Les discussions visant à conclure un premier accord mondial sur les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l'aviation se sont mises en branle, cette semaine, à Montréal, pendant que des groupes environnementaux dénonçaient la proposition, qu'ils jugeaient trop mince.

Des délégués de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) des Nations unies devront décider, d'ici deux semaines, s'ils approuvent un programme qui rendrait l'industrie carboneutre après 2020 et qui verrait une réduction de moitié des émissions nettes d'ici 2050 par rapport à leur niveau de 2005.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a estimé qu'une approbation des 191 pays qui participent à l'OACI serait une réalisation significative et enverrait un solide signal à d'autres secteurs qui étudient leur empreinte environnementale.

«Je crois que cela va donner le ton parce que si tout va aussi bien que nous l'espérons, cela donnera un élan à toutes les autres facettes de l'accord de Paris», a-t-il déclaré mardi aux journalistes, avant de s'adresser à l'assemblée.

L'aviation internationale a été exclue de l'accord sur les changements climatiques de Paris, conclu l'an dernier par près de 200 pays, incluant le Canada.

Avec l'Australie, qui a donné lundi son appui au programme de l'OACI, 59 pays représentant environ 80 pour cent des vols internationaux ont accepté de se joindre au plan, qui a été allégé et propose dorénavant une participation volontaire pendant ses cinq premières années.

Cependant, plusieurs grands pays en développement, incluant l'Inde, la Russie et le Brésil, ont exprimé des inquiétudes.

Même avant le début des discussions, prévu mercredi, le président du conseil de l'OACI, Olumuyiwa Benard Aliu, a prédit que la proposition allait être acceptée.

«Nous pouvons déjà dire que nous avons réussi», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

Les efforts pour limiter les émissions de gaz carbonique s'ajoutent à d'autres initiatives visant à améliorer la technologie des avions, les mesures opérationnelles dans les aéroports et augmenter l'utilisation de carburants moins polluants.

L'aviation représente deux pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais certaines analyses estiment que le volume de transport aérien devrait doubler d'ici 2030 pour atteindre plus de six milliards de passagers.

Selon une association représentant l'industrie internationale du transport aérien, une entente pourrait être approuvée d'ici quelques jours ou au début de la semaine prochaine.

«Il y a un sérieux élan derrière cela», a souligné le chef de la direction de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac.

Même si elle avait préféré un système obligatoire, l'IATA croit qu'un système progressif avec une composante volontaire était le prix à payer dans un processus d'approbation politique.

Les mesures contre les émissions devraient coûter à l'industrie aérienne entre 9 milliards $ US et 25 milliards $ US d'ici 2035, selon le coût du carbone. Dans le pire des cas, ces coûts représentent environ un pour cent des revenus des transporteurs. Chaque ligne aérienne déterminera, en fonction de sa structure de coûts, quelle partie de ce montant sera retransmise aux passagers.

Des groupes environnementaux qui manifestaient à l'extérieur du site de la rencontre de l'OACI, mardi, faisaient valoir que la proposition n'allait pas assez loin pour avoir un impact sur le réchauffement de la planète.

«Ce qu'ils proposent, en ce moment, manque d'ambition et survient trop tard», a estimé Patrick Bonin, de Greenpeace Canada.

Il déplore notamment le fait que le système permette aux lignes aériennes d'utiliser des systèmes de compensation pour réduire leurs émissions.

À moins que tous les pays se joignent au système de l'OACI, M. Bonin estime que la proposition débouchera sur une mosaïque de systèmes qui fera en sorte qu'il sera difficile pour le secteur de l'aviation de respecter l'accord de Paris.

«Le secteur de l'aviation s'en sort depuis des décennies sans aucune règle ou réglementation, alors il serait temps pour les pays de s'y attaquer sérieusement, et le Canada devrait être un leader.»