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Découvertes

Emmanuel Macron ne s'est jamais défini comme centriste et sa stratégie a payé

Il se décrit comme "ni de droite, ni de gauche". Parfois, on l'entend même dire "le meilleur de la droite, le meilleur de la gauche". Jamais "centriste".

Florian Gaertner/Photothek via Getty Images
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François Bayrou a longtemps été considéré comme le parent pauvre des principaux partis de l'échiquier politique français. "Centriste", c'est vrai ça, qu'est-ce que ça voulait dire ? Nombreux étaient à se le demander. Un peu de la droite et un peu de la gauche ? Ou une synthèse des deux ? Une ligne moyenne des deux courants d'idées ? Ou une ligne médiane ?

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En ralliant Emmanuel Macron, François Bayrou en a fait le représentant officiel du centre. Pourtant, jamais le candidat d'En Marche ne s'est explicitement décrit comme de ce bord. Sans doute parce qu'il n'y a pas de bord unique à être au milieu ; par définition, on est entourés de deux côtés. "Ovni politique 'ni de droite, ni de gauche'" estimait Le Parisien, "Le programme économique d'Emmanuel Macron penche-t-il à droite ou à gauche ?", s'interrogeait Europe 1 en mars, "Macron ni de droite ni de gauche… ni hors système", analysait Libération en février.

Hors de question d'entrer dans une vieille case qui ne faisait plus recette

C'est qu'en réalité, l'artisan de la Loi Travail sous François Hollande emprunte aux deux familles politiques. À la droite, il chipe les idées d'allègement des charges (également proposé par François Fillon et Marine Le Pen) et la flexibilité offerte aux entreprises (comme François Fillon). À la gauche, il reprend celle des retraites et de la transition énergétique (communes à Benoît Hamon) ou encore de la relance économique (ce en quoi croit également Jean-Luc Mélenchon). Mais alors, pourquoi tant rechigner à se dire tout simplement "centriste" ?

Ses adversaires de droite accusent le junior d'être un dérivé de Hollande, ses adversaires de gauche, lui, plutôt "un sous-marin de François Fillon"

Sans doute parce qu'en voulant incarner un renouveau, il était hors de question pour Emmanuel Macron de chercher à entrer dans une vieille case qui ne faisait plus recette. Un peu comme la Suisse dont on dit en plaisantant qu'elle est tellement neutre qu'elle n'est ni en accord, ni en désaccord avec rien, le centre droit a parfois souffert de railleries consistant à pointer son inutilité. Tout juste lui accordait-on le droit d'être celui qui tient la chandelle et penche à droite quand il s'y voit contraint, comme l'UDF lorsqu'il a eu à soutenir l'UMP.

Pourquoi se réclamer du centre, lorsque l'on a en mémoire qu'à l'élection présidentielle de 2012, le MoDem n'a recueilli que 9,13 % des suffrages et terminé cinquième sur le podium ? C'est sans doute cela qui a poussé les spin-doctors du jeune Macron à lui conseiller de ne pas s'enfermer dans une poussiéreuse dénomination. "Une partie de son succès se situe sur ce terrain que j'ai défriché. Est-il centriste ? Je ne le sais pas, et lui non plus", disait François Bayrou à son propos. Ses adversaires de droite accusent le junior d'être un dérivé de Hollande, ses adversaires de gauche, lui, plutôt "un sous-marin de François Fillon" comme le fait remarquer l'historien Jean-Pierre Rioux.

Tout juste Emmanuel Macron concède-t-il une histoire de synthèse entre la droite et la gauche, comme dans l'émission Au tableau, où il a offert aux téléspectateurs un moment de télévision (que certains qualifient de surréaliste quand d'autres crient plutôt au génie) en expliquant à des enfants qu'en se situant entre la gauche et la droite, il cherche à conjuger l'égalité et la liberté, donc la fraternité. Dit comme ça...

En attendant, le ralliement de François Bayrou n'aura pas été vain : symbolique, cet adoubement semble aussi avoir donné une profondeur historique à une candidature comme celle d'Emmanuel Macron, qui l'inscrit tout à coup dans la lignée de l'UDF de Valéry Giscard d’Estaing, sans le contraindre à s'enfermer dans une case lui-même. Et voilà comme nous nous sommes tous retrouvés avec un candidat de centre, grande première sous la Ve République, mais sans les vêtements classiques et ennuyeux du MoDem jadis. Engoncé dans un costume moderne flouant toute appartenance, tout passe (au second tour).

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.

 

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