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Sommet de Singapour : 70 ans d’hostilité entre les deux Corées résumés en cartes

Le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, mardi, vise à mettre fin à une longue série de conflits, escarmouches et coups de pression depuis 1947 entre la Corée du Nord et ses voisins.

Par  et

Publié le 07 janvier 2016 à 18h45, modifié le 11 juin 2018 à 16h22

Temps de Lecture 5 min.

Des soldats envoyés par l’ONU à quinze kilomètres au nord de Séoul, le 3 janvier 1950, pendant la guerre de Corée.

A l’occasion du sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, mardi 12 juin à Singapour, nous republions une version actualisée de cet article initialement publié en janvier 2016.

Au début de 2016, il y avait eu l’essai présenté comme celui « d’une bombe H » et d’une fusée. Puis il y a celui du 3 mars, juste après le vote par l’Organisation des Nations unies (ONU) de sanctions alourdies contre Pyongyang, pendant lequel la Corée du Nord a effectué six nouveaux lancés de fusées ou missiles en mer du Japon. Celui du 30 juillet 2017, quand Pyongyang a annoncé avoir testé un missile capable de toucher « tout le territoire américain », mais aussi l’Europe. Puis deux missiles tirés au-dessus du Japon, le 29 août, le 15 septembre et le 29 novembre.

Cet épisode ressemble bien à une nouvelle tentative d’intimidation de la part du régime de Kim Jong-un qui tire régulièrement des missiles au gré de la situation internationale. Il apparaît comme le dernier en date d’une longue série de conflits, d’escarmouches et de coups de pression depuis 1947 entre la Corée du Nord et ses deux voisins.

Une série funeste à laquelle compte mettre fin le président américain, Donald Trump, qui rencontrera Kim Jong-un à Singapour le 12 juin, lors d’un sommet inédit.

1. Pourquoi la nation coréenne est-elle divisée en deux Etats ?

La Corée en tant qu’Etat se forme très tôt, des regroupements de tribus sont attestés deux millénaires avant notre ère, mais c’est à partir du XIVe siècle qu’un Etat fort et administratif naît dans la péninsule, après la fin de la domination mongole. A la faveur d’un affaiblissement de l’Etat à la fin du XIXe siècle, la Corée devient un enjeu entre les puissances japonaise et chinoise.

Carte de l’expansion de l’empire japonais.
  • La colonisation japonaise au XXe siècle

Après un traité de protectorat en 1905, qui lie Corée et Japon, le voisin nippon commence sa colonisation « légalisée » par un traité d’annexion en 1910. L’occupation et la colonisation brutale de la Corée par les Japonais sont marquées par l’expropriation des paysans, l’exploitation économique et une politique de promotion de la culture japonaise. Cette occupation provoque des attentats et des révoltes, comme celle de 1919, dont la répression aurait fait plusieurs milliers de morts.

Le colonisateur cherche à faire de la Corée son réservoir de ressources ou de main-d’œuvre, mais aussi de cobayes médicaux humains, d’esclaves et de prostituées (les « femmes de réconfort » coréennes « fournies » aux troupes japonaises, en particulier durant la seconde guerre mondiale).

  • La seconde guerre mondiale

Fédérée autour du communiste Kim Il-sung (grand-père de Kim Jong-un), la résistance enregistre des succès face à l’occupant japonais. Tant et si bien que cette activité sur le terrain vaut au gouvernement provisoire en exil (nationaliste et libéral) d’obtenir des Alliés l’indépendance de son pays à l’issue de la seconde guerre mondiale.

A la fin de la guerre, et avec la capitulation des Japonais, les Soviétiques prennent pied dans le nord de la Corée dès le début du mois d’août 1945. Les Américains arrivent un mois plus tard par le sud et installent un gouvernement militaire à Séoul. Ce faisant, ils maintiennent en place l’administration héritée de la colonisation japonaise. L’Union soviétique occupe le Nord, les Etats-Unis le Sud, de part et d’autre du 38e parallèle.

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Une résolution de l’ONU impose des élections libres dans le pays en 1947. Dans le Sud, ces élections portent au pouvoir l’ancien chef du gouvernement provisoire, le nationaliste libéral Syngman Rhee. La décision internationale n’est pas reconnue par l’URSS, qui n’organise pas ces élections de son côté de la frontière. Le 19 juillet 1948, la République populaire démocratique de Corée est proclamée, avec Pyongyang pour capitale.

  • La guerre de Corée

Après de nombreux incidents le long de la frontière précaire, située sur le 38e parallèle, le Nord prétexte une incursion du Sud pour faire traverser la ligne à des milliers de soldats le 25 juin 1950. Le 28 juin, après trois jours de combats, Séoul tombe.

Alors que l’URSS pratique la politique de la « chaise vide » à l’ONU, l’organisation condamne l’attaque et envoie une force de seize pays, dont le commandement est assuré par les Américains. Le 7 octobre, tout le terrain perdu par le Sud a été repris, et les forces de l’ONU traversent le 38e parallèle à leur tour.

Alors que toute la péninsule est presque entièrement conquise, la Chine intervient, envoie des troupes de « volontaires » et fait reculer celles envoyées par l’ONU. Les positions se figent autour du 38e parallèle à partir de juillet 1951.

Cette carte animée représente les mouvements de troupe lors de la guerre de Corée entre 1950 et 1953 entre quatre phases, patientez 4 secondes pour passer à l'étape suivante

2. Pourquoi les deux Etats coréens sont-ils toujours en guerre ?

En juillet 1953, les deux années de négociations, et de guerre de position sur le terrain, entre Nord et Sud se soldent par un simple armistice, avec un très léger gain territorial pour le Sud. L’armistice étant une simple décision politique, les deux Etats sont toujours officiellement en guerre, tant qu’une paix ou qu’une capitulation n’a pas été signée.

A ce titre, malgré la création de la zone coréenne démilitarisée entre les deux Etats, en 1953, les escarmouches ont été nombreuses en soixante-six ans. On peut citer l’envoi par le Nord d’équipes de guérilla au Sud dès les années 1960, l’organisation d’attentats contre les dirigeants du Sud ou contre le vol 858 de la Korean Air en 1987… Plus récemment, en 2010, le Nord a bombardé l’île de Yeonpyeong, qui avait déjà été le théâtre d’affrontements navals en 1999 et 2002.

La carte des escarmouches entre les deux Corées.

3. Comment la Corée du Nord a-t-elle obtenu l’arme nucléaire ?

Dès les années 1950, la péninsule coréenne est largement nucléarisée, côté Sud, par les Américains qui pointent des missiles vers le Nord. Ils seront retirés à partir des années 1970. Pyongyang, elle, n’en dispose pas avant le lancement de son programme nucléaire clandestin en 1998.

C’est une filière pakistanaise, liée à l’ingénieur Abdul Qadeer Khan, qui est soupçonnée d’avoir fourni à la Corée du Nord les plans, et de l’aide, pour mettre au point la bombe A. Le père de la bombe pakistanaise a par ailleurs reconnu en 2004 avoir coopéré avec Pyongyang et Téhéran pour mettre sur pied leurs programmes nucléaires.

Malgré cette suite d’escarmouches, de hausse de la tension entre les deux Etats, les Coréens tentent, timidement, de revenir sur le chemin de la réunification. Depuis le 15 juin 2000, Séoul et Pyongyang ont admis qu’il faudrait « œuvrer ensemble pour la réunification », et l’ont réaffirmé en 2007.

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