on y aurait remarqué, les
5 Archives départementales des Yvelines, 2U132, Dossier de procédure [la référence est plus bas notée DP], Certificat
du maire de Saint-Martin Bréthencourt.
6 DP, Interrogatoire du 30 août, 26e pièce.
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causes, les motifs de son départ et les circonstances qui l’ont déterminé »7 : une véritable enquête
de personnalité pionnière pour l’époque. L’avis collectif qui en sort est plus tranché : « aucun
indice d’aliénation mentale et encore moins de démence furieuse »8 , validant très certainement
une opinion collectivement constituée au village après le crime, et qui fait de Léger un coupable
méritant condamnation. L’enquête ajoute des antécédents familiaux — un frère « faible d’esprit »,
un oncle mort à Bicêtre. Et surtout les interrogatoires de Léger, qui révèlent une rare finesse
psychologique, composent un portrait de mélancolique, capable d’étayer l’hypothèse d’un état
de démence. Léger évoque son incapacité à travailler, « son dégout de la vie »9 , son désir « de
mourir dans les bois »10 — penchant rarement évoqué compte tenu du tabou qui pèse encore sur le
suicide. « J’avais la tête cassée »11 , affirme-t-il. Il se décrit enfin « errant parmi les bois, abandonné
à [s]on désespoir, cherchant toutes les occasions de quitter la vie »12 . L’expertise médicale est
le dernier élément, exceptionnel avant 1860, de cette enquête modèle. Les médecins des prisons
de Versailles et d’Etampes apportent deux avis concordants avec les preuves précédentes : Léger
n’est pas fou. La conscience de l’acte établie par l’enquête n’épuise pas, cependant, le mystère du
crime, car si le criminel n’est pas fou, il importe d’établir la rationalité de son crime en cernant ses
motifs. C’est cette seconde question qui amène le juge à s’intéresser aux comportements sexuels
et alimentaires de l’inculpé.
Les interrogations doivent être replacées dans leur contexte. En 1824, le mot « sexualité »
n’existe pas, il ne fait son apparition qu’en 1837 [15]13 et la sexualité ne devient que tard dans
le siècle « l’élément clé de la subjectivité moderne » [18] qu’elle est actuellement. En matière
« d’activité vénérienne », les médecins du XIXe siècle recommandent la modération et la régularité. Clyde Plumauzille, fine lectrice, a ainsi noté la constitution précoce d’un savoir sur la
sexualité, insistant d’abord sur des catégories de déviance évaluées par la quantité : le trop ou le
trop peu [18]. Continence, masturbation sont dangereuses, tandis que du côté de l’hypersexualité
masculine, on trouve deux types de troubles : l’ancienne satyriasis placée du côté de l’activité
organique, d’une part, et la jeune érotomanie de l’autre correspondant à un état émotionnel initialement peu distinct des sentiments, mais susceptibles d’entraîner, par « irradiation », des troubles
organiques secondaires. « Dans l’érotomanie, l’amour est dans la tête » ([19], p. 186), écrit Esquirol en 1810, « [dans le satyriasis], le mal vient des organes »14 . Ces catégories permettent de
comprendre les remarques du docteur Ballu qui mentionne très tôt « la longueur et la grosseur
peu commune de son pénis. [. . .] L’examen jette, écrit-il, beaucoup de lumières sur la cause première du meurtre »15 . Mais ils éclairent surtout les interrogatoires qui portent sur la continence
sexuelle et la masturbation. Ceux-ci révèlent un Léger de 29 ans, non marié, « timide », « fuyant
la société des femmes », qui « n’a jamais fréquenté les danses ». Il paraît ainsi marqué par une
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DP, commission rogatoire du juge d’instruction, 40e pièce.
DP, PV du juge d’instruction de Rambouillet, 7 septembre, 4e pièce.
