Tout commence par la pluie et les inondations, puis le secteur agricole rejette la faute sur le climat, les pertes économiques atteignent des millions, le gouvernement accorde des aides et promet des travaux. Et ce cycle redémarre dès l’orage suivant. Il se répète périodiquement et, début janvier, il a frappé les provinces de Córdoba, Santa Fe et Buenos Aires [dans le centre du pays].
Pourtant, le fautif “n’est pas le climat, mais le modèle qui régit l’agriculture et l’élevage”, objecte l’ONG argentine de protection de l’environnement Naturaleza de Derechos. D’autres organisations militantes abondent dans ce sens et rappellent que le business agro-industriel fait de l’Argentine le leader mondial du défrichement. Et que des études démontrent les conséquences du changement d’affectation des sols.
Ainsi, en une heure, une forêt naturelle absorbe 300 millimètres d’eau, un pâturage traditionnel (consacré au bétail) 100 millimètres et un champ de soja à peine 30 millimètres. C’est ce que détaille un rapport de l’Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria (Inta, Institut national des techniques d’agriculture et d’élevage) relayé par le magazine Página 12 en avril 2016, après les inondations dans les zones de Córdoba et de Buenos Aires.
L’un des auteurs, Nicolás Bertram, qui travaille au centre de recherche Marcos Juárez de l’Inta à Córdoba, note que :
les trop-pleins d’eau ne sont pas dus au manque de travaux ni à l’excès de pluies, mais plutôt au développement des activités agricoles depuis les années 1990.”
Nicolás Bertram a cosigné avec un autre universitaire, Sebastián Chiacchiera, une étude intitulée Remontée des nappes dans la région des pampas : augmentation des précipit
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Lancé en 1987, Página 12 est devenu dans les années 1990 le quotidien de gauche le plus important de Buenos Aires. Avec son fondateur le célèbre journaliste Jorge Lanata, il était très critique à l’égard du gouvernement du péroniste libéral Carlos Menem, qui, entre 1989 et 1998, a privatisé une très grande partie des entreprises publiques argentines.
A l’époque percutant et bien informé, il prenait position pour les droits de l’homme, s’attaquait à la corruption et dénonçait l’impunité en ressortant les affaires de l’époque des dictatures.
Son esprit critique et son indépendance ont disparu après le départ de Jorge Lanata et avec l’arrivée au pouvoir des Kirchner, péronistes de gauche (le président Néstor Kirchner de 2003 à 2007 puis son épouse Cristina de 2007 à 2015). Pour ses détracteurs, Página 12 était ainsi devenu un “communiqué de presse” du gouvernement.