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Marine Le Pen contre l’Etat de droit

Editorial. Assistants parlementaires, financement : la candidate FN à la présidentielle refuse de répondre aux convocations judiciaires et dénonce des machinations.

Publié le 25 février 2017 à 11h19, modifié le 26 février 2017 à 04h46 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Comme d’autres avant elle, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy pour ne pas les nommer, Marine Le Pen est une publicité vivante pour les poêles antiadhésives. Avec elle, jusqu’à présent, rien n’accroche, aucune mise en cause ne semble l’atteindre, aucune enquête sur le financement douteux de ses activités politiques ne paraît de nature à ébranler la confiance de ses partisans. Au contraire même, il ne peut s’agir, à leurs yeux, que d’un vaste complot du « système » politique, judiciaire et médiatique contre la candidate du Front national à l’élection présidentielle. Elle-même ne se prive pas de jouer sur cette corde pour mieux se poser en victime.

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Ce ne sont pourtant pas les dossiers qui manquent. Celui des assistants parlementaires des députés européens du FN, à commencer par sa présidente, est aujourd’hui le plus brûlant. Depuis deux ans, le parti d’extrême droite est soupçonné d’avoir fait rémunérer certains de ces assistants par le Parlement européen alors que ceux-ci n’y mettaient pratiquement pas les pieds et se consacraient exclusivement ou presque au FN à Paris. Bref, il s’agirait d’emplois fictifs. Alerté par l’organisme antifraude de l’Union européenne, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire puis une information judiciaire pour abus de confiance, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, ainsi que travail dissimulé.

C’est dans ce cadre que, après de nombreuses perquisitions et auditions, la plus proche collaboratrice de la candidate frontiste vient d’être mise en examen. C’est également pour cette raison que Mme Le Pen s’est vu réclamer par le Parlement européen le remboursement de 340 000 euros, correspondant aux salaires de sa chef de cabinet entre 2010 et 2016. Devant son refus, une retenue sur salaire a été ordonnée.

Autoproclamée « candidate du peuple » et contemptrice du « système », la présidente du FN n’hésite pas à se situer hors la loi

L’affaire « Jeanne », du nom du microparti consacré à l’action de Mme Le Pen, n’est pas moins sulfureuse. En octobre 2016, le parquet de Paris a renvoyé en correctionnelle dix personnes physiques ou morales, dont le Front national pour complicité d’escroquerie ou recel d’abus de biens sociaux. Les responsables de Jeanne, tous très proches de la candidate, sont soupçonnés d’avoir mis en place un système opaque et frauduleux destiné à financer illégalement les candidats frontistes aux législatives de 2012. Ce dispositif pourrait avoir été utilisé lors de toutes les campagnes électorales du FN depuis 2012.

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Enfin, alerté par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, le Parquet national financier a ouvert une enquête sur le patrimoine de Marine Le Pen et de son père. L’un et l’autre sont soupçonnés d’avoir présenté des déclarations de patrimoine qui sous-évaluent fortement leurs actifs. Ces faits sont susceptibles d’être jugés au pénal et passibles, notamment, de dix ans d’inéligibilité.

Dans tous ces dossiers, Mme Le Pen oppose un démenti catégorique aux faits qui lui sont reprochés. Il ne s’agirait, clame-t-elle haut et fort, que de machinations destinées à lui nuire. Protégée par l’immunité de parlementaire européenne dont elle bénéficie, elle rejette toute convocation par les juges ou la police jusqu’au terme de la période électorale, présidentielle et législative. Autoproclamée « candidate du peuple » et contemptrice du « système », elle n’hésite pas à se situer hors la loi. Aspirant à devenir chef de l’Etat, elle récuse l’Etat de droit. C’est le devoir de la justice de démasquer cette imposture.

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