9 DP, Interrogatoire du 18 août.
10 Ibidem.
11 Ibidem.
12 DP, Rapport de Charlemagne Poilleu, (aveux de Léger), 31 août, pièce 17e .
13 Voir aussi [16,17].
14 Satyriasis. idem ([20], p. 48). Ces notions sont renouvelées en 1840, par Charles Marc avec l’aidoïomanie, ou fureur
génitale, qui attribue le viol à une sollicitation trop importante des organes génitaux sur le cerveau : Marc. De la folie
considérée dans ses rapports avec les questions médico-judiciaires ([21], p. 202).
15 DP, Rapport du docteur Ballu.
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immaturité sexuelle qui, dans une certaine mesure, rappelle celle de Pierre Rivière [22,23]16 .
L’enquête s’avère peu concluante et voit la dimension sexuelle du crime reléguée au second plan,
tout au moins dans la première phase de l’histoire du cas.
Le geste anthropophage subit une trajectoire inverse. Il motive des investigations sur le comportement alimentaire de l’inculpé. Les écrits médicaux ont tendance à rationaliser l’acte en insistant
sur ses motivations matérielles — la faim17 — l’anthropophagie est susceptible d’apporter un
mobile convenable.
Respectueux des principes du droit, le juge s’attache à hiérarchiser les motifs en de macabres
interrogatoires18 , car il paraît alors impossible de proposer une catégorie unique de compréhension. Pressé de questions, Léger finit par affirmer qu’il a tué pour manger et va jusqu’à nier le viol
qui sera déqualifié en attentat à la pudeur, suivant un processus classique d’élision des éléments
sexuels ([24], p. 57–74). Lors du procès, le réquisitoire du procureur du roi confirme la sélection
des informations et dresse un portrait de Léger en pervers anthropophage dont le crime doit être
expié. C’est celui-ci qui est condamné à mort puis exécuté. C’est aussi ce Léger anthropophage
qui est retenu par les écrits médiatiques jusqu’au Grand Larousse universel du XIXe siècle ([25],
p. 67), ([26], p. 268–282), ([27], p. 326).
Les aliénistes s’emparent parallèlement de l’affaire pour défendre une hypothèse alternative :
celle de l’aliénation mentale. Les années 1820 marquent en effet un premier effort de l’aliénisme
en direction de la scène judiciaire, orchestré par les sommités parisiennes, autour de la monomanie
homicide [28]. Esquirol et Georget assistent ainsi au procès Léger. On a conservé de cette première
médicalisation du cas, le crâne d’Antoine Léger, disséqué par Gall et placé dans sa collection
phrénologique avec un moulage de son visage19 [31]. Ces pièces se trouvent aujourd’hui dans les
collections scientifiques du Laboratoire d’anthropologie de Paris (Fig. 1–3).
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Si cette première lecture de l’affaire montre l’impossibilité de nouer entre eux les différents
éléments du crime, une lecture alternative, plus englobante, affleure dans le dossier. Sa présence
révèle des divergences sociales profondes dans les modalités de discours sur soi, ou tout au moins,
dans le régime des choses dicibles en justice. Leur porter attention fait apparaître une autre histoire.
« C’était le malin esprit qui me poussait », affirme Léger à propos de son crime, à plusieurs reprises. De même, sa mère évoque un « sortilège ». Le « sort », « l’esprit malin »,
le « démon » qui tourmente, la « malheureuse pensée », « l’emprise d’une idée fixe » ([2],
p. 176–185), apparaissent rarement mais régulièrement dans les dossiers de justice — tout autant
que dans les archives des asiles — sans pour autant provoquer plus d’enquête. Ces formules suggèrent l’existence d’un combat dont le crime marquerait la défaite malheureuse. De la possession
qui saisit le sujet de l’extérieur, à la tentation qui laisse une part à l’investissement subjectif,
les interrogatoires judiciaires déclinent des formes subjectivement graduées du « noir pullulement des intentions inavouables » (Michel de Certeau [33], p. 46), et désignent un mécanisme
16 Il a participé dans l’infanterie légère des flanqueurs grenadiers de la jeune Garde aux campagnes de 1814 et 1815
(Service historique de la Défense : 20 YC).
