Donald Trump, pour l'instant, ça marche. Et le choix du Brexit n'a pas été la catastrophe annoncée pour l'économie britannique. Le fonds monétaire international (FMI) relève pour la première fois depuis avril 2014 ses prévisions, alors qu'il a multiplié ces derniers mois les mises en garde contre un retour du protectionnisme, dont le nouveau président américain s'est fait le héraut.

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2017, une bonne année pour l'économie mondiale

Le produit intérieur brut américain devrait progresser de 2,3% cette année et de 2,5% en 2018, marquant une nette accélération par rapport à la performance en demi-teinte de l'année dernière (1,6%), indique le FMI dans son rapport semestriel sur la conjoncture. "Le pari sur une relance budgétaire et une réforme fiscale a libéré l'optimisme. Cela se voit sur les marchés, où les actifs sont au plus haut depuis près de huit ans", relève Christine Lagarde, la patronne du Fonds, dans un entretien au Figaro.

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Malgré de noires prévisions au lendemain du référendum favorable au Brexit, l'économie britannique devrait également progresser de 2%, soit 0,5 point de plus que prévu en janvier. Le FMI évoque une "matérialisation plus progressive que prévu" des effets négatifs de la future sortie Royaume-Uni de l'Union européenne. Les prévisions pour la zone euro sont également revues à la hausse. Quant à l'économie mondiale, elle devrait croître de 3,5%, en nette amélioration par rapport à 2016 (3,1%).

"Le glaive du protectionnisme" menace

Est-ce à dire que le Fonds s'accommode des politiques économiques qui se profilent? Loin de là. "L'activité économique mondiale est en train d'accélérer grâce à une reprise, attendue de longue date, de l'investissement, de la production manufacturière et du commerce", note l'institution. Cette reprise, qui a mis tant de temps à se matérialiser, est actuellement menacée par "le glaive du protectionnisme", selon l'expression de Christine Lagarde.

Donald Trump a menacé la Chine, le Mexique et l'Allemagne d'instaurer de nouvelles barrières douanières pour rééquilibrer la balance commerciale américaine. Au cours de sa campagne, il a menacé de quitter l'organisation mondiale du commerce (OMC), qui s'efforce de faciliter les échanges internationaux. En Europe, Theresa May ne sait pas quel accord de libre-échange elle pourra obtenir avec des anciens partenaires européens, et les élections à venir en France et en Allemagne sont lourdes d'incertitudes.

Trump trop optimiste pour la croissance américaine

"Une importante menace vient d'un virage vers le protectionnisme conduisant à une guerre commerciale", prévient dans le rapport le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld. Dans ce cas, si un pays tire momentanément son épingle du jeu, c'est au détriment immédiat de ses partenaires commerciaux. Qui ne manqueront pas de répliquer. Une approche qui ne peut convenir à l'institution internationale. "Des nouvelles actions multilatérales sont nécessaires pour s'attaquer aux défis communs", clame le FMI.

Affaiblir le commerce international, c'est également faire peser des risques sur l'économie d'un pays, fût-il le plus puissant d'entre eux. Quand Donald Trump assure pouvoir atteindre une expansion économique de 4%, le potentiel de croissance américain n'est que de 1,8%, selon l'institution. Même s'il a pris des gants, le FMI avertit ainsi le président américain qu'il ne peut pas imposer de nouvelles règles au monde entier sans en subir des conséquences.

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