Mercredi 1er février, nous avons mis à votre disposition le Décodex, notre boîte à outils pour lutter contre la diffusion des fausses informations. Le fruit d’un vaste travail à la fois éditorial, qui nous a amenés jusqu’ici à recenser des informations sur plus de 600 sources, mais aussi technique, pour pouvoir vous proposer à la fois une plate-forme sur le site du Monde, des extensions pour vos navigateurs, un robot Facebook et des conseils concrets pour vérifier l’information en ligne.
Deux jours plus tard, nous souhaitons faire un premier bilan de notre initiative, des questions qu’elle a suscitées, et des évolutions à venir.
Un projet qui répond à une demande forte de nos lecteurs
Face à la masse de fausses informations qui circulent en ligne, nous avons développé le Décodex comme une série d’outils simples, utilisables par le plus grand nombre. Mais « trouveront-ils leur public ? », nous sommes-nous demandé tout au long du développement de ce projet.
Les premiers retours nous rassurent sur ce point : près de 100 000 recherches ont été faites sur le site du Décodex entre sa mise en ligne mercredi après-midi et le jeudi soir. De même, les utilisateurs des extensions Chrome et Firefox nous ont signalé environ 8 000 adresses Web (URL) de sites en deux jours (avec de nombreux doublons). Enfin, des centaines d’enseignants nous ont contactés après notre article annonçant notre volonté de les accompagner dans l’éducation aux médias.
Ces nombreuses réactions nous encouragent dans la direction que nous avons prise en matière de lutte contre les fausses informations. Il semble qu’elle correspond bien à un réel besoin d’outils et de repères et nous espérons convaincre nos utilisateurs dans le temps.
Des questions légitimes sur notre démarche
Ces nombreux retours, sur les réseaux sociaux ou l’adresse mail decodex@lemonde.fr, nous ont également interrogés sur les choix que nous avons faits, et la manière dont nous avons présenté l’outil Décodex. Face à certaines interrogations sur des choix que nous avons pu faire ou certaines formulations, nous souhaitons réaffirmer l’essentiel : notre démarche répond avant tout à trois impératifs.
- Identifier les sites d’informations les plus trompeurs
Ce sont ces sites qui répandent des théories fumeuses sur un complot extraterrestre, affirment que des reptiles humanoïdes dominent le monde dans le plus grand secret, répandent de fausses informations sur la santé, se présentent comme des médias locaux indépendants alors qu’ils diffusent de la propagande d’extrême droite… Vous ne les connaissez peut-être pas, mais nous en avons identifié plus de 150 et ils attirent parfois des centaines de milliers d’internautes sur leur site ou leur page Facebook.
Ce sont aussi, parfois, ces sites satiriques ou parodiques qui piègent des lecteurs malgré eux. Nous avons identifié un volume non négligeable de recherches vers des articles précis de ces plates-formes sur nos outils, preuve que la distinction n’est pas évidente aux yeux de tous et qu’en la facilitant, nous aidons certains internautes. A cet égard, nous voulons rappeler que notre démarche n’est pas de labelliser les sites fiables, mais bien de marquer ceux qui ne le sont pas.
Notre principal objet, c’est bien l’information généraliste, sur laquelle on constate le plus de manipulations, ainsi que les domaines comme la science ou la santé, dans lesquels on relève également nombre de faux et d’intox. En revanche, le commentaire dénué d’information, l’info sportive ou people ne sont pas nos priorités.
- Donner des clés de lecture à nos lecteurs sur les sites qu’ils consultent
Qui en sont les auteurs ? Quelle est leur démarche ? Vérifient-ils l’information ?
- Donner des outils à chacun pour apprendre à décrypter soi-même l’information
En complément de notre travail sur les sources, pour que nos réflexes critiques vis-à-vis de l’information soient partagés par le plus grand nombre.
A ce titre, nous partageons tout à fait une remarque régulièrement formulée parmi ceux qui se sont penchés sur notre démarche : oui, il est tout à fait sain de s’interroger sur l’origine d’une information, de chercher à la vérifier et de confronter plusieurs sources. Y compris face à un article du Monde.
Autre doute récurrent, comme l’exprimait un lecteur au cours d’un tchat sur Le Monde : ces outils ne toucheront-ils en fin de compte que les convaincus ? Nous avons évidemment conscience de cette limite, et espérons d’abord toucher les plus intéressés par ces problématiques, en espérant qu’ils diffusent le Décodex autour d’eux.
Enrichir notre base et proposer de nouvelles fonctionnalités
Grâce à vos nombreux retours, nous enrichirons le Décodex au cours des semaines et des mois à venir. Cela passera d’abord par un élargissement de notre base, sans déroger à la méthodologie appliquée jusqu’ici.
Première étape : étudier les milliers de sites que vous nous avez suggérés. Nous allons commencer par identifier, au milieu de cette masse, ceux qui nous paraissent les plus pertinents à étudier. Notre priorité ira, comme jusqu’à présent, aux sites trompeurs ou qui diffusent de fausses informations, les plus consultés d’abord. Nous n’avons pas vocation à être un annuaire du Web : nous nous concentrons sur les sites d’information, ou qui se prétendent comme tels.
Deuxième étape : affiner notre démarche à partir de vos critiques et suggestions. Nous réfléchissons actuellement à des ajustements pour en tenir compte. Faut-il, par exemple, créer une catégorie à part pour les sites sur lesquels vous nous interrogez mais qui n’ont pas vocation à informer ou qui n’entrent pas dans notre grille ? Plusieurs cas particuliers de sites nous ont également amenés à reconsidérer certaines notations.
Si évolutions il y a, nous vous en tiendrons évidemment informés. Nous sommes par exemple ouverts à des collaborations avec d’autres médias ou experts dans des domaines précis, qui pourraient nous aider à étoffer les informations que nous fournissons sur chaque source.
Troisième étape, qui devrait nous occuper pour de long mois encore : proposer de nouvelles fonctionnalités autour du Décodex. Cela pourra passer par des informations supplémentaires sur les sources, des éléments de contexte en fonction des types de sujets que vous consultez, ou encore de nouveaux outils. Là aussi, vos suggestions sont les bienvenues.
Ce lancement du Décodex n’est pour nous qu’un premier pas, certes modeste, dans la construction d’outils citoyens pour vérifier facilement l’information. Nous le faisons avant tout pour et avec nos lecteurs.
Fruit de plus d’un an de travail, le Décodex, lancé début février 2017 par Le Monde, est un outil qui vise à lutter contre la diffusion virale de fausses informations et à aider les internautes à se repérer dans la jungle des sites producteurs ou relayeurs d’informations : est-ce un média citant ses sources et vérifiant ses informations, un site fabriquant ou propageant de fausses informations, un site militant ne mentionnant pas son affiliation politique ? Avant de partager une information, différents outils sont à votre disposition pour évaluer la fiabilité du site sur lequel elle est hébergée :
- une extension Firefox (à télécharger ici) qui vous indique, en temps réel et pendant votre navigation, si le site est plutôt fiable ou s’il diffuse régulièrement de fausses informations ;
- des articles pédagogiques, notamment à destination des enseignants (cliquez ici pour y accéder) : vous y trouvez des conseils pour faire la différence entre une information et une source d’information, des astuces pour vérifier une information, une image ou une vidéo qui circule sur Internet, etc.
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