17 Marc, au contraire, évoque « un instinct inexplicable ».
18 DP Interrogatoire du 7 septembre, 30e pièce et interrogatoire du 22 septembre.
19 La scène est également relatée et la conformation du cerveau analysée comme présentant des « adhérences morbides »
[29], ([30] p. 1).
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Fig. 1. Buste d’Antoine Léger. Collection phrénologique de PMA Dumoutier, CA II, 384–388. Buste Dumoutier 278.
Collections anthropologiques du Museum d’histoire naturelle de Paris.
Fig. 2. Crâne d’Antoine Léger. Collection Gall. Collections anthropologiques du Museum d’histoire naturelle de Paris.
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Fig. 3. Armand Fouquier, Causes célèbres de tous les peuples, continuateur de l’annuaire historique Lesur, volume 7,
Paris, édition illustrée, 1861 [32].
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paradoxal d’appropriation individuelle des actes, qui s’effectue principalement sur le mode de la
dépossession de soi.
Ici, tout l’épisode criminel, depuis la fuite dans les bois à la Saint-Jean, décrit précisément
comme une rupture sans retour, jusqu’au crime commis à la lisière du monde sauvage où Léger
s’est réfugié, renvoie à une geste très précisément constituée : celle du loup.
Léger explique ainsi son départ par une maladie qui prend des formes diverses — mal à
l’estomac, rhume, fièvre, « un fond de mélancolie que je n’ai pu vaincre »20 , mal de rein, mal
de poitrine : cette maladie polymorphe qui incarne le mal et désigne son auteur, renvoie à la
conception ancienne du « mal qui prend le corps », décrite par Jean-Claude Schmitt, dont « la
possession démoniaque est le paradigme » ([34], p. 151) et le loup-garou une forme possible21 .
Elle permet d’établir un continuum entre les symptômes physiques, moraux et le crime.
Toute une série de menus faits, en apparence banals, prennent alors sens : Léger se serait ainsi
baigné tout habillé dans une mare, il fait de même un usage inhabituel de ses vêtements, jetés,
vendus ou achetés d’occasion. Le folkloriste Claude Seignole a expliqué comment, en Picardie,
« chaque samedi dans le Bois aux Fées, on pouvait voir un homme qui après avoir déposé ses
habits sur un buisson se “touillait” (roulait) dans la vase et ne tardait pas à en sortir transformé
en loup » ([35], p. 302). De même, les habits retrouvés ou perdus sont un thème récurrent des
transformations lycanthropiques, car, dans l’économie de rareté qui est encore celle de la société
du XIXe siècle, le loup qui égare ses vêtements ne pourra plus retrouver forme humaine ([36],
p. 18).
Le calendrier vient confirmer l’hypothèse : Léger quitte sa famille le jour de la Saint-Jean,
jour de solstice, voué aux fêtes de jeunesse, et fort moment de libération pulsionnelle. C’est aussi
une nuit favorable aux transformations monstrueuses. La très sérieuse publication du Bureau des
longitudes, La Connaissance des Temps, précise enfin que le jour même du crime suit une nuit
20
DP, Interrogatoire du 29 août.
Car à côté du loup sorcier, il existe un loup garou victime d’un sort ou d’un mal fréquemment hérité et soumis à
l’action de la Lune.
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éclairée de 19 h 16 à 7 h 19 par une Lune pleine [37]. Le faisceau d’indices concorde pour affirmer
que c’est très certainement comme loup-garou que Léger a lui-même vécu son crime.
