Ces jeunes femmes étaient des militantes ou des cadres du MJS et ont rencontré le surnommé « TMB ». Dans « Libération », Lise* raconte qu’elle a eu une liaison avec lui mais qu’ « ensuite, [elle] ne pouvai[t] plus [s]’en sortir ». Des SMS, incessants, et puis ce jour où elle est « convoquée » chez lui. « J’ai dû le masturber pour m’en débarrasser. Il disait : "Comme tu as dit oui une fois, tu ne peux plus dire non maintenant" », rapporte le quotidien.

 
« Il commence à m’embrasser de force. »

 
Aurore témoigne à son tour et se souvient comment en 2011, Thierry Marchal-Beck, avec qui elle a eu une histoire également, ne la laisse pas tranquille un soir où elle veut rentrer seule. Elle lui a dit, plusieurs fois pourtant : non, elle ne veut pas passer la fin de la soirée avec lui. « Il me plaque contre le mur, commence à m’embrasser de force. Pour ne pas que ça aille plus loin, je me sens obligée de lui faire une fellation », confie-t-elle dans « Libération ». Et puis, il y a aussi Marie, Diane, Louise, Vanessa, Hélène, Blandine. « Il m’a plaquée dans un coin, passant ses mains sous mon tee-shirt, sur mes seins, mon ventre, mon dos et m’expliquant que j’avais tellement bu que de toute façon je ne me souviendrai de rien le lendemain », se rappelle cette dernière, qui le rencontrait pour la première fois. Toutes racontent un jeune homme qui se définissait comme « un grand féministe ». Ces jeunes femmes ont parfois alerté la hiérarchie du parti et selon l’enquête de « Libération » - qui a rencontré de très nombreux témoins durant des semaines - il semblerait que personne n’ait bougé. Pour certains, TMB  ne serait qu’un « homme à femmes », ce qui rappelons-le, n’a rien à voir avec les faits qui lui sont aujourd’hui reprochés.

En politique, les femmes sont loin d’être épargnées

 
« C’est avec stupéfaction que le Parti socialiste a pris connaissance [de ces] faits dramatiques », peut-on lire dans le communiqué de presse envoyé par le Parti socialiste mardi soir. « Ces témoignages qui accusent un ancien président du MJS d’harcèlements sexuels et d’agressions sexuelles à l'encontre de jeunes femmes, militantes du mouvement de jeunesse, sont d'une extrême gravité. Ils ne sauraient rester sans suites judiciaires adéquates », poursuit le texte.
 
L’ affaire Weinstein a décidément permis de briser la loi du silence. Aucune milieu n’est épargné, et encore moins celui de la politique, déjà éclaboussé par de nombreux scandales. En mai 2015, des journalistes femmes s’élevaient déjà contre le sexisme des politiques. En 2016, ce sont huit femmes qui accusaient Denis Baupin de harcèlement sexuel. Des faits classés sans suite pour cause de prescription. Une chose est sûre : même dans des partis prônant l’égalité femmes-hommes se planquent des agresseurs, et ils sont parfois très jeunes.
 
* Tous les prénoms ont été changés