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Carte blanche de la ministre française des Armées: «France et Belgique sont déjà des partenaires unis»

Dans cette carte blanche, la ministre française des Armées, Florence Parly, relance la candidature du Rafale alors que Dassault n’avait pas rentré d’offre en septembre.

Carte blanche - Temps de lecture: 5 min

Nous sommes entrés dans l’ère des prises de conscience. Nous avons cru à la fin des conflits et la défense, trop longtemps, a été utilisée comme une variable d’ajustement.

Aujourd’hui, les menaces se rappellent à nous, plus violentes, plus diverses, plus imprévisibles. Chacun a su prendre ses responsabilités: en Europe, les Etats ont choisi de consacrer à la défense des moyens forts, de trouver des équipements meilleurs et de nouer des partenariats solides.

C’est ce qu’a choisi la France. C’est aussi ce qu’a choisi la Belgique.

Le gouvernement belge a pris la décision de renouveler sa flotte d’avions de combats. C’est une décision importante, car elle sert pleinement l’objectif que nous poursuivons ensemble : renforcer nos capacités de défense en Europe.

La France et la Belgique sont déjà des partenaires unis. Nous combattons sur les mêmes théâtres, où nous luttons ensemble contre le terrorisme. Nos armées de l’air travaillent ensemble, notamment pour la police de l’air de l’OTAN. Nos soldats, nos pilotes, nos marins opèrent ensemble et la France n’oubliera pas la présence de la frégate Léopold aux côtés du Charles de Gaulle en des jours décisifs.

Quand la Belgique a voulu renouveler sa flotte d’avions de combats, la France devait répondre. Elle devait répondre par une offre ambitieuse, durable, utile à nos deux pays comme à l’Europe. C’est ce que nous avons fait en proposant à la Belgique une offre simple : honorer sa demande d’avions de combat tout en lui proposant un partenariat plus large.

« Un accès sans restriction aux technologies »

Honorer la demande de la Belgique, c’est lui proposer de se doter d’un avion de combat qui répond parfaitement à ses besoins et qui a prouvé son efficacité et sa fiabilité dans tous les domaines d’emploi. C’est aussi proposer à la Belgique une maîtrise effective de cet avion par l’accès sans restrictions aux technologies.

Quant au partenariat large, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire, sur l’ensemble des activités des forces aériennes, accroître la coopération opérationnelle entre nos armées par des entraînements communs, de la préparation opérationnelle conjointe, des échanges dans le domaine du renseignement et de la formation. C’est permettre aux pilotes belges de s’entraîner dans l’espace aérien français et de partager nos infrastructures. C’est travailler ensemble sur les systèmes de combat aérien du futur et de chercher les meilleures stratégies aériennes pour vaincre le terrorisme.

Le partenariat que la France propose est non seulement profitable mais, en plus, il est parfaitement sûr juridiquement. Pour le renouvellement de ses avions, la Belgique n’a en effet pas recouru à un appel d’offres classique en s’adressant à des entreprises : elle a demandé aux Etats des propositions. Cette formule, prévue par le droit belge et européen, laisse à la Belgique toute latitude pour examiner les offres faites par les Etats dans le cadre du processus irréprochable engagé sous la conduite du ministre de la Défense, Steven Vandeput, tout en négociant en même temps avec la France sur des fondements plus larges.

A l’issue, elle pourra choisir librement la solution qui lui paraîtra la meilleure à l’aune de ses besoins et de ses intérêts. Le gouvernement belge a d’ailleurs indiqué explicitement, dans le texte même transmis aux Etats, que sa responsabilité juridique était exclue et qu’interroger les Etats ne signifiait en aucun cas s’engager à conclure un accord avec eux. Il n’y a donc ni obstacle, ni risque juridique pour la Belgique à engager cette discussion pour un partenariat avec la France.

Un partenariat économique

Malgré cela, j’entends encore souvent une question : pourquoi alors ne pas s’être contentés de répondre très strictement à la demande de la Belgique ? Je répondrais par une autre question : pourquoi priver la Belgique d’une solution sûre et avantageuse ? Pourquoi la priver d’un partenariat porteur d’avenir pour une Europe de la défense que nos deux pays appellent de leurs vœux ? Pourquoi priver la Belgique d’un partenariat créateur de retombées économiques majeures ?

Car le partenariat que propose la France n’est pas seulement un partenariat stratégique pour nos armées, c’est aussi un partenariat économique et technologique. La Belgique a des capacités industrielles exceptionnelles dans le domaine aéronautique et spatial, mais aussi dans les technologies de pointe telles que l’électronique ou les matériaux composites. C’est toute cette industrie du Nord et du Sud du pays qui serait mise à contribution dans le cadre du partenariat que la France propose.

Depuis plus de 50 ans, les entreprises de l’équipe Rafale, sont fortement implantées en Belgique avec des usines, des centres de recherche et un réseau de 800 entreprises partenaires. Le partenariat que propose la France, ce sont aussi plus de 150 sociétés belges qui ont déjà été approchées et une centaine de projets industriels ou technologiques pour un montant de 4 milliards d’euros.

Plus que la livraison d’appareils, l’offre de partenariat que fait la France, ce sont des contrats pour les entreprises belges, de l’activité pour l’industrie et des emplois en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles.

La proposition française est ambitieuse. Elle ouvre la porte des avancées technologiques, à la valorisation du tissu industriel belge et à des emplois. Elle permet une défense optimale pour la Belgique et un grand pas pour la défense de l’Europe. Alors, je propose à la Belgique d’examiner ce partenariat, de le négocier si elle le souhaite et de choisir sereinement, au final, la meilleure offre au regard de ses besoins.

 

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