Il ne nous appartient pas d’établir la fonction psychique d’une figure telle que celle du loupgarou, qu’il soit victime malheureuse d’un sort ou lui-même sorcier car ces deux options sont
possibles : support d’identification ou catalyseur de pulsions, qui travaille sans doute d’anciennes
terreurs de dévoration. Du point de vue anthropologique, ces « êtres mixtes » [38] interrogent
les frontières de l’humain tout autant qu’ils contribuent à les définir. Le loup-garou incarne,
quoiqu’il en soit, une sauvagerie multiforme dont l’anthropophagie et l’attentat sexuel sont les
manifestations les plus évidentes22 . La figure donne cohérence à des séries de gestes criminels
qu’elle permet d’associer.
Pourtant, en 1824, la geste du loup échappe à la raison juridique et a disparu des « théories
officielles du malheur » ([40], p. 27), évoquées par Jeanne Favret-Saada. Le fait est nouveau car
elle a précédemment franchi la frontière des savoirs savants, depuis les débats démonologiques du
XVIIe siècle, chez Jean Bodin par exemple23 , ou dans une autre tradition qui puise aux sources de la
médecine antique pour définir la lycanthropie comme un trouble de l’esprit. Jean de Nynauld [42]
ou Claude Prieur [43] y ont ainsi vu une forme de mélancolie, que l’on retrouve au XVIIIe siècle
et encore chez les premiers aliénistes : Pinel en mentionne avec prudence l’existence24 , et elle
s’insère sans trop de difficulté dans la nomenclature des monomanies (chez Marc, Leuret, Trélat)25 .
Par la suite, l’intérêt pour le loup-garou s’inscrit davantage dans une perspective historique, chez
des médecins engagés comme historiens ou folkloristes amateurs dans des travaux de sociétés
savantes très nombreuses après 1850 [47] Calmeil ([48], p. 314 sq.), Moreau de Tour [49], Régis ou
Krafft-Ebing se livrent de même à de tels travaux (les références dont nombreuses ([50] p. 318 sq.)
[51,52]).
La lycanthropie savante peut ainsi rencontrer le cas clinique Léger. La première médicalisation
du cas connaît en effet une postérité assez longue : Léger apparaît dans une quinzaine d’ouvrages
aliénistes, au moins, entre 1825 et 1903 et se voit attribuer une succession signifiante de diagnostics : il est « imbécile » pour Georget, « monomane » pour Scipion Pinel (le fils), puis érotomane
en 1840 chez Marc. Pour Andral en 1842, il a « été saisi d’un désir invincible de porter atteinte
à l’existence de ses semblables », de même que chez Barbaste en 1856. Mais pour Jean-François
Leuret en 1834 « il tue comme tuaient les loups-garous » ([45], p. 112), et Maxime du Camp ose
en faire, en 1872, un « maniaque frappé de lycanthropie » ([53], p. 62).
On abandonne ensuite la symptomatologie des actes et des délires pour les penchants, l’instinct
puis la perversion. Claude-Olivier Doron a montré qu’il faut attendre les années 1860 pour trouver
« une analyse de l’état pervers entendue comme un trait constitutif d’un sujet » ([54], p. 48), évolution fondamentale qui permet un important changement de perspective à la fin des années 1880.
C’est dans ce cadre qu’apparaît une catégorie radicalement neuve : celle des criminels sadiques.
22
Sur ce dernier aspect [39].
Le fléau des démons et sorciers, 1616 [41], notamment p. 208–209 où il évoque le cas de Garnier, qui se transforme
en loup garou le jour de la Saint Michel, enlève une jeune fille, la tue « et mange la chair de ses cuisses ».
24 Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale, 2e édition, 1809 ([44], p. 114). Pinel se révèle cependant très
prudent et plus allusif en 1809 qu’un 1801 dans la description de « l’hypochondrie maniaque connue sous le nom de
lycanthropie ».
