Le cadre financier pluriannuel, voté de toute urgence au Parlement européen en décembre dernier, est maintenant bloqué par le Royaume-Uni. Un obstacle qui ralentit un peu plus toute projection sur l’Europe de demain.
« J’apprécierais que du côté du Royaume-Uni, on se mette dans l’état d’esprit d’un accord avec l’UE, pas contre elle ! », a déclaré Michel Barnier, en charge des négociations du Brexit pour l’UE.
Le négociateur a tenté de mettre les points sur les « i » mercredi au Parlement européen, lors d’un débat portant sur les conclusions du dernier Conseil européen. Un exercice très formel et rempli de digressions qui ont montré des positions très disparates. Entre les revendications financières de l’UE et les refus catégoriques du Royaume-Uni, les négociations semblent particulièrement mal engagées.
Le Royaume-Uni fait par ailleurs pression sur le Vingt-sept en bloquant certains dossiers : celui du quartier général militaire européen, mais aussi le cadre financier pluriannuel. Prévu pour la période 2014-2020, le budget de l’UE doit être revu à mi-parcours pour s’ajuster aux circonstances exceptionnelles qui ne manquent pas en l’occurrence, entre la crise des réfugiés et les enjeux de sécurité par exemple.
La Commission européenne a proposé une révision peu ambitieuse en septembre dernier, en raclant les fonds de tiroirs de programme non dépensés afin de ne pas réclamer plus d’argent aux Etats. Le Parlement européen a ajusté le tir, en décembre 2016. Mais le dossier a ensuite été bloqué au Conseil : par l’Italie au départ, puis le Royaume-Uni, qui prétend désormais attendre le résultat de ses élections le 8 juin pour pouvoir se prononcer …
« J’ai souligné le sujet à la présidence maltaise. Le ministre de l’Intérieur qui était présent n’avait pas l’air au courant » déplore Jean Arthuis, président de la commission des budgets du Parlement européen.
Alain Lamassoure, eurodéputé PPE, déplore également que la révision du cadre financier pluriannuel soit reportée. « Son principal objet est d’apporter la flexibilité nécessaire pour financer des politiques qui ne concernent pas ou ne concerneront plus le Royaume-Uni ! » s’agace l’eurodéputé.
Le sujet du budget de l’UE concerne typiquement non pas le Brexit, mais le futur de l’UE. « Nous souhaiterions entamer les travaux pour la suite, l’après 2020, mais nous ne pouvons pas démarrer sans visibilité. Et puis il faut changer de braquet ! Nous sommes dans cette situation absurde où 85 % du budget européen est dépensé en redistribution automatique dans le cadre de la PAC et du fonds de cohésion, et ensuite le fonctionnement de l’UE absorbe une partie du solde, si bien qu’il ne reste que des montants symboliques pour mener de véritables politiques » regrette Jean Arthuis.
Un sujet qui serait vraisemblablement abordé lors de la rencontre entre Donald Tusk et Emmanuel Macron, mercredi 18 mai à Paris.
In today's meeting with @EmmanuelMacron we will devote talks to future of EU27, not #Brexit.
— Donald Tusk (@eucopresident) May 17, 2017