Affaire Grégory: maintien en détention requis contre les époux Jacob
La décision est tombée. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a étudié ce mardi le cas de Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory Villemin. La justice a décidé de remettre en liberté les deux septuagénaires, qui avaient été mis en examen pour "enlèvement" et "séquestration suivie de mort" dans cette affaire datant de près de 33 ans. Ils sont tous les deux placés sous contrôle judiciaire, et vont être domiciliés séparément pour éviter toute concertation. Ils ont également l'interdiction d'entrer en contact.
"La chambre de l'instruction a entendu nos arguments"
"La chambre de l'instruction a entendu nos arguments sur la faiblesse des charges", s'est réjouit Me Stéphane Giuranna, avocat de Marcel Jacob, au sortir du palais de justice. Il a de plus annoncé que les époux Jacob ont "une interdiction absolue de communiquer avec les médias", l'obligation d'être "domiciliés séparément en dehors des Vosges" et de "pointer à la gendarmerie". Ils restent tous les deux mis en examen.
Pendant près de trois heures, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a entendu toutes les parties. Une audience à huis clos en présence de la présidente de la chambre et de ses deux assesseurs. Les cas des deux mis en examen ont été étudiés successivement. D'abord celui de Jacqueline Jacob puis celui de son mari, Marcel. A chaque fois, le procureur général a réclamé le maintien en détention provisoire des deux mis en cause.
"Il a estimé que cette décision s'avère nécessaire au regard de l'efficacité des investigations", avait indiqué Thierry Moser, l'avocat des parents du petit Grégory.
Poker menteur
Ce dernier a lui aussi plaidé en ce sens et avait émis le souhait que le couple soit maintenu en prison. Les époux Jacob avaient été placé en détention pour éviter, notamment, qu'ils se concertent ou qu'ils exercent des pressions. "Les éléments rassemblés dans les dernières semaines sont consistants, concordants, significatifs et très troublants pour le couple Jacob", a détaillé Me Moser, qui ne souhaite pas dévoiler le fond du dossier. Des éléments pourtant déterminants sur lesquels repose cette partie de poker menteur entre les différentes parties.
Pour les avocats, cela fait 32 ans que le couple a pu se forger un alibi, avancent-ils ironiques. "Je reste sur ma faim, il n’y a pas plus d’éléments dans ce dossier, avait attaqué Me Stéphane Giuranna, l'avocat de Marcel Jacob. J'ai essayé de déceler dans le dossier ce qui pouvait lui être reproché." Lors de l'audience, son "client a hurlé son innocence". "Si la chambre respecte les textes, la faiblesse de l’instruction, et traite ce dossier comme les autres, mon client devrait être remis en liberté", avait-il insisté.
"Ma cliente n'a pas écrit cette lettre, on est simplement sur des possibilités", a scandé ce mardi après-midi Me Gary Lagardette, parlant de "scandale" si sa cliente devait rester en prison. Les deux avocats ont assuré qu'ils déposeraient un pourvoi en cassation si une décision en ce sens était prise.
Contradicitons
Marcel et Jacqueline Jacob sont suspectés d'être les corbeaux qui avaient envoyé des lettres malveillantes et multiplié les coups de fil à la famille Villemin avant la mort de Grégory le 16 octobre 1984. Marcel Jacob, le frère de la grand-mère paternelle du petit garçon, et sa femme sont également soupçonnés de taire des éléments sur le meurtre. Ces arrestations surprise ont relancé l'affaire.
Ce rebondissement dans cette affaire criminelle jamais résolue repose, selon le parquet, sur des avancées de l'enquête ayant permis de relever des contradictions dans les déclarations du couple, dans leur récit et dans leur emploi du temps. Placé en garde à vue mercredi dernier, lors des auditions les deux époux ont fait valoir leur droit au silence. Jacqueline Jacob s'étant montré très véhémente allant jusqu'à cracher sur les gendarmes de la section de recherche de Dijon.