25 Leuret J.F. Fragments psychologiques sur la folie, 1834. Il établit « l’identité qui existe entre la monomanie homicide,
la lycanthropie et certains états désignés sous le nom de possession » ([45], p. 114) Il rapproche en outre la lycanthropie
du goût pour le changement de sexe. Trélat U. Recherches historiques sur la folie, 1839 [46], associe lycanthropie à
mélancolie et nécrophilie. Marc C., De la folie considérée dans ses rapports avec les questions médico-judiciaires, 1840
([21], p. 233). Il rapproche la lycanthropie de la monomanie par imitation.
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Celle-ci permet, d’une certaine manière, de conserver l’unité de comportement suggérée par la
lycanthropie : Léger n’est désormais plus violeur et anthropophage, mais atteint de perversions
sexuelles. Benjamin Ball, pionnier en France, le place ainsi parmi les sanguinaires « pour lesquels
l’instinct sexuel n’est point satisfait par le coït [. . .]. Le désir se transforme aussitôt en fureur et
conduit à la férocité, au meurtre et à l’anthropophagie » ([55], p. 128). L’observation est intégralement reprise par la suite par Alexandre Lacassagne, puis par Émile Laurent ([56], p. 347), ([57],
p. 91). Ce dernier formule cependant un diagnostic neurologique — la paralysie générale — à
la différence de Krafft-Ebing qui est le seul à proposer une lecture exclusivement psychique des
perversions sexuelles, dégagées des dégénérescences et des hypothèses neurologiques. Dans son
célèbre Psychopathia sexualis, dont le texte allemand date de 1886 ([58], p. 83), on trouve bien
Antoine Léger, « monstre psycho-sexuel », auteur d’un « crime sadiste », et plus précisément d’un
« assassinat par volupté ». Le ressort en est la jouissance – non plus une jouissance du mal associée
à l’ancienne perversité, mais une jouissance sexuelle. À la fin du siècle, Léger figure ainsi comme
un élément pionnier, historique, de l’élaboration d’une psychopathologie de la cruauté. L’ouvrage
d’Émile Laurent achève, en 1903, le cycle psychiatrique du cas Léger, dont on retrouve cependant
la trace dans les années 1960, dans un autre registre, chez le démonologue contemporain Roland
Villeneuve, pour qui Léger est un éventreur et « aurait fait un parfait loup-garou » ([59], p. 162).
Le cas Léger éclaire à plusieurs niveaux les mécanismes de circulations des savoirs : celles
internes à la médecine clinique, fondée sur des observations directes et indirectes de cas, qui
forment corpus, celle des échanges frontaliers entre disciplines (médecine/démonologie), ou entre
différents régimes de savoir : savoirs savants/savoirs profanes. Il faudrait enquêter davantage sur
le rôle de l’investissement polymorphe des bourgeoisies occidentales en faveur d’un inventaire
des savoirs historiques, folkloriques ou archéologiques, dans la seconde moitié du siècle, qui
contribue sans aucun doute à redistribuer d’anciennes données.
L’analyse du cheminement des interprétations du cas Léger, et la succession des instances
explicatives du cas — imbécilité, monomanie, érotomanie, lycanthropie, puis crime sadisme —
permet de rapprocher la figure du loup de la catégorie du sadisme. Ce cas n’est pas unique :
Amandine Malivin dans une thèse récente a ainsi rapproché la figure plus récente du vampire de
celle du nécrophile [60]. De même, on connaît les efforts de Charcot en direction de l’iconographie
ancienne de la possession alors qu’il travaillait sur l’hystérie. Comme si ces image-relais, denses
figures à penser, étaient capables d’associer des éléments jusque-là hétérogènes et, d’une certaine
manière, d’apporter leur contribution silencieuse aux propositions ultérieures de Krafft-Ebing. Le
cas Léger paraît ainsi éclairer une des voies d’émergence de conceptions neuves qui, autour de la
cruauté, mène de la perversité aux perversions sexuelles, par un détour lycanthropique.
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L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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