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La Grande barrière de corail n’a aucune chance de se remettre du réchauffement climatique

Les coraux qui ont blanchi pour la seconde année consécutive, en raison de la hausse de la température de l’eau, ne s’en remettront pas.

Par Leïla Marchand

Publié le 10 avr. 2017 à 18:00

Le plus grand récif corallien au monde est en danger. Plus des deux tiers de la Grande barrière de corail, située en Australie, a connu des épisodes dramatiques de « blanchiment » ces dernières années : en raison de la hausse des températures, les coraux ont dépéri et se sont décolorés.

Ce n’est pas la première fois que les coraux se décolorent dans ce site inscrit au patrimoine de l’Humanité depuis 1981. Au cours des deux dernières décennies, le phénomène a déjà été observé en 1998 et en 2002. Mais cette fois, deux épisodes se sont produits à peu de temps d’intervalles, un timing fatal.

En 2016, l’écosystème qui s’étend sur 2.300 km -- le plus grand du monde -- a subi son plus grave épisode de blanchissement jamais enregistré , en raison du réchauffement des eaux de l’océan en mars et avril. Il a frappé la partie nord du récif, tuant, en moyenne, 67 % des coraux, d'après le National Geographic .

Puis, en 2017, un nouvel épisode a eu lieu, frappant la partie centrale de la Grande barrière, qui avait été relativement épargnée l'année dernière. Au total, 1.500 kilomètres de récifs ont été impactés en deux ans.

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"Seul le tiers sud du récif est indemne"

« Des coraux qui ont blanchi ne sont pas nécessairement morts. Mais dans la partie centrale (de la Grande barrière) nous nous attendons à des pertes très élevées », déclare James Kerry, biologiste à l’Université James Cook. Lui et son équipe viennent d’organiser des observations aériennes du site .

« Il faut au moins une décennie pour le rétablissement total des coraux qui grandissent le plus vite », explique-t-il. « Alors deux épisodes graves de blanchissement à 12 mois d’intervalle font que les récifs endommagés en 2016 n’ont aucune chance de se rétablir ».

« Seul le tiers sud du récif est indemne », note Terry Hughes, de l’Université James Cook. « Le blanchissement est lié aux températures record provoquées par le réchauffement climatique », souligne-t-il. Impossible d’accuser cette année El Niño, ajoute-il. Ce phénomène météorologique, de retour tous les quatre à six ans ( dont en 2015-2016 ), provoque des hausses de températures dans le Pacifique.

Qu’est-ce que le blanchiment des coraux :

Le blanchissement des coraux est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l’eau qui entraîne l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments.Les récifs peuvent s’en remettre si l’eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.

Des menaces multiples

La Grande Barrière est aussi menacée par les ruissellements agricoles, le développement économique et la prolifération des acanthasters, des étoiles de mer qui détruisent les coraux.

Elle a probablement également souffert du passage, le mois dernier, du cyclone Debbie qui était passé sur la partie sud de la Grande barrière qui n’a pas été très touchée par le blanchissement. Les scientifiques craignent que ses vents violents et les courants n’aient endommagé les coraux. Mais les dégâts provoqués par Debbie n’ont pas encore été évalués.

Des réserves de biodiversité

Aujourd'hui, le problème du blanchiment des coraux s'étend bien au-delà de l'Australie. D'après l'ONG Coral Garden, 40% des récifs coralliens ont été détruits ces 40 dernières années. Si le réchauffement continue à ce rythme, ils auront disparus d’ici 2050.

Ces zones sont pourtant d'importants réservoirs de biodiversité. "Plus de 4000 espèces de poissons, 700 espèces de coraux, et des milliers d’autres plantes et de formes de vie animale" y vivent, d'après l'ONG . Alors qu'elles ne couvrent que 0,1 à 0,2% de la surface des océans, elles abritent plus de 30% de toutes les espèces marines connues à ce jour.

En plus de nourrir des centaines de millions de personnes en tant que réserves marines, les récifs protègent le littoral des tempêtes.

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L'enjeu est de limiter le réchauffement climatique

D’ici 2050, 80% des océans risquent d’être perturbés si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent. L’impact pourrait être limité à deux tiers si les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés par l’Accord de Paris de 2015 sur le climat sont respectés, d’après une étude internationale parue en mars.

« Plus les températures vont augmenter et plus fréquents seront les épisodes de blanchissement », souligne Hughes. « La solution est de réduire les émissions carbone, mais le temps presse ». L’Australie assure qu’elle n’a jamais fait autant d’efforts pour protéger la barrière, en s’engageant à dépenser plus de deux milliards de dollars australiens (1,4 milliard d’euros) sur dix ans.

La barrière et ses 345.000 kilomètres carrés ont évité de justesse en 2015 d’être placée par l’Unesco sur sa liste des sites en péril.

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